En plein sommet de Copenhague, le Ministre de l’agriculture doit prendre une décision qui engage, elle aussi, l’avenir de nos écosystèmes. Le renouvellement – ou non – de l’autorisation du Cruiser, un insecticide dangereux pour les abeilles. France Nature Environnement (FNE) en appelle au bon sens.
Aucun élément rassurant… et des soupçons de plus en plus forts
Deux ans après son autorisation, les protocoles de suivi du Ministère de l’agriculture n’ont fourni aucun élément permettant de lever les soupçons pesant sur le Cruiser : le protocole 2008 comportait des insuffisances majeures, quant au suivi 2009, il n’a même pas, à ce jour, donné lieu à un rapport !
Utilisé en enrobage des semences du maïs, ce produit est officiellement reconnu « dangereux pour les abeilles, les oiseaux et les mammifères sauvages ».
Des cas de mortalités aiguës de butineuses avaient été observés au printemps en Charente-Maritime et Vendée : le lien avec le Cruiser a été confirmé par l’AFSSA.
45 000 signataires pour l’interdiction du Cruiser
Avec sa pétition, FNE a recueilli 45 000 signatures : le retrait du Cruiser est donc une exigence forte de nos concitoyens.
Claudine Joly, chargée du dossier à FNE, explique : « La société se mobilise, parce que les enjeux sont considérables : les pollinisateurs interviennent pour 35 % du tonnage mondial d’aliments végétaux (fruits, légumes, café, cacao,…) et dans la survie de 80% des espèces végétales ! La disparition des abeilles, de plus en plus redoutée par les chercheurs, aurait des conséquences incommensurables. »
Halte au déclin des abeilles !
Intensification de l’agriculture, dégradation de la biodiversité, maladies, on ne compte plus les causes du déclin des abeilles. Leur taux de mortalité, en France et dans le monde, est estimé à 30% par an par le Centre National de Développement Apicole.
Pourtant, on s’acharne. En août 2009, le Proteus, un nouvel insecticide produit par la firme Bayer, a été autorisé pour lutter contre des parasites de la fleur du colza. Or ces fleurs représentent une ressource alimentaire très importante pour les abeilles.
Pour Jean-Claude Bévillard, responsable agricole de FNE : « Interdire le Cruiser est une affaire de bon sens : la situation des pollinisateurs est dramatique, et nous devons mettre toutes les chances de notre côté pour stopper leur déclin. Aucun argument économique ne peut prendre le pas sur les conséquences agricoles, alimentaires, sanitaires et environnementales qu’aurait la disparition des abeilles. »
FNE transmet aujourd’hui officiellement par courrier au Ministre de l’agriculture sa demande, soutenue par 45 000 signataires, d’interdire définitivement le Cruiser. Cliquer ici pour le lire.