Je suis déçu par nos hommes et femmes politiques. Plus spécifiquement, je suis déçu par leur manque de considération pour les enjeux écologiques. Je suis déçu par le manque de moyens mis en œuvre pour la création d’un projet de société dont le mot d’ordre serait « Développement durable ». Est-ce une idée reçue ? Est-ce vraiment le cas pour l’ensemble des hommes et femmes politiques actuels ? Le développement durable est-il un enjeu politique majeur ?
« Défi-Écologique : le blog de la faune et de la flore » est un site qui diffuse gratuitement des articles rédigés par un naturaliste de longue date : Grégoire Llorca. Avec Julien HOFFMANN, Fondateur du blig, ils souhaitent faire intervenir des experts d’horizons variés, afin d’apporter à leurs lecteurs « un contenu unique et de haut niveau ». Ils ont publié un article nommé « Le développement durable est-il un enjeu politique majeur ? » dans lequel CDURABLE.info est cité comme une référence incontournable sur le sujet. Nous souhaitons donc faire découvrir ce blog à nos lecteurs en publiant cet article sur CDURABLE.info– Par Grégoire Llorca pour le blog.defi-ecologique.com
Je ne suis pas un analyste politique ou un journaliste de haut-vol. Pour répondre à ces questions, j’utilise des outils de marketing. Ils nous permettront d’analyser l’association entre cinq candidats à la présidentielle et la notion de développement durable, à travers diverses statistiques.
Ce que vous allez apprendre
– Quelle branche de l’écologie intéresse le plus les internautes français – Quelle est l’importance du développement durable pour les candidats à l’élection présidentielle – Quelle est son importance pour les internautes – Comment le gouvernement se sert d’internet pour sensibiliser les citoyensProverbe Arabe
Qui veut faire quelque chose trouve un moyen ; qui ne veut rien faire trouve une excuse.
L’écologie sur internet
Avant de se lancer dans cette étude, il était nécessaire de déterminer quelle branche de l’écologie intéresse le plus les internautes. Afin de le savoir, j’ai choisi de comparer 50 termes différents. Le terme ayant plus grand volume de recherches sur Google a été retenu.
Mes outils de marketing
Lorsque l’on évoque les statistiques, il convient de prendre en compte le contexte.
– Toutes mes recherches ont été effectuées sur la base de données publiques. – Les outils utilisés ne sont pas tous gratuits. – J’essaye de fournir les sources les plus précises possibles. – Les statistiques concernant Google sont limitées à son moteur de recherche français, www.google.fr. – Ces statistiques datent du 08 Février 2017.Les conclusions de cet article sont limitées à l’observation des contenus accessibles en ligne. Ces contenus ne sont peut-être pas représentatifs de l’ensemble des données concernant le lien entre les personnalités politiques françaises et le développement durable.
Les 10 mots-clés liés à l’écologie les plus recherchés sur Google France
Note : ces volumes de recherche prennent en compte l’orthographe exacte utilisée par les internautes, accents, majuscules et fautes d’orthographes compris.
Mot-clé | Moyenne de recherches mensuelles |
développement durable | 33 100 |
eolienne | 22 200 |
réchauffement climatique | 14 800 |
developpement durable | 12 100 |
environnement | 12 100 |
biodiversité | 09 900 |
développement | 08 100 |
ecologie | 06 600 |
climat | 06 600 |
developpement | 06 600 |
Le développement durable semble être le sujet lié à la protection de l’environnement qui intéresse le plus les internautes français. Je suis curieux de mesurer son importance aux yeux des hommes et femmes politiques les plus présents sur Internet.
Ceci n’est pas le site de l’INSEE. Veuillez garder à l’esprit le fait que ces statistiques sont données à titre informatif, je ne prétends en aucun cas avoir les moyens nécessaires à l’élaboration d’une étude statistique dénuée de tous biais. Si la méthode utilisée vous pose problème ou si vous avez des suggestions pour l’améliorer, n’hésitez pas à utiliser la section de commentaires prévue à cet effet, en pied d’article.Les candidats à la présidentielle
Je dois préciser que je voulais limiter cette étude à la comparaison de cinq personnes. J’ai tenté de déterminer les candidats les plus en vogue sur la toile, mais j’ai rencontré un problème avec François Fillion, qui défraye la chronique et qui semble incertain pour la présidentielle.
Finalement, j’ai arbitrairement choisi de l’exclure. J’ai choisis, à la place, d’inclure Yannick Jadot, car je désirais avoir au moins un membre du parti Europe Écologie Les Verts dans l’étude, pour une question de contexte.
Présentation
Emmanuel Macron – Facebook – Twitter En marche
Ministre de l’économie
Marine Le Pen – Facebook – Twitter Front National
Députée Européenne
Benoît Hamon – Facebook – Twitter Parti socialiste
Député et conseiller régional
Jean-Luc Mélenchon – Facebook – Twitter La France insoumise
Député Européen
Yannick Jadot – Facebook – Twitter EELV
Député Européen
Données
La notion de présence (ou visibilité) sur Internet a été déterminée en utilisant l’outil Google Trends. J’ai comparé les moyennes d’intérêt sur les 3 derniers mois, en France.
En date du 08 Février 2017, nous pouvons constater le peu d’intérêt (moyenne de 1) que suscite le candidat du parti EELV. Est-ce représentatif d’un manque d’importance de l’écologie au niveau politique ?
Pas forcément. En termes de visibilité, Emmanuel Macron l’emporte haut la main, puisqu’il est six fois plus populaire que le second, Benoît Hamon.
De manière générale, ces résultats sont faibles. A titre de comparaison, le « Whisky » (moyenne de 21) est plus populaire que Macron et « Nabilla » (moyenne de 15) est plus populaire que les quatre autres réunis.
Développement durable et politique selon Google
L’un des meilleurs moyens pour connaître l’importance d’un sujet sur Internet, consiste à compter le nombre de résultats retournés par une recherche sur Google. Pour la prochaine étape de notre analyse, comparons le nombre de fois où chaque participant est associé au développement durable.
Afin d’avoir un aperçu le plus représentatif possible, il est nécessaire de comparer ces résultats au nombre de résultats retournés pour le nom et prénom de chaque participant, sans aucun autre ajout, puis de faire des pourcentages. En effet, tous n’ont pas la même présence sur Internet et un total brut ne serait pas significatif.
Participant | Résultats individuels | Associations avec le développement durable |
Emmanuel Macron | 16 000 000 | 187 000 |
Benoit Hamon | 1 020 000 | 181 000 |
Marine Le Pen | 3 500 000 | 238 000 |
Jean-Luc Mélenchon | 835 000 | 102 000 |
Yannick Jadot | 658 000 | 54 100 |
Le candidat du PS l’emporte haut la main. Il est donc la personnalité politique la plus souvent associée au développement durable sur Google, parmi nos participants.
On notera notamment qu’Emmanuel Macron est, quant à lui, loin derrière. En considérant le fait qu’il est clairement le plus médiatisé de notre sélection, j’aurai apprécié qu’il profite de sa forte exposition pour débattre plus intensément d’un sujet aussi important.
Notons également la faible troisième place de Yannick Jadot. On pouvait s’attendre à ce que le candidat EELV soit plus présent sur ce front. Il semblerait pourtant que le développement durable soit une part très importante de son programme. Pourtant, ce terme n’est présent que sur une seule page de son site.
Bien sûr, ces statistiques ne se limitent pas qu’à la présence de ce terme sur les sites officiels de campagne. Surtout si l’on prend en considération le fait que Benoît Hamon, qui culmine à 17% de son contenu en ligne lié au développement durable, n’utilise ce terme que deux fois sur son site.
Après tout, ils ne sont que partiellement responsables des sujets auxquels les journalistes préfèrent les associer.
Sur Facebook
Par opposition aux résultats de Google, la seule et unique personne responsable de ce que publie une page Facebook est l’auteur de la page en question.
Afin de voir quelle est l’importance du développement durable dans le discours de nos hommes et femmes politiques sur les réseaux sociaux, j’utilise l’outil FanPageKarma. Les données sont analysées sur les 12 derniers mois.
Cet outil permet de générer un rapport des mots les plus utilisés sur une page Facebook. Bien que cela permette une comparaison intéressante, j’aurais préféré une mesure plus précise. Je n’ai pas trouvé d’outil capable de limiter mes recherches à l’utilisation du terme « Développement durable ». Si vous avez accès à un tel outil, pourriez-vous nous en faire part dans les commentaires ?
L’avantage, c’est que l’analyse ne se limite pas au seul mot choisi précédemment. Nous pourrons ainsi comparer les mots directement utilisés et choisis par les principaux concernés.
Emmanuel Macron
Aucun mot lié à l’écologie n’est régulièrement utilisé par le candidat le plus médiatique. Ces données confirment ce que nous avons pu observer à travers les résultats Google : Emmanuel Macron ne met que rarement sa notoriété au profit du développement durable.
On peut également noter que les mots qu’il utilise le plus son ceux qui suscitent le moins de réactions.
Marine Le Pen
La présidente du FN semble parler principalement… d’elle-même ! Ce qui suscite par ailleurs de nombreuses réactions.
Autrement, un champ lexical qui parle beaucoup de géographie et d’évènementiel, mais toujours pas l’ombre d’un thème écologique.
Jean-Luc Mélenchon
Au vu de tout ce vert, le député européen semble être le champion lorsqu’il s’agit de provoquer des réactions sur Facebook.
On peut voir qu’il utilise beaucoup de verbes d’action, invitant ses followers à se mobiliser. Néanmoins, il semble plus concerné par les médias que par le développement durable.
Yannick Jadot
On ne retrouve quasiment aucun terme lié à l’écologie, au sens très large. La mention de Fessenheim nous évoque le développement durable, mais c’est bien parce que je suis frustré de ne pas avoir trouvé mieux que je le souligne.
De manière générale, Yannick Jadot varie beaucoup les sujets et il n’y a pas de mot-clé qui se dégage particulièrement des autres. Peut-être qu’une prise de position un peu plus claire permettrait d’estimer plus clairement le poids du développement durable dans ses publications ?
Benoît Hamon
Parmi nos cinq candidats, il est le plus souvent associé au développement durable par Google. Et pour cause !
Nous trouvons enfin un candidat qui parle d’écologie sur les réseaux sociaux. Il semblerait même que le sujet génère des réactions de la part des lecteurs !
Bien entendu, il n’est pas question de s’enflammer non plus, puisque le développement durable est, d’après ces extraits, un sujet toujours moins abordé que l’organisation de la gauche à l’aube des élections.
Ce sujet intéresse-t-il les internautes ?
Pour considérer l’importance d’un sujet, sur Internet, ce qui compte c’est le nombre de lecteurs. Quelle que soit la quantité de contenu, s’il n’est pas lu on considère généralement qu’il n’a aucune valeur.
Sur les réseaux sociaux
Grâce à l’outil BuzzSumo, je peux trouver des statistiques concernant le nombre de partage d’articles sur les réseaux sociaux.
Pour chaque participant, j’ai fait une recherche sur les articles parlant d’eux et de développement durable.
Pour chacune des personnes présentées, le grand total d’article partagés à propos du développent durable est un zéro pointé !
En comparaison, les dix articles les plus populaires à propos de Benoît Hamon et du revenu universel totalisent plus de 10 000 partages. Autre exemple, les articles à propos de Marine Le Pen et du racisme cumulent un petit millier de partages sur les réseaux sociaux.
Sur Google
J’ai fait une recherche afin de connaître exactement combien d’internautes interrogent Google à propos de leurs personnalités politiques favorites et de leurs liens avec le développement durable.
La réponse est simple : aucun.
J’ai cumulé les requêtes de types « Emmanuel Macron développement durable », « Benoît Hamon recyclage » ou encore « Marine Le Pen écologie ». Le volume de recherches moyen est systématiquement le même : un zéro pointé, encore une fois.
Qu’est-ce que ça signifie ?
Il y a, en moyenne, presque un million de recherches effectuées chaque mois pour l’ensemble de ces cinq participants.
Sur l’ensemble de ces recherches, il semblerait que, chaque mois, moins de cent internautes s’intéressent au rapport entre nos hommes et femmes politiques et le développement durable. Quels sont leurs projets ? Quels problèmes proposent-ils de résoudre ? Il semblerait que ce ne soit pas sur Internet que se trouvent les réponses à ces questions.
A titre de comparaison, il y a plus de mille internautes qui se demandent qui est la femme de Jean-Luc Mélenchon. Chaque mois.
Saint-Augustin Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme.
Et le gouvernement actuel, dans tout ça ?
Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer
Le site officiel du développement durable n’aide pas à sensibiliser les citoyens aux problématiques actuelles ou futures !
J’avais envie de fournir une analyse technique rigoureuse pour comprendre vraiment l’impact de cet outil de communication de premier ordre. Mais il n’est pas nécessaire de s’enfoncer dans les détails pour comprendre les gros problèmes qu’il soulève.
Les différents points ci-dessous illustrent un gros manque de maitrise et de réflexion de fond. Le gouvernement devrait être le premier acteur du développement durable et pourtant sa propre vitrine ne respecte pas certaines règles essentielles.
– Énergies vertesSur la page d’accueil, nous pouvons voir que la transition énergétique est la première priorité du gouvernement. Peut-être devraient-ils commencer par leur site ?
– AccessibilitéL’Ad’AP est un engagement dont le but est d’améliorer l’accessibilité des lieux publics aux personnes en situation de handicap.
Mais ces problématiques sont connus depuis des années. Développement durable rimant avec avenir, je m’attendais à une campagne axée sur le web également. Et pourtant, le site officiel du gouvernement comporte de nombreuses infractions aux règles d’accessibilité sur le web.
– SensibilisationPour tout site internet, générer du trafic est d’une importance capitale. Un site mort, c’est de l’énergie, du temps et de l’argent gaspillés.
Si cette plateforme semble très visitée, la raison principale de visite des internautes est l’obtention d’un certificat « Crit’Air ».
Pour résumer, la majorité des visites sur ce site n’ont rien à voir avec une sensibilisation au développement durable, ce sont principalement des automobilistes cherchant à acquérir une vignette Crit’Air et des employés du ministère qui ont oublié le lien de leur boite mail, Melanie2Web.
Il est également très intéressant de constater que le gouvernement paye pour être en haut des résultats de recherche pour la requête « Développement durable », alors qu’ils sont naturellement en troisième position.
Et ce qui m’amuse particulièrement, en tant que web-marketeur, c’est qu’ils paient également pour une requête uniquement constituée de leur nom de domaine. Sans vouloir entrer dans les détails techniques, je n’avais jamais vu ça.
Cet argent complètement gaspillé pour un référencement payant est l’inverse d’une stratégie développée durablement. C’est pire encore que de l’amateurisme, puisque les développeurs web amateurs font généralement attention à leurs retours sur investissement. En plus de ça, dépenser de l’argent pour 0.18% du trafic n’a vraiment aucun intérêt.
Par ailleurs, nous pouvons aussi noter que les liens qu’ils partagent sur Facebook renvoient sur des pages introuvables.
Pour résumer, aucune stratégie consistante n’est mise en place sur le web pour sensibiliser les citoyens aux problématiques et solutions du développement durable.
– Le numériqueVous avez pu le constater, l’utilisation du numérique par le gouvernement laisse à désirer.
Mais c’est pire encore lorsqu’ils organisent une campagne dont le but est réellement de sensibiliser le public !
1 heure 40 de vidéo, des commentaires assassins, aucun lien à cliquer et aucune action possible plus tard, nous ne savons toujours pas ce que nous aurions dû apprendre.
Si la communication du ministère sur Facebook présente de nombreux problèmes de format, nous pouvons constater que sur le fond, au moins, ils ne sont pas hors-sujet !
Une telle quantité de vert indique un engagement certain de la part des lecteurs. Le développement durable génère donc des réactions et des signaux sociaux !
Alors que Macron ou Le Pen engrangent beaucoup de visibilité, comme nous l’avons vu précédemment, au final ils n’ont que peu de réactions de lecteurs. Car parler d’évènements ou parler de soi n’amène que peu de controverse ou de débat.
– Les initiatives citoyennesDEFI-Écologique a longtemps cherché les appels à projet du gouvernement, surtout ceux qui concernent la biodiversité.
Ressortissants de l’ESS et travaillant dans la protection de l’environnement, nous nous attendions à avoir trop d’informations et d’options sur ce site. Ce n’est pas le cas.
L’encouragement aux initiatives de citoyens semble se limiter à « GreenTech verte » (qui est donc doublement verte, ça promet). Un réseau d’incubateurs qui semble n’avoir aucun site officiel et pour lequel les exemples concrets ne s’accumulent même pas à 5000 abonnés. L’un d’eux, « Bio Sentinelle », n’existe même pas sur Google.
En résumé
Le développement durable ne semble malheureusement pas être un sujet très débattu par les hommes et femmes politiques français, sur Internet. Nous avons également pu voir que c’est un sujet qui suscite peu d’intérêt de la part des internautes. Est-ce parce qu’ils ont si peu à se mettre sous la dent ? Ou est-ce que les politiciens adaptent leurs stratégies de communications aux sujets les plus en vogue sur la toile ?