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Rapport Les déchets dans l'espace par l'ONG Robin des Bois

L’espace, notre infinie poubelle : état des lieux des déchets recensés dans notre système solaire

La conquête spatiale a réussi un exploit considérable. En 50 ans, l’humanité a disséminé dans l’espace des milliards de déchets d’origine terrestre. « L’océan d’en haut » comme l’appelait Victor Hugo est victime d’une pollution industrielle d’un genre nouveau, foudroyant, proliférant et durable du même type en plus irrécupérable que la pollution de l’océan d’en bas par les déchets de plastique, de polystyrène et d’hydrocarbures. Dans un rapport de plus de 60 pages, l’association environnementale Robin des Bois dresse un état des lieux des déchets recensés dans notre système solaire. Pour réaliser son étude, l’association a procédé à la synthèse de très nombreux articles scientifiques, puisés dans les archives – pointues – de l’agence spatiale européenne, de la Nasa, et de nombre d’autres organismes spécialisés dans le domaine. Une première mondiale.

Dans ce rapport, Robin des boits rappelle quelques faits : la durée de vie d’un satellite n’est guère plus longue que celle d’une voiture, une bonne dizaine d’années. Sur Terre, la gestion des Véhicules Hors d’Usage -VHU- et de leurs accessoires est un casse-tête. Dans l’espace, la gestion des Satellites Hors d’Usage -SHU- est dominée par le « chaque Etat pour soi » et le sans gêne à l’état pur. La gestion des déchets de toutes les catégories est une science en même temps que le miroir des comportements collectifs. Les déchets spatiaux n’échappent pas à la règle sauf que personne et surtout pas les exploitants ne les ont vus venir. Dans les années 1970, les premières détections analytiques de traces de titane et d’aluminium sur des satellites cobayes ont été attribuées à des éjections solaires ou à la chimie des astéroïdes alors qu’elles provenaient des peintures et des résidus de combustion des engins spatiaux. Les industriels de l’espace n’ont pas non plus anticipé l’expansion géométrique et la démultiplication en cascade des déchets issus de collision et d’explosion orbitales. En 50 ans, les activités humaines dans l’espace ont créé sur les orbites basses et hautes de la Terre plus de déchets que le système solaire n’y a injecté de météorites en plusieurs milliards d’années.
La Nasa a pu cartographier les déchets spatiaux en orbite autour de la Terre. © NASA
La Nasa a pu cartographier les déchets spatiaux en orbite autour de la Terre. © NASA
Au total, selon Robin des Bois, notre système solaire est parasité par 180 tonnes de déchets, qui pour la plupart tournent en orbite autour des planètes et de leurs satellites. Dans le détail, 15.126 objets ont été recensés, « dont 2.523 satellites hors d’usage, 1.901 étages supérieurs de lanceurs et 10.702 déchets divers et variés ». Et il y a de tout : on retrouve ainsi près de 2.000 restes de fusées, des satellites hors d’usage, ou encore des câbles. Plus insolite, Robin des Bois recense des aiguilles déployées par les Etats-Unis pour brouiller les satellites russes pendant la guerre froide, des appareils photo ou encore des balles de golf publicitaires. Aujourd’hui, aucun vol spatial habité ou satellite ou encore mission interplanétaire n’est à l’abri d’une collision destructrice avec un déchet. Sur Terre, nul non plus n’est à l’abri d’un déchet tombé de plus haut que le ciel, d’une rentrée incontrôlée sur la planète mer, pas même une baleine. En retombant sur Terre, les débris, quelquefois radioactifs, risquent de provoquer accidents et pollution, notamment nucléaire, alerte Robin des Bois, qui publie dans son rapport plusieurs clichés d’accidents. Ainsi, en 1978, la chute d’un satellite russe chargé d’uranium au Canada avait contaminé 125.000 km2 de terre. Moscou avait alors versé une indemnité au pays. Les déchets spatiaux contribuent également à la pollution lumineuse de l’espace et perturbent les observations des astronomes. Les réacteurs nucléaires embarqués sur les satellites masquent le bruit de fond radioactif du cosmos en émettant des flux de rayons gamma artificiels même quand les satellites ne sont plus en fonction. « Tout ça pour internet, GPS, téléphone et radio satellitaires, autant d’activités commerciales, de moyens de communication et de divertissement qui rapportent infiniment d’argent et produisent des déchets à l’infini sans la moindre contrainte à verser une TGAP -Taxe Générale sur les Activités Polluantes- spatiale », résume Robin des Bois. « Le droit spatial lui aussi est en panne ; les étages susceptibles de mettre en orbite une convention internationale sur la prévention et la gestion des déchets dans l’espace sont très loin d’être sur le pas de tir », s’indigne l’ONG. Les textes semblent en effet obsolètes. Le traité de l’espace, qui régit son utilisation et le rejet de déchets « humains », date de 1967 et n’a été ratifié que par une centaine de pays. Les deux derniers textes en date ont été entérinés en 1972 et 1993, mais n’ont aucune valeur contraignante, ce qui signifie que les Etats pollueurs de l’espace n’encourent a priori aucune sanction. Seule lueur d’espoir, les logisticiens de l’espace comprennent désormais l’urgence à agir pour nettoyer les écuries spatiales et prévenir à la source la production de déchets. L’ONG suggère la mise en place d’un fonds de gestion et de prévention des déchets spatiaux. Il pourrait être financé, argumente Jacky Bonnemains de Robins des Bois, par les Etats possédant des appareils en vol dans l’espace, et par les opérateurs privés de télécommunication, premiers concernés par la mise en orbite de satellites.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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