Il semble qu’aujourd’hui le développement durable soit la seule idéologie qu’il nous reste. De facture relativement récente, on la retrouve cependant partout, tout le temps. Elle accommode l’école, bien sûr, mais aussi le travail, le supermarché, la politique… Le Pape même s’y est mis. Sujet incontournable, consensuel ou presque…
Iégor Gran a voulu comprendre. Était-il le seul à sentir le grotesque des discours moralisateurs, l’insupportable opportunisme marchand des uns et des autres, le culte du déchet, et cette curieuse manière d’idolâtrer la science – quand elle prédit l’avenir – tout en la rejetant quand elle est moteur de progrès ?… Comment font les français, ce peuple frondeur (au moins en paroles, sinon dans les actes), pour accepter ce culte du geste symbolique, cette immodération vers le bien pratiquée à dose homéopathique et imposée à tout le monde ? Le plus terrible dans ce déferlement de bonne conscience, c’est que l’on nous invite à ne plus penser. À mettre un sérieux bémol à la culture et à la civilisation au nom d’un danger imminent. Et comme le développement durable est une idéologie transversale, il permet d’aborder les sujets aussi variés (et passionnés) que les limites de la science, l’opportunisme politique, l’économie de marché, les rapports Nord-Sud, l’avenir de la civilisation, le rapport aux croyances, le rôle de la culture, etc. Iégor Gran ne s’en est évidemment pas privé, concevant son livre comme un arbre de Noël : sur le tronc central de la discussion de fond, il a accroché des notes de bas de page où il explore certains abysses de la bêtise humaine tout en faisant avancer le récit. Car il s’agit d’un récit tout autant qu’un essai, d’une autofiction tout autant qu’un roman. – Lire les premières pages en cliquant ici. – Références : L’Écologie en bas de chez moi de Iégor Gran – Editeur : P.O.L. – Date de publication : février 2011 – 224 pages – ISBN : 978-2-8180-1334-2 – Prix public : 15,5 €Revue de presse
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur : « Oh, comme ça fait du bien, un livre pareil ! Qu’il soit de mauvaise foi, flirte avec la caricature et multiplie les provocations ajoute au malin plaisir du lecteur. Car, enfin, Iegor Gran, déjà coupable d’un brulôt contre les ONG, nous venge. De quoi ? Des photos (« le terrorisme des belles images »), des films manichéens et des leçons de morales de l’omniprésent Yann Arthus-Bertrand, ce Cousteau en hélico financé par Pinault. Des éco-écrivains et autres plumes vertes, Paulo Coelho, J.K. Rowling, ou Helen Fielding. Des menaces dont on fait l’objet si, d’aventure, on trie mal nos déchets. Du cynisme des grandes surfaces – de Monoprix à Carrefour – qui jurent, dans leurs rayons, « sauver la planète » et « agir responsable ». Des tirades apocalyptiques sur les pets des vaches. De l’ordre vert, son ambigu malthusianisme, ses poncifs guimauve, ses poses avantageuses, son vocabulaire d’illuminés, et sa novlangue pareille à un meuble Ikéa. Et surtout, du manque absolu d’humour. À mi-chemin du pamphlet (Iegor Gran a commencé sa croisade par un coup de gueule dans « Libé »), de la chronique domestique (son ami Vincent lui fait la guerre) et du reportage (sa visite au salon Planète durable est digne du meilleur Desproges), le livre de Iegor Gran n’est même pas imprimé sur du papier recyclé. Pas jetable, donc, mais durable. Et savoureusement irresponsable ». Christine Ferniot, Télérama : « Iégor Gran ne se rendra pas au salon Planète durable, car il ne trie pas ses déchets, se moque de la compensation carbone, déteste Yann Arthus-Bertrand et le commandant Cousteau. […] Ce garçon ne respecte pas la planète ni les écoresponsables qui lui gâchent son bain quotidien. Bougon, cynique, il décortique les slogans publicitaires, donne sa version personnelle des gaz à effet de serre et manie le pamphlet à coups de marteau-pilon. […] Cette nouvelle fable est comme une torpille, elle détruit tout sur son passage, à commencer par ses malheureux voisins qui vénèrent le film Home et s’en mordront les doigts. […] Imposant l’absurde et le grotesque, Iégor Gran est un provocateur, il fait grincer des dents, secoue les idées reçues, refuse l’opportunisme. »