A l’heure actuelle, les Etats-Unis sont responsables de 25% des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans le monde. L’administration Bush a cependant toujours refusé de réduire les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis, arguant qu’une politique de quotas assombrirait les perspectives de croissance de l’industrie américaine. Mais comme il l’avait promis au G-8, le président américain George W. Bush a invité, vendredi dernier, les représentants des grands pays industrialisés et émergents à un sommet sur le changement climatique en septembre au même moment où les Nations unies organiseront une réunion similaire.
Cette conférence ambitionne de négocier une suite au protocole de Kyoto, qui ne court que jusqu’en 2012. « Les Etats-Unis s’engagent à collaborer avec d’autres grandes puissances pour contribuer de manière précise à un nouveau cadre mondial d’ici à la fin 2008 », afin de participer à un accord international dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) d’ici à 2009, écrit M. Bush. Pressé par la communauté internationale d’agir dans le dossier climatique, M. Bush avait appelé de ses voeux en mai une grande rencontre pour discuter des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de promouvoir les énergies renouvelables sans pour autant freiner la croissance économique.
La conférence sera organisée les 27 et 28 septembre et animée par la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice. Sont invités des représentants des quinze pays considérés comme étant les plus gros pollueurs : la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, le Brésil, le Mexique, le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et l’Indonésie, ainsi que des membres de la Commission européenne et des Nations unies.
Washington n’avait pas ratifié ce protocole qui date de 1997 et qui fournit un cadre de réduction des émissions de 35 pays industrialisés, dont sont exempts les pays émergents comme l’Inde, le Brésil et la Chine, deuxième pollueur derrière les Etats-Unis.
Le secrétaire général de l’ONU a déclaré de son côté qu’il souhaiterait que les travaux débutent pour trouver un accord global de réduction des émissions, perspective soutenue par une centaine de pays qui ont participé à la première réunion de l’Assemblée générale sur le changement climatique cette semaine. M. Ban Ki-moon a annoncé la tenue d’une réunion de haut niveau la veille de la session annuelle de l’Assemblée générale, soit le 24 septembre, la même semaine où M. Bush souhaite organiser sa conférence.
Les vraies raisons de cette conférence
Devant l’inertie de l’administration Bush et l’urgence écologique, certains Etats américains convaincus du bien-fondé de Kyoto ont déjà pris les devants. La Californie s’est ainsi engagée à respecter les objectifs internationaux de réduction de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Toujours en Californie, la loi Pavley impose désormais aux fabricants automobiles de commercialiser à partir de 2009 une flotte qui émettra 22% de carbone et autres gaz à effet de serre en moins d’ici à l’horizon 2012 et 30% de moins en 2016. Une mesure qui a depuis été adoptée par dix autres Etats américains.
En avril, confronté aux pressions d’une douzaine d’Etats, de grandes villes et d’associations de défense de l’environnement qui avaient saisi la Cour Suprême, George W. Bush avait fini par assurer qu’il prenait « ce problème très au sérieux » et par reconnaître l’impact de l’action humaine sur l’effet de serre. Le mois suivant, il promettait d’organiser des réunions avec les principaux pollueurs de la planète afin de parvenir, à la fin 2008, à un consensus sur un objectif de réduction des émissions de CO2 d’ici 2050.
En juin, il déclarait vouloir « travailler avec » le G8 « à un accord post-Kyoto » sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre… tout en excluant un accord chiffré de réduction des émissions.
Au delà de la pression internationale qu’il semble ignorer depuis l’an 2000, Monsieur Georges Bush doit désormais composer avec les nombreuses voix qui s’élèvent en faveur d’un engagement immédiat des Etats Unis pour « lutter contre le changement climatique » : de Arnold Schwarzenegger qui veut faire de la Californie un état exemplaire au Concert Live Earth du 07.07.07 sur tous les continents, en passant par l’engagement de Léonardo Di Caprio dans la lignée de celle d’Al Gore …