Concilier le monde des affaires avec les limites planétaires est contraire à l’idée farfelue selon laquelle les différents types de capitaux seraient substituables et donc que l’utilisation du capital naturel ne serait pas une limite à la croissance, car elle pourrait être compensée par des innovations techniques. La raison d’être du modélisateur IF Initiative est précisément de comprendre que pour durer les entreprises ne pourront pas simplement continuer le ‘nusiness as usual » mais vont devoir enfin prendre en compte dans leur modèle économique, le premier capital indispensable à leur pérennité : le capital naturel.
Le problème vient du fait que le capital naturel n’apparaît pas dans le bilan des entreprises, que le seul capital à conserver, c’est le capital financier.
Fabrice Bonnifet
Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement
Groupe Bouygues
« L’absence du capital naturel du bilan des entreprises explique pourquoi elles en font si peu au-delà du cadre légal, pour protéger à la fois les ressources naturelles et les écosystèmes qui ne lui coûtent strictement rien« , rappelle Fabrice Bonnifet.
Replay d’une conférence exceptionnelle a été organisée par le Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D) pour présenter le modélisateur IF Initiative de Carbone 4
Compter ce que l’on gagne, sans compter ce que l’on doit à la nature a une fin et c’est maintenant !
Alors à quoi va servir If Initiative ?
Pour faire du pain, il faut du blé, pour faire des voitures électriques il faut du cuivre, etc. A priori la planète est ronde et certaines de ces ressources sont renouvelables mais toutes les autres sont en quantités finies. Dans les deux cas, il y a une réflexion à avoir sur leur destination et des limites à leur utilisation.
If initiative permet d’évaluer tous ces dilemmes. Le but est de faire émerger une approche selon laquelle la soutenabilité forte de la « croissance » implique le maintien à un niveau constant du capital naturel, car non ce dernier n’est pas remplaçable par les autres formes de capitaux.
Il ne s’agira évidemment pas du tout de la même croissance que celle que nous connaissons aujourd’hui.
Exploration des futurs viables
Sociétés humaines
- Un niveau social et sociétal, avec des hypothèses sur des changements de représentation du monde, de valeurs, qui ont un impact sur les réglementations, les lois, mais aussi les modes de consommation et les modes de production. Bien qu’impalpables, ces évolutions possibles ont des conséquences matérielles.
- Un niveau matériel ensuite, celui des activités humaines, qui est fortement lié aux représentations, mais qui transcrit des volontés, représentations, désirs, habitudes ou contraintes dans des modes de vie et de production.
Système Terre
- Un niveau matériel sur le système Terre, c’est-à-dire les limites planétaires : les ressources matières, la biodiversité, le climat via les émissions et concentration de GES. Ici, le modèle calcule les impacts sur les limites planétaires des choix de consommation et de production qui découlent des scénarios.
Tout en respectant les limites planétaires
La dignité c’est avant tout dire la vérité, sans prétendre disposer de toutes les solutions pour faire autrement.
« If Initiative est avant tout un outil d’aide à la décision pour des décideurs éclairés, afin qu’ils consentent à réencastrer le modèle économique des entreprises dans la réalité de notre monde fini, que la facilité des énergies fossiles nous a fait perdre de vue », explique Fabrice Bonnifet
Ce modélisateur veut faire advenir un nouvel imaginaire du vivre ensemble dans lequel la réduction de la production et de la consommation du non essentiel va devoir être planifiée démocratiquement, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être. Et tout cela, dans le but ultime d’alléger l’empreinte écologique de l’économie pour préserver le bien commun.