Dans le cadre de sa rubrique « L’Œil de La Fabrique Écologique », présentant à intervalle régulier ce que La Fabrique Écologique retient d’un article scientifique international peu évoqué dans le débat public, La Fabrique Écologique a le plaisir de vous présenter l’Œil n°49 : L’éducation holistique : nouvelle méthode d’enseignement au changement climatique ?
“Changes in Students’ Knowledge, Values, Worldview, and Willingness to Take Mitigative Climat Action after Attending a Course on Holistic Climate Change Education” est un article publié en 2022 et écrit par Tolppanen et al. L’intérêt de cette étude est qu’elle nous fait découvrir un système alternatif d’enseignement au changement climatique, dit « holistique », en considérant les effets de ce système sur les représentations des apprenants et sur l’action climatique.
De cet article, La Fabrique Écologique retient trois points essentiels :
- : Dans de nombreux pays, l’éducation au changement climatique est principalement axée sur la dimension physico-chimique de ce phénomène et la diffusion de données scientifiques. Elle apporte ainsi des connaissances mais sans enseigner aux apprenants des approches plus proactives pour répondre aux enjeux climatiques. Le modèle d’éducation alternatif considéré par les auteurs vise à répondre à cette limite en conjuguant acquisition des connaissances et réévaluation des représentations et des comportements sociaux et individuels en fonction de l’objectif d’atténuation climatique.
- : L’éducation holistique peut être définie comme un nouveau paradigme éducatif proposant une approche créative, globale et multidisciplinaire qui conçoit le processus d’Enseignement-Apprentissage comme un tout, où l’élève est capable d’interconnecter différentes connaissances. Appliquée à la thématique du changement climatique, elle vise à accroître les connaissances, développer la réflexion, aborder les valeurs et les visions du monde, motiver les apprenants à agir, mobiliser les émotions associées aux enjeux climatiques, et créer des scénarios futurs de ce à quoi le monde pourrait et devrait ressembler. Cependant, bien que ces objectifs éducatifs soient largement acceptés, il n’y a pas de consensus sur la manière dont l’éducation holistique peut permettre de les atteindre dans la pratique.
- : Les auteurs soulignent un accroissement des connaissances scientifiques chez les apprenants ayant suivi un cours relevant de cette approche. Mais les connaissances de ces derniers sur les moyens d’action concrets n’augmentent que très faiblement. Du coup, il n’y a pas de vrai changement dans leur volonté de prendre des mesures d’atténuation. En revanche, on observe une revalorisation de la biodiversité chez les apprenants, ce qui est un facteur puissant de comportement pro-environnemental. La formation a également permis aux participants d’identifier des stratégies plus respectueuses de l’environnement pour satisfaire leurs plaisirs hédoniques, et de réaliser qu’il était possible de vivre librement tout en préservant l’environnement.
Perspectives en France
En 2019, il a été décidé de renforcer les enseignements sur le changement climatique du primaire au lycée. Il s’agit entre autres de faire intervenir des experts issus de domaines différents, afin d’intégrer l’aspect transdisciplinaire de ce sujet dans les classes. Plusieurs initiatives inspirées de l’éducation holistique voient par ailleurs le jour en dehors du système éducatif national, par exemple l’Université des Colibris, qui propose des formations en ligne pour enseigner des savoirs et savoir-faire visant à permettre aux apprenants de contribuer à une société plus écologique et solidaire.L’avis de Pauline Bureau, Vice-présidente de LFE
« Loin d’être une approche « miracle » pour inciter à l’action climatique, l’éducation holistique nous invite néanmoins à une transition écologique intérieure et profonde, à changer les modes de pensée ayant permis le dérèglement écologique contemporain »L’éducation holistique : nouvelle méthode d’enseignement au changement climatique ?