Et si les récits populaires pouvaient devenir des leviers puissants pour engager la société dans la transition écologique ? C’est le pari de l’étude « Des récits & des actes », menée par Place to B et un collectif de chercheurs. L’étude explore comment la culture populaire (films, séries, animation) influence nos représentations de l’écologie et peut (ou non) susciter l’envie d’agir.

Cinq enseignements majeurs de l’étude
Pierre-Henry Dodart, Administrateur de l’État engagé pour la transition écologique tire cinq enseignements majeurs se dégagent de cette étude :
- 1️⃣ Le public a besoin d’émotions positives pour contrebalancer l’anxiété écologique : les récits environnementaux sont souvent perçus comme anxiogènes ou culpabilisants. Pourtant, ce que les spectateurs recherchent avant tout, c’est de la joie, de la surprise, de l’intérêt. Un récit qui effraie sans offrir d’issue peut accentuer le sentiment d’impuissance. Pour être mobilisatrice, une histoire doit toucher sans accabler.
- 2️⃣ L’identification fonctionne mieux quand le récit est ancré dans le réel : lorsque l’intrigue se déroule dans un cadre familier et que les enjeux sont crédibles, le public se projette plus facilement. Le réalisme agit comme un déclencheur d’engagement, car il permet de relier la fiction à des préoccupations concrètes.
- 3️⃣ Les héros ordinaires parlent davantage que les figures exceptionnelles : des personnages qui ressemblent au spectateur, confrontés à des dilemmes du quotidien, suscitent plus d’empathie. Contrairement aux super-héros, souvent perçus comme hors de portée, ces figures ordinaires donnent à voir une action possible, accessible.
- 4️⃣ Le format et la tonalité influencent fortement la réception : une narration soignée, un rythme fluide, une esthétique attrayante, et parfois une touche d’humour rendent les récits plus percutants. Les formats courts, en particulier, permettent de capter l’attention et de marquer les esprits sans lasser.
- 5️⃣ L’imaginaire reste une ressource décisive pour ouvrir des possibles : les récits les plus mobilisateurs sont ceux qui laissent entrevoir des alternatives, même incertaines. Une fin ouverte, une bifurcation, une étincelle d’espoir… Ces éléments permettent de maintenir un lien avec le réel et de ne pas enfermer le spectateur dans une vision figée et dramatique.

écologiques, ou au contraire des réfractaires hostiles à ces problématiques, distinguant ainsi :
– les consommateurs exclusifs de culture de niche ou élitiste, c’est-à-dire qui n’ont pas déclaré avoir été exposé à au moins un titre de notre liste répertoriant les principales créations de culture populaire : Musique, Livre, Écran, Jeu Vidéo.
– les activistes environnementaux, qui sont déjà très informés et engagés sur ces enjeux et les réfractaires hostiles, qui auraient pu biaiser les réponses des autres participants dans la communauté d’échange.
Contexte
Réfléchir à de nouvelles façons de s’adresser aux citoyens pour traiter des questions climatiques et engager l’action, tel est l’enjeu du projet porté par Place To B. L’association, fondée sur l’idée fédératrice d’écrire un nouveau récit des enjeux climatiques en rassemblant communicants, narrateurs, artistes et storytellers de tous horizons, a profité du sommet international de la COP21 qui s’est tenu à Paris en décembre 2015 pour inviter de nombreux intervenants, experts, journalistes et chercheurs à exprimer leur point de vue et commenter le travail des délégations. En 2016, le laboratoire The Baseline de Place to B est né avec la volonté de mettre à disposition des ressources dédiées à la vulgarisation des enjeux de la transition.
» Des Récits et des Actes » porte sur l’identification de clés pour activer l’envie d’agir du grand public, leur désir d’aller plus loin et de s’engager concrètement face à des problématiques sociales et/ou
environnementales.
- Comment une œuvre culturelle peut-elle activer la puissance d’agir du public ?
- Que recherchent les spectateurs dans un récit fictionnel ?
- Les super-héros ont-ils toujours la côte pour impulser un passage à l’action dans la vie réelle ?
- Existe-t-il des éléments qui bloquent totalement la réception du message ?
- La forme de l’œuvre importe-elle autant que le fond ?
- Comment les acteurs culturels peuvent-ils participer à sensibiliser et changer les comportements du
public vis-à-vis de l’environnement ?

Autant de questions soulevées au cours de l’étude pour proposer dans ce document un panorama des
résultats clés et des pistes d’action concrètes.
L’exemple du film Don’t Look Up

Le film Don’t Look Up, largement commenté dans l’étude, illustre bien ce potentiel narratif selon Pierre-Henry Dodart : « Satirique, accessible et émotionnellement efficace, il a réussi à générer un débat public bien au-delà du cercle des convaincus« .
L’étude propose des pistes concrètes pour prolonger l’impact des œuvres. Elle recommande par exemple d’accompagner les récits de ressources, de créer des espaces de discussion ou d’impliquer les publics dans le processus de création. Autant de façons de « faire de la culture populaire un moteur de transformation« , et pas seulement un miroir de nos impasses.
faire de la culture populaire un moteur de transformation
3 actions concrètes pour accélérer la conversion écologique du grand public
- ACTION 1 : DES RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES POUR ALLER AU-DELÀ DU CONSTAT
- ACTION 2 : UNE ŒUVRE DANS LA DURÉE GRÂCE À DES ESPACES D’ÉCHANGE
- ACTION 3 : L’ÉCRITURE D’UN SCÉNARIO » PARTICIPATIF «