La coalition Counter Balance, dont les Amis de la Terre sont membres, publie aujourd’hui un nouveau rapport qui révèle comment les prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) à des intermédiaires financiers et fonds d’investissements facilitent la corruption et l’évasion fiscale. Ces prêts à des banques ou des fonds aux exigences de rentabilités exorbitantes prennent une place de plus en plus importante dans le portefeuille d’investissement de la BEI en Afrique, région dans laquelle la Banque est censée agir pour la réduction de la pauvreté. Les auteurs de ce rapport concluent que dans les pays du Sud, ces pratiques financières vont à l’encontre de toute logique de développement. Ils demandent à la BEI de mettre fin à son implication dans ces fonds d’investissement et de revoir en profondeur ses financements aux intermédiaires financiers.
La BEI, banque de l’Union européenne, consacre aujourd’hui 37 % de ses investissements hors de l’Union européenne à des fonds d’investissement ou des intermédiaires financiers, supposés redistribuer l’argent à de petites et moyennes entreprises. « Cela veut dire que la BEI se détourne du financement de projets traditionnels pour investir dans des entités qui donnent la priorité à la maximisation des profits plutôt qu’à un développement soutenable » explique Antonio Tricarico, auteur du rapport [[La coalition « Counter Balance : Réformer la BEI » rassemble les ONG : CEE Bankwatch Network (Europe centrale et orientale), les Amis de la Terre (France), Urgewald and WEED (Allemagne), Campagna per la Riforma della Banca Mondiale (Italie), BothEnds (Pays-Bas), Bretton Woods Project (Royaume-Uni)]]. La BEI assure choisir des partenaires de confiance pour ces opérations. Pourtant, l’étude de Counter Balance révèle que ces transferts financiers sont entourés de la plus grande opacité, et que les déclarations de la BEI et de ses clients sont parfois contradictoires. Une situation inquiétante compte tenu du choix de ses clients par la BEI. Par exemple, en 2007, elle approuve un prêt de 50 millions d’euros à l’Intercontinental Bank, au Nigeria, dont le directeur est licencié deux ans plus tard et aujourd’hui poursuivi pour fraude bancaire, et notamment blanchiment d’argent et corruption. Le rapport constate également que les bénéficiaires de ses prêts sont souvent localisés dans des paradis fiscaux. 60 % des fonds d’investissements examinés par les auteurs sont ainsi enregistrés dans l’Ile Maurice. « La BEI est un acteur financier de poids, dirigé par les Etats-membres de l’Union européenne. Il est scandaleux qu’elle investisse dans des banques et fonds douteux. La France, qui est l’un des plus gros actionnaires de la BEI, doit s’opposer publiquement à ces pratiques » conclut Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers pour les Amis de la Terre.