Intitulé Investir dans le climat pour la croissance et le développement – Renforcer les contributions déterminées au niveau national (CDN), ce rapport de l’OCDE et du PNUD montre, données factuelles à l’appui, que la poursuite et le renforcement de l’action climatique constituent non seulement un impératif écologique, mais aussi un investissement stratégique dans la stabilité économique et la prospérité à long terme, qui procure toute une série d’avantages en termes de développement. Il décrit également comment procéder pour concrétiser les CDN au travers d’approches intégrées qui réunissent les stratégies pour le climat et le développement et créent les conditions de la mobilisation d’investissements en faveur de l’action climatique.

Les gouvernements du monde entier se trouvent à un moment décisif de l’action collective engagée contre le dérèglement climatique, sur fond d’incertitude mondiale, de vents contraires à la croissance et de tensions budgétaires. Malgré les progrès obtenus ces dix dernières années dans la lutte mondiale contre le changement climatique, les émissions planétaires de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau record en 2024. L’urgence est donc claire : les états, dont la France, doivent absolument redoubler d’efforts.
Il est établi que l’accélération de l’action climatique peut constituer un puissant levier de croissance en libérant un large éventail d’occasions à saisir et de dividendes du développement à recueillir.
Fruit des efforts conjoints de l’OCDE et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le rapport « Investir dans le climat pour la croissance et le développement : En faveur de CDN renforcées » vient enrichir le socle des connaissances dans ce domaine crucial. Il démontre que des politiques climatiques plus ambitieuses sont porteuses de gains d’efficacité, de productivité et d’innovation qui se traduiraient, en 2040, par un PIB mondial supérieur de 0.2 % à ce qu’il serait dans un scénario de maintien des politiques actuelles.
Un scénario de CDN renforcées, caractérisé par un risque moindre de survenue d’événements climatiques, permettrait d’éviter des pertes économiques significatives et d’accroître le PIB mondial de jusqu’à 13 % à l’horizon 2100.

Décomposition de l’évolution du PIB mondial entre le scénario de maintien des politiques actuelles et le scénario de CDN renforcées, en USD de 2021 (PPA)
Note : Ce graphique illustre l’évolution prévue du PIB mondial (en milliers de milliards USD constants de 2021, à parité de pouvoir d’achat (PPA))
dans le scénario de CDN renforcées pour les années 2030, 2035 et 2040, décomposée selon les principaux mécanismes reliant l’action
climatique aux résultats économiques. Les barres Politiques actuelles et CDN renforcées indiquent le niveau absolu du PIB mondial (en milliers
de milliards USD de 2021, à PPA) pour chaque année (avec une échelle différente pour l’axe des ordonnées chaque année). Les barres situées
entre les deux montrent l’effet additionnel des principaux mécanismes du scénario de CDN renforcées sur le PIB mondial par rapport au scénario
de maintien des politiques actuelles, le scénario de référence.
Source : Modèle ENV-Linkages de l’OCDE, avec des données issues des modèles NiGEM et GCEM de l’AIE. – StatLink 2 https://stat.link/s8tc0w
Scénario climatique ambitieux, via des contributions nationales renforcées : une hausse du PIB mondial de 13 % d’ici 2100
L’économie bas-carbone n’est pas un pari moral, selon Thomas PINET « C’est une structure plus efficiente« . Les politiques climatiques ambitieuses activent 4 leviers de croissance :
- 👉 Réduction des pertes climatiques (jusqu’à 3 % de PIB mondial évitées en 2050)
- 👉 Relance de l’investissement privé et public (jusqu’à +0,66 % de PIB d’ici 2040)
- 👉 Réaffectation des recettes fiscales (carbone) vers l’emploi et l’innovation
- 👉 Gains de productivité liés à l’efficacité énergétique

Pourcentage d’évolution du PIB dans le scénario de CDN renforcées en 2030, 2035 et 2040 par rapport aux niveaux de 2022, par groupe de pays
Note : Les régions et pays du modèle ENV-Linkages sont regroupés dans les catégories des pays en développement, des pays émergents ou
des pays développés selon leur revenu national. Les pays pétroliers sont les économies qui dépendent principalement de l’extraction et de
l’exportation de combustibles fossiles, indépendamment de leur niveau de revenus.
Source : Modèle ENV-Linkages de l’OCDE, avec des données issues des modèles NiGEM et GCEM de l’AIE https://www.iea.org/reports/global-
energy-and-climate-model. – StatLink 2 https://stat.link/hyv20n
En 2023, les énergies propres ont déjà généré 320 Md$ de PIB, soit 10 % de la croissance mondiale.

Une bascule déjà amorcée mais un risque d’inaction
Selon l’OCDE, un scénario d’incertitude politique ou d’une politique climatique floue ferait perdre 0,75 % de PIB dès 2030. « Parce qu’un signal brouillé retarde l’investissement privé et freine la transformation des chaînes de valeur« , confirme Thomas PINET
Les questions à se poser pour faire de la CSRD et de l’analyse de double matérialité une véritable boussole stratégique :
- → Quel ROI énergétique sur une CAPEX de décarbonation ?
- → Quel effet fiscal différé en jouant avec les mécanismes de tarification carbone ?
- → Quelle création nette d’emplois sur une transition supply chain / produit / bâtiment ?

Évolution dans le scénario « SDG Push 3.0 » (coup de pouce aux ODD) par rapport au scénario de transition vers une économie sobre en carbone et équitable, 2050
Note : Le scénario de transition vers une économie sobre en carbone et équitable correspond au scénario de CDN renforcées présenté ci-
dessus. Le scénario « SDG Push 3.0 » prévoit des efforts et des investissements supplémentaires par rapport à ceux décrits dans le scénario
de CDN renforcées pour atteindre les ODD. Ces efforts et investissements sont axés sur la promotion de la santé grâce à la modification du
régime alimentaire, l’amélioration des pratiques agricoles pour accroître la sécurité alimentaire, les dépenses sociales prioritaires dans les
infrastructures, l’assainissement, l’eau salubre et les technologies de cuisson modernes, ainsi que sur la réforme de la gouvernance afin de
renforcer l’efficacité des dépenses.
Source : Modèle International Futures Voir l’annexe A pour une description du modèle.
La transition coûte mais le coût de l’inaction reste systémique
Pour Thomas PINET, « les décideurs qui n’intègrent pas la dimension économique de la politique climatique prennent un risque d’obsolescence stratégique. Et pour ça il faut avoir une véritable vision à long terme. »

Investir dans le climat pour la croissance et le développement
Ce rapport montre que, selon toute vraisemblance, des CDN ambitieuses, réalisables et de nature à attirer des investissements accéléreraient l’instauration d’une croissance inclusive tout en réduisant fortement les émissions durant les 15 prochaines années, du fait de la hausse des investissements dans les technologies propres, de l’amélioration de l’efficacité énergétique et au réinvestissement stratégique des recettes tirées de la tarification carbone. D’ici à 2040, l’intensité d’émission mondiale serait divisée par deux par rapport aux niveaux actuels.
De même, le rapprochement des politiques du climat et de développement ferait sortir 175 millions de personnes supplémentaires de l’extrême pauvreté d’ici à 2050, améliorerait la santé publique, grâce à une meilleure qualité de l’air, et renforcerait la sécurité énergétique et l’accès à l’énergie.
Les CDN1 de 2025 sont l’occasion de concrétiser les promesses de croissance et de développement offertes par une action climatique ambitieuse.
Il est impératif que les États intègrent leurs CDN dans des plans de développement plus larges pour en libérer tout le potentiel. De plus, les administrations publiques ont besoin de stratégies de financement et d’investissement spécifiques pour mobiliser toutes les sources de fonds possibles, secteur privé inclus, au service de la mise en œuvre des CDN.

L’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’OCDE aident les pays à renforcer leurs CDN, notamment à travers les cadres de financement nationaux intégrés et la Promesse climatique (Climate Promise), initiative phare du PNUD.
À l’approche de la nouvelle Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30) qui se tiendra à Belém (Brésil), l’OCDE et le PNUD restent déterminés à aider leurs pays membres et partenaires à développer des CDN ambitieuses et efficaces.
Ensemble, au moyen d’une action décisive, fondée sur des données probantes, et d’une coopération internationale renforcée, nous serons en mesure d’assurer durablement une prospérité, une résilience et un développement qui profitent à tous et toutes et aux nombreuses générations à venir.
Matthias Cormann, Secrétaire général OCDE & Achim Steiner Administrateur PNUD
- Contributions Déterminées au niveau National pour l’action climatique, suite à l’Accord de Paris ↩︎