Le 22 mars est traditionnellement, avec l’arrivée du printemps, la journée mondiale de l’eau. L’occasion de regarder attentivement l’état de nos ressources aquatiques, miroir de nos actes… et de constater que malgré les beaux discours, la fuite irresponsable devant les pollutions constitue la seule référence du modèle français.
Quand les pollutions diffuses stagnent … Même si elle bénéficie d’un ultime sursis, la France est sur le point d’être attaquée en justice par la Commission européenne, pour la pollution endémique des rivières bretonnes en nitrates. En effet, ces 15 dernières années, l’Etat a favorisé le développement intensif du cheptel breton, au lieu d’encourager sa restructuration. Une impasse qui coûte cher aux contribuables, et nous expose à plusieurs centaines de millions d’euros d’amende et d’astreintes communautaires pour violation d’une réglementation protectrice des usagers datant de 1975. Au final, la France ferme les captages pollués pour s’aligner sur les normes européennes et éviter de résoudre le problème. Même sans captage, les nitrates continueront de se déverser en mer et de provoquer des marées vertes… Si l’état des eaux en 2007 préfigure l’état des eaux en 2015 … Les nitrates polluent la moitié des rivières et nappes du territoire national, les pesticides quasiment toutes les ressources. Les rivières sont hérissées de barrages, destructeurs des milieux aquatiques. Au final, ce sont 80% des masses d’eau françaises qui seront incapables d’atteindre le bon état en 2015, en violation de nos engagements européens [[Le bon état des eaux en 2015 est exigé par la Directive Cadre sur l’Eau.]]. Cette situation est largement due au soutien inoxydable de l’Etat français à une agriculture productiviste, ainsi qu’à une hydroélectricité effrénée. Et les milieux naturels aquatiques, dans tout ça ? L’assainissement pas encore bouclé … L’ensemble des collectivités françaises n’est toujours pas doté d’un assainissement opérationnel, alors qu’une réglementation européenne de 1991 nous l’imposait pour 2005. La France est donc encore en retard. Triste constat, qui là encore, nous expose à de pénibles sanctions européennes. La loi sur l’eau qui ne nous sauvera pas … Une nouvelle loi sur l’eau est péniblement entrée en vigueur après plus de 8 années de débats, loi de consensus et d’affichage, sans réalité opérationnelle. Elle n’a aucune force contraignante, et se contente d’énoncer un principe de gestion équilibrée et durable des eaux, sans aucun outil pour l’appliquer… Par ailleurs, elle privilégie implicitement un principe pollué-payeur, permettant de continuer à encourager économiquement les activités non-conformes au développement durable qu’il faudrait au contraire restructurer. La politique de l’eau est une politique de long terme. En France, cette politique est aux mains des lobbies économiques les plus influents (agricole, hydroélectrique…), pour un profit égoïste de court terme. La France, bien dotée par la nature, gère son eau « à la petite semaine », incapable de transmettre à ses jeunes générations un autre héritage qu’un patrimoine naturel en lambeaux. Triste bilan. A renouveler l’année prochaine ? Voir en ligne : Le site de France Nature Environnement (FNE)– Pour aller plus loin avec le portail eau de l’unesco :
Historique de la Journée mondiale de l’eau L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté le 22 décembre 1992 la résolution A/RES/47/193 qui déclara le 22 mars de chaque année « Journée mondiale de l’eau », à compter de l’année 1993, conformément aux recommandations de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED), exprimées dans le Chapitre 18 (Ressources en eau douce) d’Action 21. Cette résolution invitait les États à consacrer ce jour selon le contexte national, en concrétisant des actions telles que la sensibilisation du public par des publications, des diffusions de documentaires, l’organisation de conférences, de tables rondes, de séminaires et d’expositions liés à la conservation et au développement des ressources en eau et à la mise en œuvre des recommandations d’Action 21.– Pour aller plus loin avec le CNRS :
Y a-t-il un risque de pénurie ? La population mondiale devrait passer de 6 milliards d’individus en l’an 2000, à 8 milliards en l’an 2025. La quantité moyenne d’eau douce disponible par habitant et par an devrait donc chuter de 6 600 à 4 800 mètres cubes, une réduction de presque un tiers. Si parallèlement la tendance actuelle à l’augmentation des prélèvements en eau se poursuit, entre la moitié et les deux tiers de l’humanité devraient être en situation dite de stress hydrique en 2025, seuil d’alerte retenu par l’Organisation des nations unies (ONU) et correspondant à moins de 1700 mètres cubes d’eau douce disponible par habitant et par an. Le risque d’une pénurie d’eau douce existe donc bel et bien. L’un des problèmes majeurs en matière d’eau douce et d’alimentation humaine est posé par l’irrigation, car pour nourrir toute la population de notre planète, la productivité agricole devra fortement augmenter. Alors que l’irrigation absorbe déjà aujourd’hui 70 % des prélèvements mondiaux, une consommation jugée très excessive, celle-ci devrait encore augmenter de 17 % au cours des 20 prochaines années. Le facteur déterminant de l’approvisionnement futur de l’humanité en eau douce sera donc le taux d’expansion de l’irrigation. Autrement dit, seule une nette amélioration de la gestion globale de l’irrigation permettra de réellement maîtriser la croissance de la consommation. Un autre enjeu de taille pour les années à venir est celui de la satisfaction de l’ensemble des besoins en eau potable de l’humanité. Aujourd’hui, déjà un habitant sur cinq n’y a pas accès. Or, selon l’ONU, sur les 33 mégapoles de plus de 8 millions d’habitants qui existeront dans 15 ans, 27 seront situées dans les pays les moins développés et donc les moins à même de pouvoir répondre aux besoins. En outre, même si de légères diminutions de la consommation en eau sont observées depuis quelques années aux États-Unis et en Europe, les prévisions sont alarmistes, avec 40 % d’augmentation de la consommation municipale et domestique dans les 20 ans à venir. Pour tenter d’inverser cette tendance, diverses solutions existent qui permettent de diminuer la consommation en eau et d’en limiter les pertes : améliorer l’efficacité des techniques d’irrigation et surtout généraliser l’usage des méthodes les plus performantes, rénover les structures de production et de distribution d’eau potable et en construire de nouvelles, préserver les réserves, lutter contre la pollution, entre autres en assainissant les eaux usées, recycler l’eau … (Voir le chapitre Préservation). Mais toutes ces mesures demanderont d’énormes investissements et seront donc coûteuses. Ce seront donc les décisions politiques, au niveau national et international, ainsi que les priorités d’investissements des pays et des agences de financement, qui joueront un rôle déterminant dans la gestion future du risque de pénurie d’eau douce à travers le monde. Lire le dossier du CNRS « l’eau douce, une ressource précieuse »– Pour aller plus loin avec l’Hydrotour :
Hydrotour, 6 milliards d’acteurs pour sauver l’eau « Laissez chanter l’eau qui chante. Laissez courir l’eau qui court. Laissez vivre l’eau qui vit, l’eau qui bondit, l’eau qui jaillit. Laissez dormir l’eau qui dort. Mais ne laissez pas mourir l’eau qui meurt ! » Marine Ashraf, 12 ans, collégienne de l’école expérimentale de langue française Naguib Mahfouz à Assouan en Égypte. Hydrotour est le projet de deux frères partis pendant quinze mois, à travers les cinq continents, à la rencontre des « acteurs » de l’eau. Grâce à leur site Internet, Hydrotour.org, de nombreux internautes, dont 1000 jeunes qui participaient à leur jeu-concours, ont pu suivre leurs aventures et leurs découvertes. Pour Loïc et Geoffroy, la réalité de l’eau dans le monde est préoccupante, mais de nombreux citoyens refusent de baisser les bras et se battent au quotidien pour « sauver l’eau qui meurt ». Ce livre leur donne la parole. Plus d’information sur biglo.fr, blog du livre hydrotour, 6 milliards d’acteurs pour sauver l’eau– Pour soutenir un projet humanitaire développant des accès à l’eau potable
En cette Journée mondiale de l’eau, téléchargez ‘idrate‘, un petit logiciel sympa qui s’installe sur votre PC et affiche une bulle. Ce projet suisse vise deux buts : – D’une part, pour votre santé, il vous rappelle de boire régulièrement un verre d’eau. – D’autre part, en cliquant sur cette bulle, à chaque verre bu, idrate verse quelques centimes à un projet humanitaire développant des accès à l’eau potable (le premier projet se trouve en Inde). Un moyen gratuit de soutenir ces projets dans les pays défavorisés (le financement étant assuré par des dons). Voir l’animation