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Conférence de Bali sur le climat : accord minimum

Il n'y a qu'une seule planète pour tous les pays, développés ou en développement

Des larmes, des huées, des ovations : la communauté internationale a lancé dans la douleur les négociations, samedi à Bali sur le futur régime de lutte contre le réchauffement climatique, qui devront être bouclées en 2009. Après un épuisant marathon nocturne et un dénouement mélodramatique de sept heures, ponctué de suspensions de séances qui en ont retardé encore la conclusion, la conférence climat de l’ONU a formellement adopté la « feuille de route de Bali » qui, pour la première fois, associe pays industrialisés et nations en développement à la réduction des émissions polluantes. Pour Greenpeace France, le Réseau Action Climat-France et la Fondation Nicolas Hulot, le résultat de la 13e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, n’est pas à la hauteur des attentes concrètes de l’opinion publique et de l’alerte lancée par les scientifiques. Alors sur quoi porte cet accord ?

L’accord prévoit que le processus de négociation, qui doit décider des suites à donner au protocole de Kyoto, devra être lancé « dès que possible et pas plus tard qu’avril 2008 ». La première phase du protocole de Kyoto expire en 2012. Pour la première fois, la Chine et les Etats-Unis se voient fixer un objectif de « réduction importante des émissions de gaz à effet de serre » bien qu’il ne soit pas quantifié. L’accord de Bali prévoit de lancer deux années de négociations pour parvenir d’ici 2009 à un nouveau traité capable de succéder au protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2012.

Consensus

« Il s’agit du moment déterminant pour moi et pour mon mandat de secrétaire général », a déclaré à Reuters le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à la fin de la conférence. « Les 188 pays ont tous reconnu qu’il s’agit du projet déterminant pour l’ensemble de l’humanité, pour toute la planète terre », a-t-il ajouté. Les organisations de défense de l’environnement ont cependant dénoncé sa timidité, l’Union européenne ayant accepté de renoncer à ce qu’il soit mentionné que les pays riches doivent intensifier la lutte contre le réchauffement climatique. Les délégués de quelque 190 pays, épuisés après deux semaines d’âpres négociations, ont ovationné les représentants américains lorsqu’ils ont annoncé, à la dernière minute après un marathon nocturne de négociations, que leur pays levait ses dernières objections à un accord. « Nous disposons désormais de l’un des plus importants programmes de négociation qu’on ait jamais eu sur le changement climatique », a déclaré James Connaughton, président du Conseil de la Maison blanche sur la qualité de l’environnement. Les Etats-Unis ont renoncé à s’opposer à la demande de l’Inde qui souhaitait que les engagements des pays émergents envers le nouveau traité soient revus à la baisse. Le président américain George Bush avait refusé de ratifier le protocole de 2001 au motif que les pays en développement en étaient exempts. « Ici à Bali, nous sommes parvenus à un consensus global pour tous les pays », a déclaré Hassan Wirajuda, ministre des Affaires étrangères de l’Indonésie, pays hôte de la conférence. « Aucun pays n’est exclu (…) nous espérons que cela apportera non seulement une bonne base mais également une dynamique pour les années à venir », a-t-il ajouté. Le Canada estime, comme les Etats-Unis, que les pays émergents ont pris des engagements trop limités. « Cent quatre-vingt dix pays sont représentés ici. Trente-huit d’entre eux ont accepté aujourd’hui de se fixer des objectifs contraignants, il faut donc convaincre les 150 autres », a déclaré John Baird, ministre canadien de l’Environnement. Le Canada et les Etats-Unis se sont opposés à ce que soit inclue dans la déclaration finale, comme le souhaitait l’Union européenne, une fourchette pour la réduction des émissions de GES dans les pays riches. L’UE s’est toutefois déclarée satisfaite de l’accord, car il inclut les Américains. « Il n’y a qu’une seule planète. Ensemble, les pays développés et en développement peuvent obtenir un succès », s’est réjoui le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. La chancelière allemande Angela Merkel s’est pour sa part félicitée de la position commune adoptée par les pays européens à Bali, la qualifiant de « base importante pour ce bon résultat ». « Evidemment, le chemin pour parvenir à un accord sur le successeur du protocole de Kyoto sera difficile mais je suis sûre que le mandat décidé à Bali se révèlera déterminant », a-t-elle ajouté. Pour Jean-Louis Borloo: «Quelque chose d’historique s’est produit à Bali». « Un événement fort, un truc incroyable, mémorable », selon Jean-Louis Borloo, ministre de l’environnement et n°2 du gouvernement, qui se confie, en aparté, pour Libération. Enfin, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a qualifié l’accord de Bali de « pas en avant vital pour le monde entier. Maintenant commence le travail le plus difficile, alors que tous les pays travaillent à un accord à Copenhague en 2009 pour faire face au plus grand défi de notre époque », a-t-il ajouté.

Bali : la maison brûle encore, mais on a sauvé les meubles.

L’abandon des objectifs chiffrés de réduction des GES constitue la principale déception des écologistes qui souhaitaient que ces objectifs correspondent au consensus scientifique sur les mesures à prendre pour limiter le réchauffement de la planète. « Le consensus scientifique est réduit à une note de bas de page, qui renvoie à un tableau où chaque pays peut opter pour le scénario qui lui convient », déplore Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France dans le communiqué commun publié par le Réseau Action Climat-France, la Fondation Nicolas Hulot et Greenpeace France, « La feuille de route dessinée à Bali prend le risque du + 3°C, du bouleversement irréversible des écosystèmes, de centaines de millions de réfugiés climatiques. » Les ONG dénoncent le sabotage mené par l’administration Bush et la disparition d’engagements chiffrés qui auraient fait la réussite de Bali : – l’objectif de maintenir l’augmentation globale des températures en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle ; – la nécessité de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2050 ; – l’engagement des pays industrialisés de réduire de 25 à 40 % leur émissions d’ici à 2020, par rapport aux niveaux de 1990 ; – le « pic », c’est-à-dire le fait que les émissions doivent culminer d’ici 10 à 15 ans. Les organisations de défense de l’environnement sont satisfaites : – du calendrier adopté : les négociations pour les engagements post 2012 devront être terminées fin 2009 au plus tard, lors de la Conférence de Copenhague ; – de l’évolution du dialogue informel entre les participants à la Convention (pays en développement et pays industrialisés, dont les États-Unis) en un véritable processus de négociations. La divine surprise de cette Conférence de l’ONU, c’est la main tendue dès le premier jour par quelques Etats Membres du G 77, en particulier la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. « Ces pays ont manifesté une volonté d’agir contre les changements climatiques, déclare Benoît Faraco, de FNH. Leur ténacité et le soutien affiché in extremis par l’Union européenne ont eu raison d’Américains obnubilés par leurs seuls intérêts. » Le Groupe des 77 a conditionné son engagement dans la lutte contre les changements climatiques à la garantie que les pays industrialisés s’engagent à leur transférer les technologies et les financements nécessaires. Les ONG se félicitent des avancées obtenues sur ces deux points, comme de la prise en compte, dès 2012, de la réduction des émissions de CO2 liées à la déforestation et à la dégradation des forêts tropicales. Elles veilleront à ce que ce processus garantissent les droits des populations autochtones. Sans garde fou, il pourrait renforcer certaines politiques forestières injustes et non durables. « Bali a enregistré quelques avancées importantes mais a échoué sur l’essentiel : trouver un accord commun comprenant des objectifs chiffrés. Si on a évité le pire, beaucoup de travail reste à faire jusqu’à la Conférence de Copenhague, fin 2009 », conclut Morgane Créach, chargée de mission International du Réseau Action Climat-France. La Conférence de Bali sur Cdurable.info :Conférence de Bali : blocage sur des objectifs climatiques chiffrésLe pessimisme gagne la Conférence de Bali sur le ClimatLa conférence de Bali sur le changement climatique

 

Sources : Reuters – AFP – Réseau Action Climat-France, la Fondation Nicolas Hulot et Greenpeace France – Libération

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