Le WWF sera présent au sommet du G20 à Cannes les 3 et 4 novembre prochains afin de recommander une économie plus respectueuse de l’environnement. A l’occasion du sommet du G20, actuellement présidé par la France, les dirigeant(e)s des plus grandes économies du monde seront rassemblés à Cannes pour se pencher sur les solutions à mettre en œuvre pour sortir de la crise économique mondiale.
Le sommet du G20 est aussi une opportunité que doivent saisir les chefs d’Etat pour basculer vers une économie plus respectueuse de l’environnement. En vue d’atteindre cet objectif, le WWF recommande les dispositifs suivants : 1/ La mise en place de financements innovants Le WWF demande au G20 la mise en place au niveau international de nouveaux mécanismes de financement innovants pour le climat, le développement et la biodiversité : le G20 doit envoyer un signal politique fort à la communauté internationale en vue d’obtenir un engagement sur les financements innovants lors de la Conférence des Parties de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques à Durban en décembre 2011. La taxation des « bunkers » des secteurs maritime et aérien représente à elle seule un potentiel de 6 à 12 milliards de dollars par an. Pour parvenir à mobiliser les 100 milliards de dollars par an promis lors du sommet de Copenhague, les pays développés doivent mobiliser des sources de financement complémentaires, avec en particulier une taxe sur les transactions financières ; une telle mesure permettrait d’imposer les transactions de marché impliquant des actions, obligations, devises et produits dérivés afin, notamment, de contribuer au financement de la lutte contre le changement climatique. ► Le G20 doit envoyer un signal politique fort à la communauté internationale en vue d’obtenir un engagement sur les financements innovants lors de la Conférence des Parties de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques à Durban. La mise aux enchères ou taxation des « bunkers » des secteurs maritime et aérien représente à elle seule un potentiel de 6 à 12 milliards de dollars par an selon le AGF (Advisory Group on Finance) et les modalités techniques de mise en œuvre de ces financements sont à l’étude dans les deux organisations internationales de l’aviation (ICAO) et du transport maritime (IMO). Pour parvenir à mobiliser les 100 milliards de dollars par an promis lors du sommet de Copenhague, les pays développés doivent mobiliser des sources de financement complémentaires, avec en particulier une taxe sur les transactions financières présentant un potentiel considérable. Pour ces deux sources, les bunkers et la taxe sur les transactions financières, le principe de « no net incidence » doit être mis en œuvre afin de garantir aux pays en voie de développement que leurs économies ne seront pas négativement impactées par ces nouvelles mesures. 2/ La réforme des subventions aux énergies fossiles Dans le contexte de la croissance actuelle, les questions liées à l’énergie et au changement climatique sont d’une importance capitale. Le WWF encourage le G20 à réformer les subventions aux énergies fossiles et à lier ces réformes à la nécessité d’investir massivement dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, le climat et le soutien aux pays en développement, à garantir l’accès à l’énergie pour tous et un approvisionnement en énergie entièrement renouvelable d’ici 2050. Dans son récent rapport Pour une énergie 100% renouvelable d’ici 2050, le WWF affirme qu’un approvisionnement en énergie entièrement renouvelable en harmonie avec la nature est possible d’ici 2050. Le WWF encourage le G20 à réformer les subventions aux énergies fossiles et plus précisément à : ► Mettre en place un système de référence international pour les comptes rendus des Etats et assurer une révision indépendante des rapports nationaux par des experts d’organisations internationales compétentes ; ► Inclure dans la déclaration une définition complète et transparente des subventions aux énergies fossiles; ► Adopter un calendrier précis pour la mise en œuvre des plans d’action de réforme des subventions des énergies fossiles; ► Lier ces réformes à la nécessité d’investir dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, le climat et le soutien aux pays en développement; ► Garantir l’accès à l’énergie pour tous. 3/ Gouvernance et économie verte Le WWF incite le G20 à prendre le leadership en matière d’économie verte et à adopter de nouveaux indicateurs de durabilité reflétant les trois piliers sociaux, environnementaux et économiques du développement durable : adoption par exemple des indicateurs de performance environnementale aux côtés des indicateurs « classiques » tel le PIB (un indicateur sur les émissions de CO2, sur l’eau, sur la biodiversité, etc.) ; investissement dans des politiques qui favorisent la création d’emplois verts ; mise en place des plateformes intergouvernementales afin d’assurer une meilleure gouvernance environnementale et de permettre une coordination des décisions entre les différents ministères. Aujourd’hui, nous épuisons notre capital de ressources naturelles, favorisant ainsi l’émergence d’une crise environnementale majeure alors même que la transition vers une économie verte représente un formidable potentiel de croissance et de création d’emplois. Le WWF encourage le G20 à : ► Investir dans la protection du capital naturel afin de favoriser l’émergence d’une économie verte ; ► Adopter des indicateurs de performance environnementale aux côtés des indicateurs « classiques » tel le PIB ; ► Investir dans des politiques qui favorisent la création d’emplois verts ; ► Mettre en place des plateformes intergouvernementales pour une meilleure gouvernance environnementale. Le WWF poursuit son action quotidiennement pour la mise en place de ses solutions et sera présent à Cannes lors du sommet du G20 pour faire entendre sa voix.
G20 : tenir les promesses sur l’alimentation et la taxe !
« La présidence française s’attachera à assurer la
sécurité alimentaire dans les pays vulnérables …
La France souhaite trouver des solutions collectives
pour réduire la volatilité excessive des prix des matières
premières, notamment agricoles (…) qui menace la
sécurité alimentaire des populations »
Nicolas Sarkozy, priorités de la présidence française du G20, janvier 2011.
G20 : tenir les promesses sur l’alimentation et la taxe !
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Alors que la crise humanitaire dans la corne de l’Afrique sévit toujours (12 millions de personnes souffrent de la faim dans cette region suite à la sécheresse de ces derniers mois) et que le PAM alerte sur une potentielle crise alimentaire au Niger et en Mauritanie, le G20 doit adopter les mesures nécessaires pour soutenir la production agricole vivrière dans les pays vulnérables et réguler la volatilité des prix de la nourriture.
Soutenir l’agriculture vivrière du Sud
L’agriculture familiale et paysanne produit près de la moitié de la nourriture au niveau mondial, mais ne bénéficie pas d’un soutien suffisant des Etats membres du G20, parmi les plus riches de la planète. Ceux-ci n’ont pas tenu leur engagement de constituer un fond mondial de 22 milliards de dollars comme annoncé à l’Aquila en 2009.
« Or les financements sont essentiels pour permettre à l’agriculture familiale de nourrir les populations rurales dans les pays du Sud. Au Burundi, le gouvernement manque de ressources pour fournir une aide adaptée aux femmes agricultrices » déplore Marie-Consolate Ntahimpera, agricultrice du Burundi, vice-présidente de Synergie des Associations des Femmes Contre les Violences Faites aux Femmes. « Notre gouvernement a développé des réserves alimentaires communautaires au niveau local à Kirundo. Cela fonctionne bien, mais nous manquons des financements nécessaires à une pérennisation de ces projets pilotes. Un peu d’argent aujourd’hui permettrait de prévenir de futures crises très coûteuses. »
Adopter des mesures significatives de régulation des prix de la nourriture
Le plan d’action des ministres de l’agriculture du mois de juin avait accouché d’une souris, malgré les efforts affichés de la France et les propositions claires portées par la société civile. Pour Antoine Bouhey, chargé de mission souveraineté alimentaire chez Peuples Solidaires/ActionAid, « Depuis la crise alimentaire de 2007-2008, on connaît les mesures que la communauté internationale et le G20 peuvent adopter immédiatement: au minimum créer et renforcer des réserves alimentaires aux niveau local, national et régional permettant de réguler les prix de la nourriture ; imposer des limites aux positions prises par les spéculateurs sur les marchés agricoles ; et abandonner les soutiens publics aux agrocarburants. Pour l’instant, on en est loin, les mesures adoptées en juin par les ministres se contentant d’avancées encore insuffisantes. Le G20 doit faire un effort significatif durant ce sommet pour aller plus loin ».
Fiscalité
Au G20 de Londres en 2009, le G20 avait exprimé la volonté d’agir contre les paradis fiscaux, déclarant qu’ils les sanctionneraient pour protéger les finances publiques mondiales et celles des pays du Sud. Pour Martin Hearson, chargé des questions fiscales pour ActionAid : « La fin du secret bancaire annoncée en fanfare en 2009 par le G20 n’a pas eu lieu ! Au contraire, de nombreux Etats membres du G20 ont conclu depuis 2009 des accords bilatéraux avec la Suisse qui renforcent ce secret bancaire. »
Porte-paroles :
– Antoine Bouhey – Chargé de mission souveraineté alimentaire – Peuples Solidaires/France
– Marie-Consolate Ntahimpera – agricultrice du Burundi –
– Martin Hearson – Représentant du Tax Justice Network – ActionAid/Royaume Uni
– Maira Martins – Agriculture et agrocarburants – ActionAid Brésil de Synergie des Associations des Femmes Contre les Violences Faites aux Femmes
– Soren Ambrose – Chef du service politique – ActionAid – Finances, agriculture/alimentation, autres
– Neil Watkins – Agriculture, APD, Fiscalité – Directeur du service politique – ActionAid Etats-Unis
Contact :
– Julie Nouvion – julienouvion@gmail.com