Alors que les gouvernements sont réunis à Bali pour discuter de l’avenir du Protocole de Kyoto, le WWF souligne dans un nouveau rapport que 20 % des crédits vendus dans le cadre du Mécanisme de Développement Propre (MDP) manquent d’intégrité environnementale.
Mis au point par le Protocole de Kyoto, le MDP permet aux pays industrialisés d’atteindre plus facilement leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Plutôt que de réduire leurs propres émissions, ils peuvent financer des projets de réduction des émissions dans les pays en voie de développement. Ces projets génèrent des crédits d’émission qui sont autant de réduction d’émissions que les pays industrialisés n’auront pas à faire.
Pour assurer la logique du MDP, ces projets doivent être additionnels : c’est grâce au financement des pays industrialisés qu’ils sont réalisés.
«Financer une centrale électrique pour qu’elle soit alimentée par de la biomasse et non par du charbon n’a pas de sens si, de toute façon, c’est de la biomasse qui devait être utilisée. Cela n’apporte aucune réduction d’émission », explique Damien DEMAILLY, responsable climat au WWF-France.
Or, le nouveau rapport du WWF précise que 20 % des réductions d’émissions du MDP auraient de toute façon été réalisées même sans le financement des pays industrialisés. De plus, le rapport montre que la contribution du MDP au développement durable- condition imposée par le Protocole de Kyoto – est faible.
Pour Serge Orru, Directeur Général du WWF-France, « les lacunes du MDP bénéficient à ceux qui développent ces mauvais projets, mais aussi aux pays industrialisés. Plutôt que de réduire leurs émissions, ils peuvent financer des projets à bas coût dont la qualité environnementale est plus que suspecte. Au final, le grand perdant c’est le climat ». Sur la base de ce rapport, le WWF suggère une série d’améliorations que le Comité Exécutif du MDP devrait mettre en oeuvre afin de renforcer la crédibilité du MDP : renforcer les méthodologies
de projet, augmenter la fréquence des contrôles et exiger d’avantage de transparence des organisations chargées des vérifications.
Pour le Dr Stephan Singer, responsable au WWF de l’Unité Européenne sur le Climat et l’Energie, « l’ONU doit garantir que les projets MDP soient vraiment bénéfiques à l’environnement en étant additionnels. Les Gouvernements qui négocient à Bali l’avenir du Protocole de Kyoto doivent agir pour que le MDP conserve tout son potentiel et demeure un mécanisme central au-delà de 2012 ».
Depuis le lancement de son système d’échange de quotas en 2005, l’Union Européenne est le plus vaste marché du carbone dans le monde. « En tant que plus gros acheteur, elle doit s’assurer que le MDP dégage de réels bénéfices pour le climat et le développement durable » ajoute Singer. « Dans le même temps, d’importantes réductions d’émissions doivent être effectuées au sein même de l’Union Européenne. Cela afin de créer la nouvelle économie sobre en carbone dont nous avons besoin pour limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2°C. L’utilisation des crédits MDP doit venir en appoint des efforts domestiques ».
Source : communiqué de presse du WWF du 7 décembre
Crédit photo : WWF Indonesia – Saipul Siagian