A l’occasion du Forum mondial de l’eau et du Forum alternatif mondial de l’eau, Altermondes propose un numéro spécial sur l’eau, cette ressource rare et précieuse, en partenariat avec France Libertés, la Coalition eau et l’Effet Papillon.
L’eau traverse tous les enjeux et débats du moment : partage des ressources planétaires, respect des droits humains, maintien des services publics, défis alimentaire et énergétique, croissance verte et durable… Partout dans le monde, des millions de citoyennes et citoyens agissent localement pour obtenir ce que la communauté internationale ou leur gouvernement sont incapables de leur fournir : de l’eau potable et un assainissement a minima. Partout, des femmes et des hommes s’organisent pour protéger un lac ou une rivière, combattent l’installation d’un barrage… Ce numéro d’Altermondes en témoigne à travers les voix des sociétés civiles d’Afrique du Sud, Brésil, Burkina Faso, Cambodge Djibouti, Inde, Madagascar, Maroc, Moldavie, Niger, Ouzbékistan, Palestine, Philippines, Sénégal, Tchad … Aujourd’hui, encore trop souvent, c’est la volonté politique qui manque pour relever le défi.Edito – Harmonie citoyenne
Par David Eloy, rédacteur en chef Les révolutions arabes font la une des médias sans discontinuer depuis plus d’un an. La crise économique, financière et surtout sociale n’en finit plus de déchirer le continent européen. En France, la campagne présidentielle est sur toutes les lèvres. Et pourtant… Rarement on aura aussi peu ou mal parlé des relations internationales, a fortiori de celles avec les pays du Sud. Et que dire de l’absence de la solidarité internationale ? Nous vivons dans un monde d’interdépendances – la crise, s’il en était besoin, nous le prouve chaque jour – où les drames des uns devraient susciter l’élan des autres. Loin s’en faut. Aucune spirale de l’échec n’est irréversible, ni même inéluctable. Pour peu que l’on sache ouvrir les yeux, bousculer ses certitudes et réévaluer ses jugements, les solutions se trouvent parfois à portée de main. Le bon sens populaire, railleront certains. Plutôt la volonté et la force des populations à se réapproprier leur avenir et à trouver des réponses aux défis – pourtant parfois énormes – qu’elles affrontent. L’eau en est un exemple éclairant : encore aujourd’hui, plus de 900 millions de personnes n’ont toujours aucun accès à une eau potable. Or, pour garantir le droit à l’eau, né tardivement sur les fonds baptismaux onusiens en 2010, nul besoin forcément d’ouvrages gigantesques ou de technologies complexes, onéreuses et à l’avènement souvent reporté. Des solutions simples existent et ce qui manque surtout, c’est de la (bonne) volonté politique. Ce message parcourt le dossier que nous consacrons ce mois-ci à l’eau. Un message que nous avons choisi de décliner en plusieurs langues. En effet, à l’occasion du Forum mondial de l’eau et du Forum alternatif mondial de l’eau qui se dérouleront tous deux à Marseille, en mars, nous avons traduit et nous diffuserons ce dossier en anglais, arabe et espagnol. Au concert cacophonique des gouvernements, trop souvent incapables de s’entendre, qui plus est, sur des solutions acceptables par leur peuple, nous avons préféré faire entendre, en plusieurs langues, la voix des sociétés civiles prêtes à relever les défis de demain.Sommaire du dossier
I. ETAT DES LIEUX- Eau : revenir aux sources du problème. En 2015, plus d’une personne sur dix sera toujours privée d’accès à l’eau potable et près de 2,6 milliards de personnes n’auront pas accès à un assainissement de base. Une aberration, un scandale ! L’eau est un enjeu central dans tous les domaines de la vie, de l’économie. Plus que jamais la volonté politique est nécessaire pour relever les défis de l’eau et de l’assainissement. Etat des lieux et tour d’horizon en guise d’introduction. Par David Eloy – Altermondes
- Priorité à l’assainissement ! MOLDAVIE. Parmi les 2,6 milliards de personnes dans le monde qui ne sont par raccordées à un réseau d’assainissement, nombre d’entre elles vivent en Europe, au sens large. Entretien avec Oleg Rotari de l’association Ormax. Propos recueillis par Natalia Dejean | Women in Europe for a Common Future France (WECF France)
- Djibouti : ensemble contre la sous-nutrition. Propos recueillis par Camille Biet | ACF | Corne de l’Afrique
- Eau propre contre énergie sale… Les énergies non conventionnelles, comme les huiles et gaz de schistes, ont un impact sur les ressources en eau souvent sous-estimée. Pourtant, malgré tout, depuis une dizaine d’années, les projets d’exploitation de ces énergies se multiplient, alors même qu’aucune solution n’a été apportée pour retraiter les eaux contaminées. Laissera-t-on encore longtemps les choix énergétiques primer sur la préservation de l’eau ? Par Benjamin Sourice | Journaliste
- L’eau et l’assainissement : un droit humain. Le 28 juillet 2010, l’Assemblée Générale des Nations unies a reconnu explicitement le droit à l’eau et à l’assainissement comme un droit humain. Pourtant, il y a loin de la proclamation d’un droit à son respect effectif. En Afrique du Sud, pays qui a intégré le droit à l’eau dans sa Constitution, les populations mènent un combat permanent pour défendre ce droit. Par Léo Vuillermoz | Journaliste
- Maroc : l’eau entre la rue et la constitution. Par Mehdi Lahlou | ACME Maroc
- Plus de transparence pour l’eau. Créé en 2006, le Water Integrity Network est une ONG engagée dans la lutte contre la corruption dans le secteur de l’eau, un fléau qui, selon elle, ponctionne 15 à 40% du budget du secteur eau et assainissement. Entretien avec son directeur, Teun Bastermeijer. Propos recueillis par Philippe F. Nai | Journaliste
- Pour une économie écologique des biens communs. SOMMET DE RIO +20. Vingt ans après le Sommet de la Terre qui s’était déroulé à Rio de Janeiro, la communauté internationale se réunit de nouveau au Brésil, du 20 au 22 juin 2012, pour se pencher sur l’avenir de la planète. Le développement durable y cède la place à l’économie verte. Une perspective qui inquiète la société civile, soucieuse de préserver les biens communs de l’humanité. Par André Abreu | Groupe thématique eau | Comité facilitateur de la société civile pour Rio+20
- Agriculture : pas une goutte à perdre. L’agriculture est responsable de 70 % de la consommation d’eau sur la planète. Comment, dès lors, garantir la sécurité alimentaire dans des régions où cette ressource est rare ? Pour trouver des alternatives au modèle productiviste du Nord, de plus en plus de pays se tournent vers l’agro-écologie. Par Sarah Portnoï | Journaliste
- Les latrines, autofinancées, valorisées, banalisées. NIGER. Il en va de l’assainissement comme de l’agriculture. La préservation de la ressource en eau réside souvent dans des solutions adaptées aux spécificités et aux contraintes locales. Le projet d’accès à l’assainissement de la commune de Dogondoutchi au Niger en est la preuve. Entretien avec Souley Soumara Lacho 1 de l’ONG Rail Niger. Propos recueillis par Julie Tardieu | Journaliste
- La gestion communautaire, une réponse durable. On entend souvent dire que les populations n’ont ni les capacités, ni les moyens de participer aux choix stratégiques et à la gestion des services de l’eau. Pourtant, les exemples contraires abondent et démontrent que la participation et l’engagement de l’ensemble de la communauté sont au contraire de véritables conditions pour le succès des projets. Par Fabrice Bugnot | Journaliste
- Madagascar, le pari de l’eau propre. Par Agathe Konate | Journaliste
- Tchad, une population impliquée. Par Alice Gilloire | Journaliste
- Pas de barrage à la participation. BRESIL. Longtemps et vivement décrié par les populations locales pour ses conséquences sociales et environnementales, le barrage d’Itaipu, second plus grand barrage hydroélectrique au monde, s’appuie depuis 2003 sur le programme Cultivando Agua Boa, un programme socio-environnemental qui restaure la démocratie participative. Par Camille Liewig | Journaliste
- Gestion de l’eau : A contre courant des idées reçues. Des entreprises d’Etat incapables de fournir un service de qualité ou de développer leurs réseaux. Des entreprises privées préoccupées par la rentabilité plutôt que par la qualité du service. Cette vision dichotomique de la gestion de l’eau et de l’assainissement dans le monde est loin de la réalité. Et si, en fait, le meilleur choix était local… Par Camille Liewig | Journaliste