L’Alliance pour la Planète fait campagne :
« la publicité peut nuire gravement à l’environnement »
L’Alliance pour la Planète, collectif de près de 80 mouvements,
associations et ONG, milite pour une meilleure et réelle prise en
compte de l’environnement en France. Cette semaine, elle engage son
action « Publicité et environnement » afin que soit limité et contrôlé
l’impact de la publicité sur l’environnement et stoppé l’utilisation
abusive de l’argument écologique :
– à travers le lancement d’un dossier complet sur le site Internet
www.lalliance.fr
– en interpellant les pouvoirs publics et les acteurs professionnels.
Compte tenu de la situation d’urgence écologique actuelle et de la
multiplication des risques graves pour la santé publique due à nos
modes de production et de consommation, l’Alliance pour la Planète
considère quelle est en droit d’exiger des entreprises et des
annonceurs qu’ils respectent la loi et leur propre déontologie en
matière d’environnement. Pour ce faire, un contrôle efficace des
activités publicitaires est nécessaire.
Des pratiques de blanchiment écologique

Or, "La publicité doit exprimer exactement l’action d’un annonceur ou les propriétés de ses produits ou services" (article 1-2.2 des recommandations développement durable), et "si l’effort ne porte que sur un produit ou service ou sur un ou des éléments limités, le publicité ne peut exprimer un engagement total" ((art. 1-2.1)).
De plus en plus de publicités utilisent abusivement l’argument
écologique pour vanter comme "bon pour l’environnement" des activités
et des produits en réalité polluants ou dont le bilan écologique est
négatif. Ces publicités peuvent être abusives voire mensongères, ne
pas respecter la législation, ni même les propres recommandations
écologiques et de développement durable du BVP (Bureau de Vérification
de la Publicité), organisme interprofessionnel d’autodiscipline en la
matière.
Ces publicités, qui ne font souvent que camoufler le peu d’efforts
consentis par beaucoup d’entreprises au regard des enjeux écologiques actuels, montrent par ailleurs leur peu de volonté et d’empressement à adopter un comportement écologiquement responsable. En donnant une image « verte » à des entreprises, des services et des produits qui ne le sont pas, ce "blanchiment écologique" (greenwashing) des activités industrielles et commerciales minimise et banalise la nécessité impérative de changer nos comportements de consommation.
En outre, ce blanchissement participe directement à la désinformation
des consommateurs et contrecarre les efforts importants de
sensibilisation faits en ce sens par les associations, par les
pouvoirs publics (ADEME par exemple) ; il dilue également la démarche
de progrès déjà initiée par quelques entreprises courageuses.

Le texte de cette publicité laisse entendre que le nucléaire constitue l’énergie de demain. Or, d’autres énergies sont développées actuellement, qui, à tous points de vue (rentabilité, risques, emploi, etc.), ont autant d’avenir que l’énergie nucléaire. Le nucléaire est ici placé abusivement en situation de supériorité par rapport aux énergies renouvelables.
– Contrevient à l’article 2-12 des recommandations écologiques du BVP : « Le choix des signes ou des termes utilisés dans la publicité, ainsi que des couleurs qui pourraient y être associées, ne doit pas suggérer des vertus écologiques que le produit ne posséderait pas ».
En montrant le décor de l’île de Pâques, la publicité nous suggère que les énergies d’aujourd’hui nous mènent à la catastrophe, par analogie avec le processus de quasi extinction de la population de l’île de Pâques entre le XIVe et le XVIIe siècle. Pour éviter ça, EDF prépare donc les énergies de demain, autrement dit l’énergie nucléaire. Cette analogie a pour effet de montrer l’énergie nucléaire comme une énergie inoffensive alors qu’il existe de nombreux problèmes environnementaux liés à sa production : déchets radioactifs, pollutions liées à la production de minerais d’uranium, sans oublier les risques inhérents à cette technologie. Sans remonter jusqu’au XIVe siècle et sans aller jusqu’au Pacifique-sud, il suffit de se rappeler 1986 et la catastrophe de Tchernobyl.
L’impact environnemental des publicités ne s’arrête d’ailleurs pas au
contenu de leur message : de nombreuses publicités sont dommageables
pour l’environnement par nature (prospectus, éclairages « énergivores
», paysages dégradés, etc.), voire enfreignent manifestement le code
de l’environnement (affichages publicitaires illégaux, par exemple).
Leurs moyens-mêmes de réalisation peuvent aussi être très polluants :
voyages de repérages, déplacements en avion, prises de vues par
hélicoptère.
Aujourd’hui, l’Alliance pour la planète dénonce le caractère
irresponsable de ces publicités ainsi que l’immobilisme du BVP dans la
régulation de ces activités.
Elle saisit les autorités publiques et demande une réglementation de
l’usage de l’argument écologique, un renforcement radical du système
de contrôle des publicités, la limitation des publicités pour les
produits les plus polluants et les plus « énergivores » ainsi que la
limitation de l’impact des activités publicitaires sur l’environnement.
Pour alerter les pouvoirs publics, l’opinion et le secteur
publicitaire, l’Alliance présente sur son site internet
(www.lalliance.fr) une sélection de publicités concernées et les
commentaires qui démontrent l’abus de l’argument écologique au regard de la loi ou des recommandations du BVP.
Revoir la réglementation, une nécessité

En conséquence, cette publicité ne respecte pas les articles 1-2, 1-3, 2-1, 2-6 des recommandations écologiques du BVP.
L’Alliance pour la planète estime nécessaire la mise en place d’une
règlementation de l’usage de l’argument écologique et d’une limitation
des publicités pour les produits les plus polluants ou les plus «
énergivores ». En effet, en dépit de son rôle affiché de régulateur,
le BVP - une association des professionnels de la publicité -
n’empêche pas de nombreuses publicités de véhiculer un discours
trompeur construit sur l’argument écologique. Les recommandations
faites par le BVP ne sont pas contraignantes pour l’annonceur. Leur
violation n’implique aucune sanction.
De ce fait, l’Alliance pour la planète demande que soit institué un
organisme public indépendant doté de l’autorité et des moyens
nécessaires pour sanctionner les dérives de la publicité en matière
d’environnement.
Cette campagne « Publicité et environnement » est portée par 34
associations, membres de l’Alliance pour la Planète.
Action Consommation
Adéquations
ADOME
Agir pour l’Environnement
Agrisud
Alliance Terre et environnement
Amis de la Terre France
APREIS
Arutam
Association de Coopération Sociétale
Blue Initiative
CNIID
Coeur de Forêt
Collect-IF
EcoForum
Ecolo Café
Ecologie sans frontière
Fondation Nicolas Hulot
France Nature Environnement
Good Planet
Greenpeace France
L’Age de Faire
NégaWatt
Mains d’oeuvre
MDRGF
NégaWatt
Objectif
Bio
Paroles de Nature
Réseau Action Climat (RAC)
Réseau Cheminements
Résistance à lagression publicitaire (R.A.P.)
Syndicat des simples
Tchendukua
WWF-France