Durant les 10 000 dernières années, nous avons vécu dans l’ère de l’Holocène ; il semble aujourd’hui que nous soyons passés à l’Anthropocène, c’est du moins la thèse soutenue dans cet ouvrage par le journaliste allemand Christian Schwägerl qui s’appuie dans sa démonstration sur les travaux et théories de Paul Joseph Crutzen, prix Nobel de chimie.
Cette nouvelle dénomination rend compte du fait qu’une seule espèce, en l’occurence la nôtre, transforme de manière irréversible et sur le long terme la Terre, ses procédés biogéochimiques et donc les bases de son existence. Les résultats de la science après deux cents ans d’industrialisation montrent la capacité de l’humanité à organiser l’espace de façon créative, mais aussi à détruire de manière dangereuse. Pour la première fois dans l’histoire de la Terre, le futur est marqué de façon substantielle par des actes conscients et inconscients de l’Homo sapiens. Cet ouvrage analyse en détails les nombreux phénomènes de crise de notre temps. C’est aussi un plaidoyer captivant démontrant que nous pouvons encore nous transformer en civilisation viable, créative et libérale. À condition de vivre « plus léger », c’est-à-dire en fonction des besoins réels de notre époque, et de changer de valeurs, de priorités, de façon de nous nourrir, de consommer…Préface : Bienvenue dans l’Anthropocène
Par Dr Paul Josef Crutzen Anthropo-quoi ? C’est sûrement la question que vous vous posez à raison. Ce mot est tout jeune, même s’il est de plus en plus utilisé. J’ai été le premier à le prononcer en février 2000, durant une conférence scientifique organisée au Mexique dans le cadre du programme international des Nations unies sur la géosphère et la biosphère. Entre temps, la formulation a été reprise en gros titres et en unes des médias renommés comme Nature, The Economist, National Geographic et New York Times. Les scientifiques réunis lors de la rencontre au Mexique ont débattu des détails qui caractérisent l’époque géologique dans laquelle nous vivons aujourd’hui : l’Holocène. J’ai saisi l’occasion pour me lever et intervenir dans la discussion en précisant que cela fait longtemps que nous vivons plus vraiment dans l’Holocène, époque marquée par une influence relativement faible de l’être humain sur l’environnement. J’ai ensuite ajouté qu’une nouvelle époque avait commencé : l’Anthropocène, l’époque géologique de l’homme. J’ai par la suite constaté que de plus en plus de scientifiques et de personnes travaillant sur les changements de l’environnement s’en inspiraient pour observer sous un nouvel angle notre rôle sur Terre. L’idée d’Anthropocène est en train de devenir un instrument important pour la science, la société et la philosophie. Le changement de nom d’Holocène à Anthropocène fait même l’objet d’un examen scientifique officiel. Enseigner l’âge de l’homme à l’école serait d’une grande valeur pour les élèves du futur : cela prouverait qu’ils partagent cette Terre avec les adultes et qu’ils contribuent à sa construction. L’Anthropocène n’est donc pas seulement une nouvelle vision d’ensemble de l’humanité, c’est aussi un point de départ pour les individus, les nations et toute la civilisation humaine afin de dévenir « gardiens de la Terre ». L’âge de l’homme, le livre de Christian Schwägerl, prouve de manière très éclatante le pouvoir et le potentiel qui se cache derrière l’idée d’Anthropocène. Avec son talent narratif et sa grande expérience de journaliste, Schwägerl décrit comment une seule espèce, à laquelle vous et moi appartenons, transforme de manière irréversible et sur le long terme la Terre, ses procédés biogéochimiques et donc les bases de son existence. Les résultats de la science, après deux cents ans d’industrialisation, montrent la capacité de l’humanité à organiser l’espace de façon créative, mais aussi à détruire de manière dangereuse. Pour la première fois de l’histoire de la Terre, le futur est marqué de façon substantielle par des actes conscients et inconscients de l’Homo sapiens. C’est aussi un plaidoyer captivant démontrant que nous pouvons encore nous transformer en civilisation viable, créative et libérale. Ce livre est comme un système de navigation pour l’Anthropocène, le nouveau monde qui se tient devant nous. Références : L’Âge de l’Homme de Christian Schwägerl. Préface Paul Josef Crutzen. Traduit de l’allemand par Nicolas Vergnaud. Editions Alternatives – Date de publication : 13 septembre 2012 – 320 pages – ISBN : 978-286227-704-2 – Prix public : 25 €