Chercheurs, ingénieurs, cadres ou étudiants des grandes écoles, ils sont de plus en plus nombreux à quitter des carrières tracées pour refuser de servir un système destructeur. Faut-il voir dans cette vague un simple phénomène individuel ou les prémices d’un basculement plus profond ? « Résistons » est l’analyse lumineuse du mouvement de désertion par Jeanne Mermet, une ingénieure en rupture.

« C’est à quel sujet ? La désertion. La désertion de qui, de quoi. La désertion comme acte politique, philosophique, poétique, pratique ? Déserter, c’est quitter quelque chose. C’est pas juste quitter, c’est refuser. »

Des ingénieures et ingénieurs préfèrent quitter la voie toute tracée que leur promettaient leurs grandes écoles pour s’engager collectivement, amorcer un virage écologique radical et dessiner d’autres modalités d’existence. Témoignages.
Refuser de nuire, refuser de dominer, refuser la guerre. Partant du phénomène de désertion des jeunes diplômé·es d’écoles d’ingénieurs dont elle est elle-même une protagoniste, l’autrice nous invite ensuite à conjuguer déserter à plusieurs personnes, plusieurs temps, plusieurs échelles : « Pouvons-nous déserter collectivement de la trajectoire sociale meurtrière et catastrophique dans laquelle nous sommes lancé·es ? »
Dans ce récit intime et engagé, Jeanne Mermet interroge le rôle des sciences et des techniques ainsi que celui des personnes qui les font, et propose des pistes pour prendre soin et refuser de nuire collectivement.

Pour Jeanne Mermet, ingénieure en rupture depuis 2019, la crise écologique est une guerre contre la nature, et la « transition écologique » la poursuite de cette guerre : une guerre que nous devons apprendre à déserter.
Entre sciences et militantisme, entre « refus de parvenir » et refus de dominer, ce manifeste enflammé – à la fois percutant et accessible – appelle à une nouvelle convergence des luttes et des classes, qui soit véritablement transformatrice. La profondeur historique et politique du mouvement de la désertion lui donne une portée générationnelle.

Parce que les ingénieurs ont joué un rôle central dans la construction de notre monde industriel, leur conversion écologique actuelle est un phénomène de haute importance. Et parce qu’on ne démantèlera pas ce système sans elles et eux, le regard de ces ingénieur·es en désertion, venant du cœur de la matrice, éclaire d’une façon cruciale notre situation.
Ancienne élève de l’école Polytechnique, Jeanne Mermet a choisi de renoncer à une carrière prestigieuse pour s’interroger sur le système élitiste et ses dérives.
Un appel à déserter déjà lancé par des étudiants lors de la remise des diplômes AgroParisTech 2022 :