
Quels instruments/outils financiers peuvent contribuer à la décarbonation de l’investissement ?
Parmi les moyens provenant du secteur privé, l’émission d’actions (et leur prix) peut être favorisée par la perception des acheteurs, influencés positivement par des campagnes de prestige pour les projets vertueux par exemple ou potentiellement le contraire lorsqu’elles sont calomnieuses pour certains projets moins respectueux des critères Environnementaux, Sociaux, de Gouvernance (ESG). Ces derniers, lorsqu’ils sont issus des agences de notation, peuvent également influencer le coût de la dette, les conditions d’octroi de celle-ci, leur maturité et/ou le montant des intérêts à verser. L’action climatique : un enjeu macroéconomique Avec comme objectif d’avoir une bonne image et de bonnes conditions pour obtenir un crédit, les entreprises font souvent appel à des cabinets d’audit ou de conseil, afin de valoriser les bonnes pratiques existantes et/ou de formuler une stratégie (entre autres de communication) pour mieux se positionner dans leur marché respectif. Une autre possibilité est l’émission d’obligations thématiques, dont les plus célèbres sont les green bonds ou les « prêts à impact positif » qui facilitent le financement des projets dits verts en ciblant soit l’utilisation des fonds, soit en engageant le débiteur à créer un impact grâce au montant emprunté. Mais attention, cela ne concerne pas tous ce qui est appelé « vert » [[Quelques [simulations réalisées pour l’économie française peuvent être trouvés dans l’ouvrage Économie appliquée] ] de Jacques Mazier et Luis Reyes]]. La réglementation, qui repose souvent sur un code éthique et/ou une liste de bonnes/mauvaises pratiques (comme la taxonomie verte, espèce de boussole de la finance durable) est un outil complémentaire qui peut contribuer à aligner les objectifs, les moyens à disposition (ou façons de faire) et les résultats.Quel est le rôle des autorités économiques dans la décarbonation de l’investissement ?
Les autorités économiques d’un pays sont, de façon simplifiée, la banque centrale et l’administration publique. La première contrôle la circulation d’argent, qui se traduit par des changements dans le taux d’intérêt et la valeur relative de la monnaie nationale vis-à-vis d’autres monnaies, des prix des biens et services, des prix des actifs financiers, et elle joue aussi un rôle majeur dans la réglementation du secteur financier. La seconde joue un rôle clé également, notamment du point de vue budgétaire, fiscal, d’allocation de ressources et aussi règlementaire (surtout) sur le secteur réel. Les finances publiques, menées par ces deux instances, sont certainement un outil puissant pour faire face au défi de la transition climatique[[Certains exemples du second type incluent VW en 2015 ou bien plus récemment ORPEA et TotaEnergies.]]. Quelques questions à se poser à propos de cette dernière ; comment les administrations doivent-elles faire l’allocation de dépenses ? [Bien entendu, les grosses entreprises privées sont concernées puisqu’elles produisent souvent les biens et/ou services demandés par le secteur public]. Qui doit payer la facture : les ménages les plus aisés, les multinationales fortement financiarisées ? Faudra-t-il laisser la porte ouverte à un endettement public plus important ? Si oui, quels sont les montants à mobiliser, comment peuvent-ils être financés et sur combien de temps ? Enfin, quels instruments financiers doivent être favorisés ?
En savoir plus sur Luis Reyes :
Luis Reyes est directeur du MSc Sustainable Finance, enseignant chercheur en économie et finance internationale, et co-titulaire de la Chaire LCL Finance à impact. Rattaché au SEEFAR, centre d’expertise à KEDGE Business School, il est titulaire d’un doctorat en modélisation macroéconomique par l’Université Paris 13. Ses recherches portent sur la modélisation stock-flux cohérente, l’inflation, le taux de change et la financiarisation.A propos de KEDGE Business School
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