Un anglais a mis des masques anti-pollution sur le visage de statues de l’armée de terre cuite du premier empereur de Chine Qin Shihuang, exposées en ce moment au British Museum à Londres.
Ces masques portaient la mention « Pollueur : émission de CO2« , une forme de contestation écologiste contre la Chine 1er émetteur d’émissions de CO2.
Effectivement la situation paraît de plus en plus alarmante en Chine… vendredi dernier, les autorités de Pékin ont recommandé aux enfants et personnes âgées de ne pas sortir de chez eux tellement le brouillard de pollution était épais. « Portez un masque si vous prévoyez de sortir aujourd’hui », a déclaré le responsable du service météo de Pékin. La pollution de l’air est principalement due aux émissions des centrales thermiques à charbon et au trafic automobile. (voir l’article Le coût de la pollution en Chine )
Mais comment reprocher aux pays émergents de « croitre » et de se développer en consommant trop d’énergie et en polluant trop alors que nous avons fait la même chose pendant notre Révolution industrielle ?
C’est bien là tout l’enjeu du développement durable !
Plutôt que se comporter en donneurs d’ordre, il est de notre devoir d’impulser le changement (et non pas l’imposer) tout d’abord en faisant preuve d’exemplarité mais aussi en sensibilisant les pays émergents aux risques d’une croissance économique au détriment du social et de l’environnement. Avec notre recul et notre retour d’expériences, nous pouvons les aider à changer de cap sans reproduire les mêmes erreurs que nous. Surtout qu’à l’échelle démographique de la Chine (et de l’Inde), les risques seraient d’autant plus graves. Il est donc primordial de ne pas reproduire les même modes de production et de consommation.
Contrairement à l’Ile de Pâques qui s’est effondrée isolée au fin fond de la planète, nos sociétés modernes ont la chance de pouvoir communiquer et s’informer en temps réel et donc de pérenniser les connaissances et véhiculer les savoirs-faires et nouvelles technologies efficacement.
Mais de toutes façons, le gouvernement chinois n’est pas dupe ; bien-sûr sa prise de conscience environnementale est assez récente (avant il fermait plutôt les yeux devant l’évidence pour protéger son droit sacré à la croissance), mais aujourd’hui il admet les limites du développement économique du pays qui engendrent des dommages collatéraux coûteux et irréversibles (grogne sociale, pollution, etc.).
Et beaucoup de mesures lancées dernièrement par les autorités chinoises montrent une volonté de changer : projet de loi pour alourdir les amendes pour pollution et inefficacité énergétique industrielle, modifications fiscales pour privilégier la préservation des ressources et de l’environnement, projets d’écoparcs industriels où les entreprises mutualisent l’utilisation de certains matériaux et où les déchets des uns peuvent servir de ressources aux autres et d’écovilles ex. Dongtan qui prévoit de pouvoir loger entre 50 000 et 80 000 habitants en 2010 et 500 000 en 2050, etc.
En mars dernier, au premier jour de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire à Pékin, le Premier ministre Wen Jiabao a même placé l’économie chinoise sous le signe du développement durable.
L’économiste anglais Nicholas Stern a demontré que « si l’on ne réagit pas, les coûts et les risques globaux du changement climatique seront équivalents à une perte d’au moins 5 % du PIB mondial chaque année, aujourd’hui et pour toujours. Si l’on prend en compte un éventail plus vaste de risques et de conséquences, les estimations des dommages pourraient s’élever à 20 % du PIB ou plus. Par contre, les coûts de l’action, à savoir réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter les pires conséquences du changement climatique, peuvent se limiter à environ 1 % du PIB mondial chaque année. ».
Changer de cap, maintenant ou jamais.
« L’investissement que l’on fera au cours des dix à vingt prochaines années aura un effet profond sur le climat de la seconde moitié de ce siècle et au siècle suivant. »
C’est donc dans cette optique que la Chine doit repenser son économie. Les solutions existent, mais elles requièrent l’engagement de chacun et une politique appropriée pour inciter au changement.