La crise, frein ou accélérateur de la consommation responsable ? C’est la question que pose Ethicity, cabinet de conseil en développement durable, à l’occasion de la sortie de l’enquête 2013 sur les attentes, sensibilités et comportements des Français en matière de consommation responsable, de développement durable et de RSE.
Elizabeth Pastore-Reiss, créatrice du cabinet Ethicity résume les résultats de l’étude 2013 : « Peu d’espoir mais j’agis quand même. Dans un contexte de perte de confiance dans l’avenir et dans les acteurs de la société, on avance malgré tout ! Pour cela, les consommateurs ont besoin d‘être rassurés sur les fondamentaux des produits : sécurité, traçabilité, qualité. Même si la confiance dans les entreprises baisse, ils attendent de celles-ci qu’elles les aident à faire les bons choix. Les arbitrages nécessaires avec la crise se font en préservant l’essentiel. La consommation responsable résiste, «l’achat malin» et la prise de conscience du gaspillage alimentaire progressent alors que les enjeux environnementaux passent au second plan. Plus que jamais, les Français veulent du concret, de l’information facilement accessible, de la proximité et être accompagné ! Poursuivre la pédagogie du développement durable , donner envie de changer de comportement en expliquant les bénéfices personnels est plus que jamais important, car, on voit que dans le temps cela fonctionne ». Des Français déprimés On ressent de plus en plus fortement la crise qui ne semble épargner personne, en tous cas dans les esprits. Le chômage, la précarité et le coût de la vie deviennent les premières inquiétudes et les seules qui augmentent. Pour 47% des Français, les choses ne peuvent que se détériorer dans l’avenir. Une perte de confiance envers les acteurs Tendance de fond depuis 10 ans, qui se renforce sous l’effet des récents scandales alimentaires et de la crise qui révèlent davantage les difficultés des politiques et des entreprises à rassurer le grand public. La confiance dans les grandes entreprises est au plus bas depuis 2004. Seulement 30% déclarent leur faire globalement confiance. Et seulement 43% (- 7 points vs 2012) déclarent croire les marques et entreprises quand elles s’engagent en matière de développement durable. Quant aux Etats, les Français ne sont plus que 36% (-6 points vs 2012) à considérer qu’ils ont un rôle important pour agir concrètement en faveur du développement durable. Le niveau des attentes monte, le besoin d’informations demeure très important, 80% (+ 4 points vs 2012) déclarent que les entreprises ne leur donnent pas assez d’informations sur les conditions de fabrication de leur produits. La consommation responsable résiste Dans ce contexte, la consommation responsable semble résister. 48% des Français déclarent avoir davantage privilégié les produits plus durables ces 12 derniers mois. Ils sont 24% (+ 4 points vs 2012) à déclarer être tout à fait d’accord sur le fait d’agir au service de leur conviction via leurs achats. Les Français expriment toujours une volonté de consommer mieux et non moins. Mais avec une exigence accrue sur les fondamentaux : la qualité et la traçabilité. Pour 62% d’entre eux (+10 points vs 2012), l’origine des matières premières est une information très importante qu’ils souhaiteraient voir apparaître sur les étiquettes des produits. Il en est de même pour le lieu de fabrication pour 51% (+2 points vs 2012). A noter, l’une des plus fortes progressions de l’enquête concerne la réduction du gaspillage : 31% (+ 12 points vs 2012) déclarent ne jamais jeter les fruits et légumes qui n’ont plus l’air suffisamment frais. En matière d’énergie, thème de la semaine du développement durable 2013, ils sont toujours 47% (stable vs 2012) à déclarer veiller systématiquement à réduire leur consommation d’énergie. Et pour 13% de la population, la pénurie d’énergie est citée au rang de principale ou deuxième préoccupation environnementale. Small is beautiful ! La perte de confiance renforce la volonté des consommateurs de se réapproprier leur consommation par des produits locaux. 88% (+ 3 points vs 2012) déclarent privilégier les entreprises qui ont préservé une implantation locale. 56% (+ 14 points vs 2012) déclarent qu’un produit permettant de consommer responsable doit être fabriqué localement. Pour 41% d’entre eux (+ 8 points vs 2012), le premier critère qui ferait acheter des produits du commerce équitable est le fait qu’il soit de fabrication française. Plus de proximité géographique, mais aussi avec le petit producteur ou la PME ! 77% déclarent faire plus confiance aux petites entreprises qu’aux grandes (+ 20 points vs 2004). Pour 31% d’entre eux, consommer malin c’est éviter les intermédiaires. Moins d’écologie, plus d’égologie Les préoccupations individuelles dominent : santé, sécurité, pouvoir d’achat, qualité, et remettent au second plan les préoccupations environnementales collectives (changement climatique, pénurie d’eau, pénurie d’énergie…) vs celles qui nous touchent directement comme la pollution. La consommation collaborative se confronte a un besoin de posséder qui reste toujours présent : 54% (+ 6 points vs 2009) déclarent ne pas être prêt à louer, échanger, acheter et utiliser à plusieurs leur moyen de transport (voiture, vélo…), 69 % (+6 points vs 2009) leur matériel high tech. Par contre ils sont plus nombreux à accepter ces nouveaux modes d’échanges pour des produits à usage peu fréquent (ustensiles de cuisine 51% (nouvelle question 2013), outils de bricolages et jardinages (75% vs 71% en 2009), vêtements (39% vs 35% en 2009). La prise de conscience Les Français ont clairement pris conscience que demain sera différent. Les crises économique, sociale et écologique sont davantage ressenties dans le quotidien et ont des implications dans leurs choix de consommation. Ces arbitrages renforcent la prise de conscience que l’on peut aussi agir via sa consommation. Mais les consommateurs ont d’abord besoin d‘être rassurés sur les fondamentaux des produits : sécurité, traçabilité, qualité. Même si leur confiance dans les entreprises baisse, ils attendent de celles-ci qu’elles les aident à faire les bons choix. La consommation responsable résiste ; l’achat malin et la prise de conscience du gaspillage alimentaire progressent alors que les enjeux environnementaux passent au second plan. Plus que jamais, on veut du concret, de l’information facilement accessible, de la proximité et être accompagné. Poursuivre la pédagogie du développement durable, donner envie de changer de comportement en expliquant les bénéfices personnels est plus que jamais important car on voit que dans le temps cela fonctionne. – Télécharger les résultats de l’enquête Ethicity menée par Kantar Media Intelligence auprès d’un panel représentatif de la société française de 3577 individus âgés de 15 à 74 ans. Enquête terrain auto-administrée par voie postale du 21 février au 14 mars 2013. Utilisation de l’échantillon SIMM / TGI 2012 en Access Panel. En partenariat avec Aegis Media Solution.
Les Français et la consommation responsable : la prise de conscience
A mon avis, les Français sont responsables et agissent pour l’environnement malgré la crise.
Mais il est vrai que les industries devraient être plus engagées pour favoriser cet engagement envers l’environnement.