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Et si le confort thermique en automne et en...
Économie circulaire Made in France

Floriane Addad, fondatrice de MyTroc pour une technologie sobre et utile, au service du vivant

Une référence du réemploi digital adoptée par de grands groupes publics et privés

Il y a dix ans, MyTroc naissait avec une idée simple : prouver qu’une technologie pouvait être utile, sobre et au service du vivant. Dix ans plus tard, la start-up française est devenue une référence du réemploi digital, adoptée par plus de 20 grands groupes publics et privés. Floriane Addad, la fondatrice autodidacte qui a prouvé qu’un autre modèle de croissance est possible, sans réseau ni levée de fonds, a accepté de répondre aux questions essentielles Cdurable !?


MyTroc fête ses 10 ans

En 2025, MyTroc célèbre dix années d’impact et d’engagement pour une économie plus circulaire. Née avec 2 000 euros et une idée claire, la startup est devenue une référence du réemploi digital pour les grands groupes, prouvant qu’on peut concilier écologie et performance économique.

En 2015, Floriane Addad fonde MyTroc, animée par une conviction simple :

la tech peut servir le vivant.

Autodidacte, sans réseau ni fonds, elle choisit une voie à contre-courant de la startup nation : une technologie sobre, utile et humaine dans un secteur dominé par les géants du numérique.

Avec son équipe, ils ont construit pas à pas, l’une des références françaises du réemploi digital en France, et créé une alternative concrète au gaspillage et à la surconsommation.

Une réussite rare dans un secteur où seulement un tiers des entreprises dépassent 10 ans, où moins de 12 % des startups sont dirigées par des femmes, et où seulement 2 % des fonds sont levés par des fondatrices. (Sources : INSEE / Bpifrance, baromètre BCG x SISTA, Vernimmen)


ReSHOP : la nouvelle étape
Déjà adoptée par plusieurs grands comptes, ReSHOP marquera dès 2026 une nouvelle étape pour maximiser l’impact environnemental du réemploi à encore
plus grande échelle. ReSHOP permet de relier acteurs publics et privés autour d’une même logique d’économie circulaire, en facilitant le réemploi, la revente et la mutualisation de matériel entre grands groupes, TPE-PME et associations. “Avec ReSHOP, MyTroc veut faire du réemploi professionnel une norme, et non une exception” dit Camille Galliot, responsable grands comptes MyTroc Pro.

Avec 71 000 tonnes de CO₂ évitées, 1,2 millions d’objets sauvés pour 550 000 utilisateurs et une nouvelle plateforme ReSHOP prête à transformer la façon dont les entreprises mutualisent leurs équipements, MyTroc illustre qu’un autre modèle de croissance est possible.

Derrière ces chiffres, une équipe engagée de 9 personnes et une technologie innovante, développée en France, qui accompagne aujourd’hui la transformation circulaire des plus grands groupes publics et privés.

Floriane et ses associés ont commencé par lancer mytroc.fr, la plateforme grand public. Très vite, pour continuer à faire vivre le projet, ils lancent mytroc.pro pour les grands groupes et organisations.

Ses plateformes permettent aux particuliers, acteurs publics et grands groupes de prolonger la vie des équipements, de réduire leur empreinte carbone, le gaspillage, tout en faisant des économies.

Ces dix années n’ont pas toujours été faciles. J’ai connu les doutes, les refus, les nuits blanches, les obstacles liés au fait d’être une femme dans la tech. Mais nous avons tenu, parce que nous savions pourquoi nous nous battions : prouver qu’on pouvait faire de la tech autrement, au service du vivant


Floriane Addad, fondatrice et CEO de MyTroc

Une gouvernance démocratique et une utilité sociale

MyTroc fonctionne différemment jusque dans sa gouvernance. Agréée ESUS et devenue entreprise à mission, elle cultive un modèle démocratique, où chaque membre participe aux décisions. L’équipe, installée dans une ancienne maison du 12ᵉ arrondissement, incarne au quotidien cet équilibre entre performance et bienveillance, sous les yeux de Noisette, le chat de la maison.

À contre-courant des codes de la startup nation, MyTroc est la preuve vivante que l’économie à impact peut être rentable, durable et féminine.

Question Cdurable à Floriane Addad

Questions Cdurable !
ou c’est pas durable ?

Au delà des communiqués, qui ne présentent souvent que le « meilleur », et du développement durable, qui ne fait que tenter de réduire les impacts négatifs d‘une croissance volumique, nous nous intéressons aujourd’hui, 20 ans après la création de Cdurable.info, aux questions essentielles. Alors Cdurable ou pas ? 9 questions qui nous invitent à Comprendre pourquoi Agir & Coopérer avec le vivant, Cdurable !

Floriane Addad, fondatrice de MyTroc

1 – Quelle est la nature de ma relation avec le vivant ?

Depuis mon enfance, j’entretiens un lien très intime avec le vivant.

J’ai toujours ressenti une sensibilité profonde à ce qui nous entoure, les animaux, les plantes, les écosystèmes fragiles. Très jeune j’ai pris conscience de la souffrance que les activités humaines infligent aux autres espèces, et cela m’a donné un sentiment, parfois trop fort, de responsabilité et de culpabilité.

Enfant, je recueillais déjà des oiseaux blessés, des chats abandonnés, des plantes oubliées ou des boutures que je replantais pour leur donner une chance de vivre.

Je le fais encore aujourd’hui. J’ai déjà apporté plusieurs fois des pigeons blessés dans nos locaux et on a même accueilli pour la journée, il y a peu de temps, un chevreau handicapé.

Cette relation est le fil rouge de ma personnalité, elle guide mes choix personnels, mes engagements, et même mon travail. Elle influence profondément ma manière d’être…

2 – Quels sont mes besoins et choix d’alimentation ?

Je suis végétarienne depuis plus de 10 ans. 

Mon fils de 7 ans l’est également depuis sa naissance, et il est en parfaite santé, preuve que l’on peut grandir et vivre très bien avec une alimentation respectueuse de l’environnement. J’achète mes fruits et légumes en circuit court et non traités

Pour moi, notre façon de consommer agit directement sur la nature. Chaque achat est comme un bulletin de vote.

C’est un choix qui peut encourager soit des pratiques destructrices, soit des modèles plus durables et respectueux. Mon alimentation est donc une manière de participer, à mon échelle, à un monde plus juste.

3 – Quel est mon type d’habitat actuel et idéal ?

Aujourd’hui, je vis à Paris, dans un appartement avec mon fils et nos trois chats.

C’est un habitat urbain qui me permet d’être proche de mon travail, mais qui ne répond pas totalement à mon besoin d’être entourée de nature et de vivant. J’essaie néanmoins de recréer un petit écosystème chez moi. J’ai un balcon envahi de plantes, et plus d’une trentaine d’espèces différentes à l’intérieur. Tous mes meubles sont en bois ou en métal, des matériaux le plus naturel possible.

Mon habitat idéal serait une maison à la campagne, ou à la montagne, avec un grand terrain, des arbres, du silence, un potager, et suffisamment d’espace pour accueillir des animaux blessés ou abandonnés. C’est d’ailleurs l’un de mes projets d’avenir. 

4 – Quelle activité physique favorise mon bien-être et ma santé 

Je pratique régulièrement du sport en salle, ce qui m’aide à maintenir mon équilibre physique et mental au quotidien.

Mais ce qui nourrit vraiment mon bien-être, ce sont les activités en pleine nature.

A chaque vacances, je fais de longues randonnées. Cet été, nous avons même dormi en pleine nature à plusieurs reprises, une expérience qui me reconnecte profondément au vivant, et à mes propres rythmes.

5 – Quels savoirs m’ont permis de comprendre comment agir ?

C’est avant tout ma perception du vivant, ma sensibilité et mon intuition qui m’ont permis de comprendre comment agir.

J’avais bien sûr des connaissances générales en développement durable, mais j’ai surtout appris au fur et à mesure, en créant MyTroc il y a dix ans. J’ai étudié en profondeur les enjeux de l’économie circulaire, du réemploi, de la réduction des déchets et des impacts environnementaux.

J’ai compris comment fonctionnent les systèmes, où se situent les leviers d’action, et comment des solutions simples peuvent transformer des pratiques à grande échelle.

En côtoyant des associations, des entreprises publiques, et en travaillant avec des hôpitaux, des collectivités et des grands groupes, j’ai aussi saisi les réalités du terrain, les contraintes, mais aussi les possibilités d’action réelle lorsqu’on mobilise les bons outils et les bonnes volontés.

Et ça n’a pas toujours été facile de bousculer les « codes ».

6 – Quel est le sens que je donne à mon travail ?

Le sens de mon travail est d’agir concrètement pour réduire notre impact sur le vivant et sur les ressources naturelles.

À travers MyTroc, j’ai voulu créer des solutions simples, accessibles et utiles, qui permettent de consommer autrement, de réduire le gaspillage, les déchets, les émissions de CO2. C’est ma manière de contribuer à un modèle plus juste et plus durable.

Mon travail n’est pas seulement une activité professionnelle, je dirais que c’est un engagement, un acte militant ou de résistance. Chaque plateforme de réemploi que nous déployons, chaque organisation que nous aidons à changer ses pratiques, renforce ma conviction que l’on peut transformer les choses à grande échelle en partant de gestes très concrets.

Le sens, pour moi, c’est d’utiliser nos compétences, notre énergie et nos parcours pour servir le vivant, limiter la destruction du monde, et proposer des alternatives qui donnent à chacun la possibilité d’agir.

7 – Quelle énergie j’utilise pour mes usages et besoins ?

J’utilise aujourd’hui l’électricité fournie par EDF. J’ai longtemps été chez Enercoop, car c’était important pour moi de soutenir un fournisseur réellement engagé. Mais les coûts étaient devenus trop élevés, et je n’avais malheureusement plus les moyens de maintenir ce choix. Pour autant, je reste très attentive à ma consommation.

Je privilégie les appareils économes, j’évite de surchauffer, j’utilise la lumière naturelle au maximum et j’essaie de réduire mes usages superflus.

Pour ce qui est de mes déplacements à Paris et Ile de France, je marche ou j’utilise les transports en commun, parfois un Vélib’. 

« L’argent est devenu beaucoup trop puissant » – Troc ton interview avec Cyril Dion

8 – Quelle est mon implication personnelle pour l’intérêt général ?

Mon engagement pour l’intérêt général est au cœur de ma vie, autant dans mes choix personnels que dans mon travail.

J’ai créé MyTroc il y a dix ans pour lutter contre la précarité, la surconsommation et le gaspillage. J’ai travaillé sans salaire les 4 premières années. Aujourd’hui, nos plateformes de réemploi permettent à des millions d’objets d’être réutilisés au lieu d’être jetés, et accompagnent de grandes organisations dans leur transition écologique.

C’est ma manière de contribuer très concrètement au bien commun.

J’ai également organisé et animé bénévolement de nombreuses Troc Parties solidaires à Paris, pour créer du lien, aider des personnes en situation de précarité à accéder gratuitement à des biens essentiels, tout en limitant la surconsommation.

Chez MyTroc, j’ai instauré des pratiques cohérentes avec nos valeurs : nos “mercredis pizza veggie” et tous les repas offerts par l’entreprise sont végétariens. C’est une manière simple de sensibiliser, sans contrainte, et de montrer que l’alimentation végétarienne peut être savoureuse, conviviale, joyeuse et respectueuse du vivant. Chaque année, avec l’équipe, nous faisons un marathon pour une cause qui nous tient à cœur

Je fais également du bénévolat lors d’événements dédiés à la cause animale, et j’accompagne, lorsque mon emploi du temps me le permet, des jeunes entrepreneuses et entrepreneurs sur des aspects administratifs, stratégiques ou liés au développement de leurs projets. 

MyTroc : 10 ans d’impact avec vous !

9 – Quels sont mes liens de coopération et ma participation au bien commun ?

Depuis dix ans, mon travail repose sur la coopération.

Avec MyTroc, j’ai construit des liens étroits avec plusieurs acteurs de l’ESS et de l’économie circulaire

Floriane Addad a parlé Troc et consommation responsable sur France 5

J’ai participe de nombreuses fois à des dynamiques de partage et des évènements au sein de l’ESS : échanges de pratiques, co-construction de projets, participation à des événements sectoriels, collaborations autour du réemploi et de la réduction des déchets.

Ces espaces me permettent d’apporter ma vision, mais aussi d’apprendre des autres et de contribuer à structurer un écosystème solidaire.

MyTrocPro : Plateforme de Réemploi de matériel professionnel

10 – Carte blanche : quel est le message essentiel que vous souhaitez faire passer à nos visiteurs ?

J’aimerais dire que chacun et chacune peut agir et devrait agir.

On sous-estime souvent la force des petits gestes, alors qu’ils sont souvent le point de départ de changements beaucoup plus grands. Un geste simple peut inspirer une autre personne, qui elle-même en inspirera d’autres… et c’est ainsi que les transformations collectives commencent. Il n’y a pas de “petite” action ou de petits pas. Essayer, même imparfaitement, compte déjà énormément. Ce qui importe c’est d’avancer.

Face à  l’urgence écologique et à l’effondrement silencieux du vivant, nous ne pouvons plus attendre.

Toutes les espèces, y compris la nôtre et les générations futures, dépendent de ce que nous choisissons de faire aujourd’hui.

Mis bout à bout, nos gestes individuels et nos engagements collectifs peuvent réellement changer les choses. C’est de cette manière que nous pourrons construire un monde plus durable, plus juste et plus respectueux du vivant.

Nous n’avons pas le choix…

 

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Cyrille Souchehttps://cdurable.info
Directeur de la Publication Cdurable.info qui a eu 20 ans en 2025 ... L'occasion de supprimer la publicité et d'un nouveau départ vers un webmedia participatif d'intérêt général, avec pour raison d'être de recenser et partager les solutions utiles et durables pour agir et coopérer avec le vivant. Je suis ouvert à toute proposition de coopération mutuellement bénéfique au service de la régénération du vivant.

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