En février 2022, la Ville de Grenoble a choisi de s’appuyer sur la théorie du Donut pour renforcer ses trajectoires de transition et penser le futur de manière transversale. A la croisée des neuf limites planétaires définies par une communauté scientifique internationale et de seize objectifs sociaux, le Donut représente visuellement le double impératif écologique et social qui nous incombe pour permettre à chaque être humain de subvenir à ses besoins fondamentaux dans le respect du vivant et de la planète. Ainsi délimité par un plafond écologique au-delà duquel nous exerçons une pression critique sur le système Terre et un plancher social en dessous duquel nous sommes exposé-es à des privations humaines critiques, se trouve l’espace dit écologiquement sûr et socialement juste pour l’humanité.

La Ville de Grenoble, Capitale Verte de l’Europe en 2022, porte des politiques de transition environnementales et sociales dans tous les champs d’intervention communale.

Pour conduire ces politiques, les acteurs publics sont constamment confrontés au fait que les approches classiques de gestion publique établissent une priorité à la gestion budgétaire, et donc financière, sans pleinement prendre en compte les enjeux environnementaux ou sociaux.
En cela, les travers de la primauté économique qui ont conduit à l’échec du concept de développement durable sont profondément ancrés dans le cadre réglementaire, comptable, ainsi que dans les pratiques managériales des acteurs publics.
Pour dépasser cette aporie, il apparaît nécessaire de renouveler les outils de pilotage et d’aide à la décision. C’est la raison pour laquelle la Ville de Grenoble explore les possibilités du modèle du Donut (Kate Raworth, Doughnut Economics, 2017) pour renouveler les études prospectives et l’analyse des projets d’investissement.

Le Donut permet de représenter visuellement le double impératif environnemental et social nécessaire pour préserver les conditions d’habitabilité de la Terre tout en satisfaisant les besoins fondamentaux de toutes et tous.

D’un diagnostic de territoire à l’analyse des plans et stratégies politiques de la collectivité, en passant par une grille d’analyse de projets, la Ville de Grenoble multiplie les applications de la théorie du Donut pour renforcer ses trajectoires de transition. Ces différentes applications sont expliquées dans le présent rapport.
En appréhendant à la fois l’ensemble des limites planétaires par une vision transversale de l’empreinte environnementale d’une politique ou d’un projet ; et le plancher social au titre de la santé humaine, de la cohésion sociale et de la justice sociale, la grille d’analyse est l’une des applications les plus abouties de la théorie du Donut au sein de la collectivité.
La méthode développée par la Ville de Grenoble a pris pour référence celle de la Métropole de Lyon, le budget vert de l’État, la méthode I4CE et la comptabilité CARE qui sont présentées de manière synthétique dans le rapport.

Les 6 axes d’analyse

Les principaux axes d’innovation sont les suivants :
- la recherche d’un modèle complet permettant une approche holistique de l’empreinte environnementale et de la responsabilité sociale ;
- une intégration du modèle d’analyse au cœur du processus de décision et de priorisation stratégique de la collectivité ;
- une méthode de cotation des projets qui repose sur la contribution des acteurs porteurs des projets par une approche de formation-action và la grille d’analyse.
Les premiers enseignements de la démarche sont les suivants : le portage politique par le Maire, l’Adjoint aux Finances et l’Adjoint à la Prospective a permis de mener la démarche jusqu’à un séminaire stratégique de l’exécutif dédié à la priorisation des projets d’investissement ; la qualité du modèle conçu et l’approche par la formation-action ont par ailleurs permis une appropriation et une adhésion fortes par les agent‑es de la collectivité.

Pour Nathalie Duponchelle🌱- Stratégie RSE et au delà, « le Donut, ce n’est pas un gadget. C’est une nouvelle grammaire pour penser l’avenir. Pas juste une question de “sens”, mais de viabilité.
Et dans un monde où tout déborde, se poser la question : en quoi mon projet/objectif/envie tient dans le Donut ?… c’est peut-être le meilleur réflexe à adopter«