Danielle Nierenberg est chercheur senior à l’Institut Worldwatch, une organisation environnementale basée à Washington, DC. Elle voyage actuellement à travers l’Afrique subsaharienne évaluant des solutions durables pour l’environnement dans la lutte contre la faim et la pauvreté. Cette étude aboutira avec la sortie de L’état du monde 2011 : Des innovations qui nourrissent la planète. A suivre sur CDURABLE.info … chaque semaine une nouvelle initiative pour nourrir la Planète.
Cette semaine Danielle Nierenberg nous écrit de Mauritanie pour partager avec nous une innovation qui augmente les revenus de subsistance des petits fermiers en aidant à apporter de l’eau à leurs cultures. Les organisations comme « International Development Enterprises (IDE) » aident les fermiers à installer les kits d’irrigation qui économisent jusqu’au 50 % d’eau par rapport aux méthodes traditionnelles, tout en économisant du temps et du travail. Pour l’irrigation, rien ne sert de courir ; il faut partir à point Après le décès de son mari en 2004, Elizabeth Samhembere a lutté pour soutenir sa famille. Fermière sur une exploitation agricole de petite échelle au Zimbabwe, Elizabeth a rencontré beaucoup de problèmes pour arroser ses cultures, d’autant plus que ses enfant étaient trop petits pour l’aider dans cette lourde tâche d’irrigation des légumes et fraises qu’elle a planté. « J’ai gagné la somme dérisoire de Z$80,000 (US $0.81) par semaine en vendant de petites et misérables fraises, ca ne m’a pas aidé beaucoup, » a confié Elizabeth dans un entretien avec International Development Enterprises (IDE). « Je vivais au jour le jour. » Mais les cultures – et revenus – de Elizabeth ont vu des améliorations considérables en 2005, après avoir reçu une donation de « kit goutte à goutte » des semences et du fertilisant, effectué dans le cadre du projet Micro Irrigation Partnerships for Vulnerable Households (MIPVH) de IDE, une organisation qui agit pour lutter contre la pauvreté en Asie et Afrique en utilisant la technologie et en donnant l’accès aux marchés aux petits fermiers. « L’irrigation goute à goutte« apporte de l’eau et du fertilisant directement aux racines des plantes par les systèmes de tuyauterie plastique, grâce a de petits trous. En distribuant l’eau lentement et fréquemment, l’irrigation goute à goutte économise jusqu’au 50 % d’eau par rapport aux méthodes traditionnelles, estime IDE. L’eau et le fertilisant sont aussi plus facilement absorbés par le sol et les plantes, ce qui réduit le risque d’érosion et d’épuisement nutritionnel. L’irrigation goute à goutte fonctionne grâce a la pesanteur et permet un gain de temps et une réduction du travail qui seraient autrement utilisés pour arroser les cultures, créant ainsi de meilleures récoltes. Depuis qu’elle a installé son propre kit goutte à goutte, Elizabeth a vu une augmentation de ses revenus entre US $10 et US $40 par semaine. La qualité et quantité de ses récoltes de fraises se sont beaucoup améliorées, et elle a pu diversifier ses cultures en y ajoutant des petits pois, des carottes et des tomates. Avec l’accompagnement et le soutien du Bureau des Femmes Zimbabwéenne, Elizabeth produit un nouveau revenu en vendant les confitures qu’elle produit avec ses fraises. La famille d’Elizabeth mange beaucoup mieux, grâce à son jardin et aux revenus qu’elle gagne en vendant ses cultures. Elle ne s’inquiète plus de la nécessité d’emprunter de l’argent pour soutenir sa famille. « Maintenant je peux envoyer mes enfant à l’école, grâce aux profits que je fais avec mon jardin » dit-elle. Pour apprendre plus sur les technologies d’irrigation qui aident les fermiers à améliorer leurs revenues et moyens de subsistances, lisez : – Obtenir de l’eau pour irriguer les cultures en Afrique – Zambie – Accès à l’Eau pour améliorer la Qualité de Vie des Femmes et des Enfants. – Photo : IDE. Système d’irrigation goutte à goutte au Népal. – Plus de photos dans la Galerie de Nourrir la PlanèteNourrir la Planète : Évaluation des solutions durables pour l’environnement afin de réduire la faim dans le monde et la pauvreté en milieu rural
Le développement agricole arrive à un carrefour. Près d’un demi-siècle après la Révolution Verte – la première tentative systématique à grande échelle pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde – une grande partie de la famille humaine souffre encore de la faim. Dans le même temps, les investissements dans le développement agricole par les gouvernements, les banques internationales et les fondations sont à leur plus bas niveau historique. Ceci ne pouvait arriver à un plus mauvais moment. La complexité des forces démographiques, économiques et naturelles concourent à rendre plus difficile le défi pour réduire la faim. Ceux-ci incluent la hausse vertigineuse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ainsi que le changement climatique et la persistance d’accords commerciaux injustes. Cependant, cette crise nous donne l’opportunité de recentrer l’attention de l’opinion publique sur les ressources alimentaires, l’agriculture et les zones rurales. De façon globale, il s’agit de redonner priorité à la sécurité alimentaire. Dans les prochaines années, les preneurs de décision et les donateurs vont à nouveau attribuer des fonds au développement agricole, ces derniers auront donc grand besoin d’être conseillés. Durant des dernières décennies, a émergé une nouvelle génération d’approches innovantes pour soulager la faim. Celles-ci proviennent de communautés de fermiers, d’organisations bénévoles privées, d’universités et de compagnies agro-alimentaires. La plupart de ces approches offrent des modèles utiles pour des projets à grande échelle. Cependant, il semble de plus en plus évident que combiner les approches (techniques conventionnelles combinées à des approches agro-écologiques ou des méthodes d’auto-évaluation protégeant les ressources naturelles) est plus efficace en termes de productivité, de revenu et de durabilité. Le projet Nourrir la Planète établira une évaluation des nouvelles techniques agricoles – des méthodes de récoltes aux technologies d’irrigation et aux politiques agricoles – en mettant l’accent sur le développement durable, la biodiversité, la santé des écosystèmes ainsi que la productivité. Le projet a un double but : celui d’informer sur les efforts mondiaux pour éliminer la faim et celui de promouvoir ces efforts. Le projet étudiera également les infrastructures institutionnelles nécessaires à chacune des approches, en suggérant les investissements complémentaires pouvant contribuer au leur succès – des banques de semences locales aux installations de traitement et aux bureaux de marketing. Le projet aboutira à la parution de State of the World 2011, un rapport complet sur la situation de l’agriculture ainsi que des documents d’informations dérivés, des résumés, des vidéos et des podcasts. Ce rapport fera office de guide pour les fondations, et les donateurs désirant soutenir les actions les plus efficaces dans le domaine de l’agriculture, dans des contextes agro-écologiques et socio-économiques divers. Les conclusions de ces recherches seront mises à la disposition des nombreux milieux influents dans le domaine agricoles, y compris les ministères des gouvernements, les décideurs en matière de politiques agricoles ainsi que les communautés de fermiers et les organisations non-gouvernementales dans le domaine de l’environnement (dont l’influence va en s’accroissant). Mettant l’accent sur les recherches de terrain, la co-directrice du projet Danielle Nierenberg est actuellement en déplacement en Afrique sub-saharienne afin de rencontrer des fermiers et communautés de fermiers, des représentants de gouvernements locaux, des donateurs et des organisations non-gouvernementales.