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Coopératives : l’union fait la force

« Nous travaillons en meute, c’est plus efficace pour la croissance et l’emploi ». Ces propos d’Eric Plat (1), à la tête de la coopérative Atol les Opticiens, illustrent bien la stratégie poursuivie par de nombreuses coopératives. En effet ces dernières n’hésitent plus à se regrouper afin de décupler leur puissance commerciale dans un environnement concurrentiel toujours plus complexe. Pouvoir de négociation en hausse, économie d’échelle et compétitivité, les atouts sont nombreux. Et à terme, c’est tout le modèle coopératif qui pourrait s’en voir renforcé.

Sur les marchés, la taille compte

Le message est bien clair pour la Fédération des Artisans Coopérateurs du Bâtiment (FFACB (2)). Son président Dominique Picoron encourage depuis des années ses adhérents à se regrouper afin de se positionner sur un marché instable : « à plusieurs on est mieux armé pour résister à la conjoncture », explique-t-il. De quoi inciter les coopératives à montrer leurs muscles. Car dans ce contexte, la taille est un enjeu stratégique et le regroupement nécessaire. Déjà l’an passé, une étude du cabinet Xerfi suggérait aux coopératives de « trouver les moyens d’être de taille à exister face aux centrales d’achat ». Et même pour les coopératives disposant des dites centrales d’achats, augmenter par effet de taille la compétitivité de celles-ci profitent également à la compétitivité de l’ensemble des magasins. C’est ce que rappelle Nicole Vidal (3) dans son article « Rapprochement de coopératives : la promesse des sauts de compétitivité ». Elle y confirme les atouts des stratégies d’alliance ou de partenariat afin de prendre sa place sur un marché mondial et de positionner les coopératives comme des compétiteurs à part entière.

C’est d’ailleurs la voie poursuivie par les coopératives Sodiaal et A3Coop dont le rapprochement a donné naissance à un groupe pesant 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et qui collecte près de 20 % du lait français. Damien Lacombe (4), à la tête de Sodiaal, confiait vouloir « créer une coopérative de taille européenne avec des racines profondes dans chaque département ». Il s’agit d’affronter la concurrence européenne et de faire face aux quotas laitiers qui fragilisent les acteurs du secteur. Ce rapprochement offre ainsi au groupe une taille critique qui lui permet de mieux négocier le prix de son lait auprès des distributeurs. Or, si l’on en croit la guerre des prix aujourd’hui livrée dans tous les secteurs, cette stratégie pourrait bien séduire de nombreuses coopératives. Et les avantages ne s’arrêtent pas là : la consolidation induite par le regroupement ouvre aux coopératives d’autres perspectives.

Booster sa performance opérationnelle

En effet, la logique de concentration amorcée par certaines coopératives participe d’une politique de développement ambitieuse. En renforçant ainsi leurs fonds propres, elles se donnent la possibilité de mettre en œuvre des moyens techniques ou commerciaux qu’elles n’auraient pu développer indépendamment les unes des autres. Ceci est particulièrement le cas au niveau des fonctions supports, comme le montre le rapprochement entre les coopératives céréalières La Flandre et Noriap qui se sont unies en mai dernier pour créer ensemble l’Union Flandre Picardie. « Nous avons des synergies à développer dans la fourniture d’intrants, les OAD, sur le plan réglementaire, de l’informatique, de la logistique… dans toutes les fonctions support », explique Francis Hennebert, président de la Flandre. Les économies de structures et la diminution induite des coûts de fonctionnement sont la conséquence de ces synergies possibles.

Depuis, quelques années, la coopérative mise sur cette logique de mutualisation, puisqu’elle a créé auparavant un groupement d’achat avec Ucara, une autre coopérative du même secteur. Avec le regroupement, « nous voulions aller plus loin et avancer », précise le dirigeant. Une démarche qui a séduit Noriap comme en témoignent les propos de son président Jean-François Gaffet. « Cette association avec La Flandre va permettre une massification qui contribuera à la performance de nos coopératives. Ce nouveau partenariat répond complètement à notre schéma de développement », précise-t-il. A la clé, des économies d’échelle et un accroissement de la marge de manœuvre en termes de recherche et développement.

La force du modèle coopératif

En l’espace de vingt ans, le nombre de petites coopératives de moins de 20 salariés a été divisé par deux. Les coopératives montrent ainsi qu’elles peuvent adopter les mêmes stratégies que les entreprises « classiques » et faire émerger des leaders dans chaque filière. La concurrence internationale se durcit et les coopératives comptent bien assumer leur vocation concurrentielle. Mais il s’agit aussi de préserver leur identité propre, les regroupements ne portant pas atteinte à l’indépendance politique des entités ainsi regroupées. Au-delà de cette évolution, c’est bien la force du modèle coopératif qui est ici mise en exergue. Jusqu’à devenir un modèle d’avenir ? Résolument, oui, à en croire certains. « La coopérative, c’est un amortisseur de crise », justifie Dominique Picoron. Ce denier constate par ailleurs que les coopératives ont bien mieux résisté aux récentes turbulences que les autres acteurs d’un même secteur.

Un point de vue partagé par Eric Plat, par ailleurs président de la Fédération des enseignes du commerce Coopératif et Associé (FCA) : « pour la onzième année consécutive, notre modèle produit de la croissance et de l’emploi, puisque pour 1 % de croissance, on a connu une croissance de l’emploi de 3,5 %, en en créant 18 000 dans l’ensemble du commerce coopératif et associé, grâce à 1 200 points de vente supplémentaires ». Le PDG d’Atol avait d’ailleurs donné de la voix et interpellé Emmanuel Macron au sujet de la limitation de la durée des contrats d’affiliation qui serait un danger (5) pour le modèle coopératif. Preuve que l’union fait la force, l’amendement a été modifié sous la pression des coopératives qui entendent bien continuer sur leur lancée et gagner du terrain.

(1) http://www.lenouveleconomiste.fr/eric-plat-nous-travaillons-en-meute-cest-plus-efficace-pour-la-croissance-et-lemploi-27684/
(2) http://www.lemoniteur.fr/article/la-cooperative-d-artisans-du-batiment-un-amortisseur-de-crise-17980750
(3) http://www.economiematin.fr/news-rapprochements-de-cooperativeso-la-promesse-des-sauts-de-competitivite
(4) http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/sodiaal-leader-francais-lait-dans-cour-grands-09-01-2014-125697
(5) http://www.huffingtonpost.fr/eric-plat/loi-macron-commerce-cooperatif-associe_b_7305636.html

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