« La plus grande tourbière gelée du monde est en train de fondre », prévient le New Scientist du 11 juillet 2005, qui fait état d’un diagnostic établi récemment par une équipe de chercheurs russes. De retour d’un voyage d’étude en Sibérie occidentale, ces scientifiques ont constaté que, depuis les trois ou quatre dernières années, un grand nombre de lacs peu profonds étaient apparus dans la région. La formation de ces lacs serait causée par la fonte progressive du pergélisol. « Un glissement écologique probablement irréversible et indubitablement relié au réchauffement climatique », explique Sergueï Kirpotin, membre de la délégation.
Le pergélisol de Sibérie occidentale recouvre une tourbière géante de 1 million de kilomètres carrés, soit l’équivalent des territoires français et allemands. « La tourbe génère du méthane, un gaz à effet de serre vingt fois plus puissant que le dioxyde de carbone émis par les automobiles. Pour l’instant, 70 milliards de tonnes de méthane sont retenus par le pergélisol. Mais celui-ci se liquéfie à une vitesse surprenante, et le méthane qu’il contient s’échappe dans l’atmosphère. Les scientifiques craignent donc que le dégel du sol sibérien ne contribue de façon exponentielle au réchauffement de la planète », écrit New Scientist.
Le Nouvel Observateur, quant à lui, rajoute que les chercheurs pensent que le dégel amorcé est irréversible, David Viner, chercheur à l’Unité de recherche sur le climat de l’université britannique d’East Anglia a précisé au quotidien The Guardian : « Quand vous commencez à perturber ce genre de systèmes naturels, vous pouvez aboutir à des situations où (le phénomène) ne peut plus être arrêté. Il n’y aucun frein que vous puissiez utiliser ». Rien de bien rassurant…