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L’ONU appelle des investissements en faveur du développement rural à long terme et de la souveraineté alimentaire

À situation exceptionnelle, investissements exceptionnels en faveur du développement rural à long terme et de la souveraineté alimentaire : l’appel d’un haut responsable des Nations Unies en amont du Forum de Davos
3a38deaf-97fc639.jpg En amont de la réunion annuelle des dirigeants mondiaux qui se tiendra cette semaine à Davos, Alvaro Lario, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), des Nations Unies, rappelle l’urgence qu’il y a à investir rapidement et à grande échelle en faveur du développement rural à long terme pour éviter la récurrence des crises alimentaires et éliminer la faim et la pauvreté.
« Nous ne pouvons pas continuer d’aller de crise alimentaire en crise alimentaire. Il n’est pas normal de voir encore et encore des pays souffrir d’une insécurité alimentaire aiguë. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Nous devons passer à l’action de manière immédiate et concrète afin de renforcer nos systèmes alimentaires face à leur échec actuel – cela exige de s’engager avec force et d’investir avec audace », a déclaré Alvaro Lario.
À Davos, Alvaro Lario appellera les gouvernements, les investisseurs et les entreprises privées à intensifier de façon massive les investissements en faveur de l’agriculture et du développement rural à long terme afin de garantir sécurité nutritionnelle et souveraineté alimentaire, une problématique qui devient essentielle pour les pays en développement. Au moins 30 milliards d’USD supplémentaires par an sont nécessaires selon des estimations d’avant la crise COVID, aujourd’hui les coûts sont encore plus élevés. chuveznjcwhq88bd.jpg
« Seuls des investissements à long terme dans les économies rurales permettront d’apporter des solutions durables à la faim, à la sous-nutrition et à la pauvreté. C’est ce qui donnera aux petits exploitants agricoles la possibilité d’accroître la production locale, de mieux s’adapter aux changements climatiques, d’établir des circuits alimentaires courts et locaux, de créer et de maintenir des marchés locaux et des débouchés commerciaux, et de fonder de petites entreprises rurales. Cette approche relève du bon sens économique », a expliqué Alvaro Lario.
D’après les études de la Banque mondiale, la croissance du secteur agricole est deux à quatre fois plus efficace pour réduire la pauvreté que la croissance dans d’autres secteurs. Aujourd’hui, le monde connaît une crise alimentaire sans précédent du fait de la flambée simultanée des prix de l’alimentation, de l’énergie et des engrais qui découle de la guerre en Ukraine et de plusieurs graves chocs climatiques. Les principales causes de la faim restent les conflits, les changements climatiques, le ralentissement économique et la reprise timide à la suite de la pandémie de COVID-19. Le nombre de personnes souffrant d’une grave insécurité alimentaire est monté en flèche, passant de 135 millions en 2019 à 345 millions en 2022. À ce jour, ce sont 49 millions de personnes dans 49 pays qui sont au bord de la famine. Une personne sur dix, soit environ 828 millions de personnes, souffre de sous-nutrition chronique. Et au total, près de 3,1 milliards de personnes n’ont pas accès à un régime alimentaire sain. De plus en plus, la consommation alimentaire dans le monde se concentre sur trois grandes cultures (le blé, le maïs et le riz). On estime que 45 millions d’enfants souffrent de malnutrition grave et que 149 millions présentent un retard de croissance et de développement en raison d’un manque chronique de nutriments essentiels dans leur alimentation, tandis que 39 millions sont en surpoids. Malgré les engagements pris à l’échelle mondiale d’éliminer la faim d’ici à 2030, le soutien des donateurs à l’agriculture n’a pas augmenté depuis au moins 20 ans, stagnant à peine 4 % du total de l’aide publique au développement. Près de 3 milliards de personnes vivent dans les zones rurales des pays en développement et dépendent en grande partie de l’agriculture à petite échelle pour se nourrir et gagner leur vie. Dans les années à venir, il est probable que les phénomènes météorologiques extrêmes seront plus fréquents et de plus grande ampleur, estime le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les systèmes alimentaires mondiaux courent un risque accru de perturbation, avec des pénuries et des hausses des prix. Au fur et à mesure que le monde se fragilise, il va devenir de plus en plus crucial de renforcer la souveraineté et la sécurité alimentaires en consolidant la résilience et en garantissant la production et le bon fonctionnement des marchés à l’échelle locale. La solution repose en partie dans l’appui aux systèmes de culture autochtones, l’agroécologie et la réduction des déchets et du gaspillage alimentaires, qui représentent près d’un tiers de la nourriture produite aujourd’hui. mta2nje4oa.jpg
« Il n’y a plus une minute à perdre pour investir dans les zones rurales. Compte tenu de l’accélération des changements climatiques, nous ne disposons que d’une fenêtre réduite pour aider les populations rurales à s’adapter et à continuer de produire les aliments dont elles et leurs communautés ont besoin pour survivre – ce qui, en retour, est indispensable à la bonne santé et à la stabilité du monde », a dit Alvaro Lario.
Les études montrent qu’à l’avenir, les rendements agricoles pourraient chuter jusqu’à 25% d’ici à la fin du siècle en raison de phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. De plus, plus de 35% des terres agricoles destinées à la culture du blé et du riz pourraient être abîmées par des vagues de chaleur d’ici à 2050. Les petits producteurs, qui produisent un tiers de l’alimentation sur notre planète, reçoivent moins de 2% du financement de l’action climatique à l’échelle mondiale.

A savoir

En 2020 et avant la COVID-19, le rapport Ceres2030 estimait qu’il faudrait que le montant actuel de l’aide publique au développement destinée à l’agriculture (environ 12 milliards de dollars par an) soit augmenté de 14 milliards d’USD supplémentaires, et que s’y ajoute une augmentation de 19 milliards d’USD des investissements des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, pour éliminer la faim et aider les petits producteurs agricoles à sortir de la pauvreté. Avec la crise ukrainienne, les retombées de la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, les besoins actuels de financement sont encore plus élevés. On dit qu’une personne souffre d’insécurité alimentaire aigüe lorsqu’elle n’a pas accès à une nourriture adéquate, mettant sa vie ou ses moyens d’existence en danger immédiat. Une personne souffre de la faim ou de sous-nutrition lorsque, sur une période prolongée, elle ne peut se nourrir en quantité suffisante pour maintenir un rythme de vie normal et actif.

A propos du FIDA

capture_d_e_cran_2023-01-16_a_10.43_43.png Le FIDA investit dans les populations rurales en les dotant des moyens de réduire la pauvreté, d’accroître la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de renforcer leur résilience. Depuis 1978, il a octroyé près de 23,2 milliards d’USD sous la forme de prêts à faible taux d’intérêt et de dons, dans le cadre de projets dont ont bénéficié quelque 518 millions de personnes. Le FIDA est une institution financière internationale et un organisme spécialisé des Nations Unies dont le siège est situé à Rome, centre névralgique des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

 

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