La consommation durable, qu’on peut définir par le fait d’acheter, utiliser et jeter mieux et moins, reste trop souvent encore la préoccupation d’un public averti, estimé à 47 % de la population française selon la typologie de consommateurs Ethicity 2012 (personnes à la recherche de plus de bien-être et d’équilibre, en demande d’autrement.) et à 20% pour le cœur de cible le plus engagé. Il ne s’agit plus désormais de promouvoir le choix des produits les plus respectueux de l’environnement, mais d’encourager des modes de consommation plus efficaces et une évolution des modes de vie. Et ceci auprès du plus grand nombre, en particulier des Français les plus défavorisés.
Car « la consommation durable n’est pas une ‘déconsommation’ mais une nouvelle écologie domestique porteuse d’une meilleure qualité de vie pour tous et chacun, quel que soit son niveau de revenu », rappelait en mars 2011 le Conseil d’Analyse Stratégique. Pour lever cette méconnaissance des pratiques en matière de consommation durable de 8,6 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté [[Soit 964 euros de revenu mensuel « disponible » en 2010 pour une personne seule (après impôts et prestations sociales). Insee, Les niveaux de vie en 2010, septembre 2012]], Ethicity en collaboration avec Youphil et avec le soutien de EDF Collectivités, a mis à disposition la première étude en France analysant les attentes et modes de vie durables de cette population : « Les Français à faibles revenus et la consommation durable ». L’étude, révèle, entre autres : 1. QU’ILS SONT DES FRANÇAIS COMME LES AUTRES… – Les mêmes préoccupations… avec le coût de la vie d’abord. Parmi les trois principales préoccupations, on retrouve le bien-être de la famille et des proches (45,7% contre 55,1% pour la moyenne française) ainsi que la santé. Cependant, le coût de la vie est leur première source d’inquiétude (47,8% contre 46,3% pour l’ensemble de la population). – Selon les profils démographiques, des écarts de perception et de comportement renforcés par rapport à la moyenne des Français. Les priorités sont différentes entre les hommes et les femmes : le bien-être de la famille et des proches pour les femmes, et le coût de la vie pour les hommes. Globalement, les femmes font preuve de plus de systématisme dans le respect des éco-gestes. Les jeunes vivant sous le seuil de pauvreté (15-24 ans) se sentent plus concernés, mais ont moins systématisé les éco-gestes que leurs aînés et que la moyenne des jeunes de leur âge (recyclage, économie d’eau et d’énergie, attention portée au gâchis notamment). On relève aussi des écarts selon l’habitat : dans les communes rurales, 76,5% des personnes interrogées trient systématiquement leurs déchets, contre 57,6% en agglomération parisienne.  2. QU’ILS SONT ACCAPARES PAR LES CONTRAINTES ECONOMIQUES ET MOINS SENSIBILISES Une population moins à l’aise avec le concept de développement durable Les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont moins nombreuses à considérer le développement durable comme une nécessité (61,8% contre 68% pour la moyenne française), avec un pourcentage important de non-répondants sur les questions plus précises relatives au développement durable. De fait, 12,70% de cette population vivant sous le seuil de pauvreté pense que l’ « on s’inquiète trop au sujet de l’environnement », contre 6,40% pour la moyenne des Français. Parmi les personnes qui n’ont pas changé leur comportement en faveur du développement durable dans les 12 derniers mois, 28,9% (contre 18,6% en moyenne) disent ne pas avoir changé parce que leur pouvoir d’achat ne le permet pas. Certains éco-gestes sont moins bien intégrés, alors qu’ils pourraient permettre des économies :- 8,1% jettent systématiquement les fruits et légumes qui n’ont plus l’air frais contre 5,5% pour la moyenne française
- 11,2% jettent systématiquement les produits qui ont dépassé la date de péremption contre 8,0% pour la moyenne française
- 44,9% évitent systématiquement ou régulièrement les produits qui ont trop d’emballage contre 49,4% pour la moyenne française
- 87,9% veillent systématiquement ou régulièrement à maîtriser leur consommation d’énergie contre 88,8% pour la moyenne française Ceux qui permettent des économies évidentes sont cependant réalisés avec une plus grande fréquence (« systématiquement »), c’est-à-dire plus souvent intégrés au quotidien.