Les Amis de la Terre Royaume-Uni viennent de publier une nouvelle étude montrant que les agrocarburants utilisés au Royaume-Uni aggravent le changement climatique. Issus principalement de soja brésilien, argentin ou américain, ils ont généré en un an (depuis l’obligation légale d’incorporation au Royaume-Uni) 1,3 millions tonnes de gaz à effet de serre, soit l’équivalent de 500 000 voitures supplémentaires sur les routes. Les Amis de la Terre demandent au gouvernement de suspendre l’obligation d’incorporation tant que la preuve scientifique de leur intérêt climatique global n’est pas apportée.
Les agrocarburants utilisés au Royaume-Uni pourraient avoir doublé les émissions de gaz à effet de serre (GES) des carburants fossiles qu’ils remplacent : c’est le résultat d’une nouvelle étude publiée par les Amis de la Terre Royaume-Uni, effectuée par le cabinet indépendant de consultants Scott Wilson Group [[L’étude est disponible sur http://www.amisdelaterre.org/Nouvelle-etude-les-agrocarburants.html. L’intégralité de l’étude, de la méthodologie et des résultats est disponible au press office de Friends of the Earth sur simple demande au 020 7566 1649]]. Alors que le gouvernement anglais affirme que les agrocarburants vont économiser 2,5 millions tonnes de GES, l’étude conclut au contraire qu’ils en ont émis 1,3 million tonnes de plus depuis l’entrée en vigueur de l’obligation d’incorporation au Royaume-Uni. La différence réside dans la prise en compte par l’étude du changement d’affectation des sols. Au Royaume-Uni, les agrocarburants sont issus principalement de soja du Brésil, d’Argentine et des Etats-Unis. Dans ces pays, l’expansion colossale des agrocarburants, dont le soja, nécessite de nouvelles terres qui sont prises sur des terres agricoles existantes, ou sur des écosystèmes naturels (forêts tropicales, forêts sèches, tourbières, etc.). Ces écosystèmes stockent d’énormes quantités de carbone, et leur transformation en champs d’agrocarburants libère le carbone stocké dans la biomasse ou dans le sol. Une étude gouvernementale majeure, la Gallagher review [[Review of the Indirect Effects of Biofuels, Juillet 2008, disponible sur : [http://www.dft.gov.uk/rfa/reportsandpublications/reviewoftheindirecteffectsofbiofuels.cfm.]] , avait déjà identifié cet impact majeur des agrocarburants, pouvant rendre leur bilan climatique négatif. Mais le changement d’affectation des sols n’est toujours pas pris en compte dans les statistiques officielles. Andy Atkins, directeur des Amis de la Terre Royaume-Uni, explique : « En terme d’émissions, les agrocarburants utilisés depuis un an au Royaume-Uni correspondent à 500 000 voitures supplémentaires sur les routes. Nous demandons au gouvernement de suspendre immédiatement toute obligation d’incorporation tant qu’il n’a pas apporté la preuve scientifique que les agrocarburants réduisent les gaz à effet de serre, changement d’affectation des sols inclus. » Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre France, ajoute : « En France également, le gouvernement ne prend pas en compte les changements d’affectation des sols dans ses statistiques. Plutôt que de s’entêter dans cette voie, il devrait se concentrer sur le développement des transports publics et doux, le transfert de la route sur le rail, et la réduction de la vitesse, qui ne comportent aucun risque, contrairement aux agrocarburants. » L’étude des Amis de la Terre Royaume-Uni s’appuie sur des hypothèses prudentes : 10 % de changement d’affectation des sols seulement. Elle permet au lecteur, via une feuille de calcul et une note méthodologique, de faire des simulations différentes. Les résultats réels pourraient être pires encore.