Abdel Raouf Dafri nous projette avec La Commune dans l’exploration urbaine de la société française comme on ne l’a encore jamais vue sur petit écran. Diffusée sur Canal + à partir de ce lundi, cette série française nouvelle génération nous plonge dans une banlieue ultra violente où la société se disloque. Entre film noir et tragédie antique, cette série en huit épisodes offre une vision lyrique et très personnelle de la banlieue.
L’histoire Bienvenue à La Commune ! Quatre tours à la périphérie d’une ville, entourées d’une campagne sauvage : « La Commune » est un no man’s land, un corps étranger. François Lazare, devenu Isham Amadi, sort de prison 20 ans après le meurtre de deux policiers, converti à l’Islam et couvert d’une nouvelle aura de leader spirituel. De retour à la Commune, il retrouve tous les visages de son adolescence. Les habitants viennent d’apprendre que les immeubles vétustes dans lesquels ils résident seront rasés pour faire place à de nouveaux logements. Soupçonnant là une manœuvre des autorités pour nettoyer la cité de ses éléments les plus « nocifs », certains habitants, rassemblés autour d’Amadi, organisent la résistance. Mais derrière cet affrontement politico-médiatique se profile une guerre de territoire larvée et meurtrière : celle que se livrent les deux frères ennemis Daoud et Amadi, liés par un crime vieux de vingt ans. Abdel Raouf Dafri, scénariste : « Ce qui motive mon désir d’écrire « La Commune », c’est d’amener le téléspectateur, par le biais d’une fiction qui se déroule dans une cité, à s’interroger sur la société française dans tout son ensemble. Au-delà de la réalité des banlieues d’aujourd’hui, « La Commune » est pour moi un terreau idéal pour interroger notre société et plus généralement encore de poser un regard franc et sans détour sur l’humain confronté à sa part d’ombre et de lumière. À l’aide de situations et d’images fortes, chaque épisode de « La Commune » tentera ainsi de répondre à cette question : « À quoi peut bien ressembler l’existence d’individus dont la trajectoire de vie est la chute libre. » Les critiques : « Sous la haute influence d’Oz, la grandiose série carcérale de Tom Fontana,[…] Abdel Raouf Dafri précipite ses personnages dans un enfer urbain, parabole extrême et prospective d’une humanité à la dérive, repliée dans ses comportements primitifs. A la violence crue de La Commune répond en contre-champ la violence d’une société rongée par la misère, le chômage, la désespérance. […] La série impose son atmosphère suffocante et la vision brute, angagée – et sans doute discutable – de son auteur. Sur le fil du rasoir, on attend fébrilement une suite qu’on espère à la hauteur. » Extrait de la critique d’Isabelle Poitte publiée dans Télérama n°3019 – Semaine du 24 au 30 novembre). La Commune ne nourrit pas l’ambition d’être une série réaliste sur la banlieue, mais offre un nouvel imaginaire illustrant, de façon contemporaine la lutte de pouvoir qui oppose les Hommes depuis la nuit des temps. D’ailleurs, plus qu’un lieu, La Commune est un personnage à part entière, une pieuvre qui retient vers elle tout ce qui est à sa portée. Les habitants deviennent alors les prisonniers d’un univers clos et étouffant dont la seule échappatoire semble être la mort. Ce monde en miniature, où s’ancre un condensé de l’Humanité se révèle comme un théâtre où chaque personnage est un combattant, acteur d’une tragédie urbaine mâtinée de western et de film policier. Mettre en scène ces trois genres en les combinant ? Pari risqué mais réussi. Florence Chartier pour fluctuat.net