Les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde, dépassant toutes de plus d’un degré les températures de l’ère préindustrielle, selon le rapport d’une agence onusienne publié ce jeudi à Genève.Ce nouveau document de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) confirme ainsi ses prévisions de novembre dernier, qualifiées alors de « chronique du chaos climatique » par le chef de l’ONU António Guterres. Ces huit années les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial sont le résultat « de l’augmentation constante des concentrations de gaz à effet de serre et de la chaleur accumulée », selon ce rapport de six grands ensembles de données internationales sur les températures, regroupés par l’OMM. Au niveau mondial, l’année écoulée se classe au cinquième rang, seulement battue par des années récentes, et a encore été marquée par un cortège de phénomènes extrêmes qui illustrent les conséquences du réchauffement climatique. Selon l’OMM, la probabilité de dépasser – temporairement – la limite de 1,5°C de l’Accord de Paris sur le climat augmente avec le temps.
Le scénario de l’influence refroidissante de La Niña en janvier-mars 2023
« Des vagues de chaleur record ont été observées en Chine, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud. La sécheresse qui perdure dans la Corne de l’Afrique menace de provoquer une catastrophe humanitaire », a déclaré dans un communiqué, Petteri Taalas, Secrétaire général de l’OMM.En dépit de l’influence refroidissante du phénomène climatique La Niña, l’année 2022 est « environ 1,2 degré » plus chaude que la période 1850-1900, avant que la révolution industrielle ne produise ses effets sur le climat, affirme l’agence onusienne. Par ailleurs, la mise à jour de l’OMM sur El Niño/La Niña indique qu’il y a environ 60% de chances que La Niña persiste pendant la période janvier-mars 2023, et qu’elle devrait être suivie de conditions ENSO neutres (ni El Niño ni La Niña). Plus globalement, la température moyenne sur dix ans pour la période 2013-2022 est supérieure de 1,14 [1,02 à 1,27] °C à la référence préindustrielle de 1850-1900. Ce chiffre est à comparer aux 1,09 °C enregistrés entre 2011 et 2020, selon les estimations du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et indique que le réchauffement à long terme se poursuit.
Catastrophes climatiques dramatiques
Selon l’OMM, le réchauffement de la planète et les autres tendances à long terme du changement climatique devraient se poursuivre en raison des niveaux records de gaz à effet de serre qui piègent la chaleur dans l’atmosphère. Des vagues de chaleur extrêmes, des sécheresses et des inondations dévastatrices ont touché des millions de personnes et coûté des milliards cette année, selon le rapport. Outre les températures, la planète a subi une avalanche d’événements extrêmes, rappelle le rapport : inondations historiques au Pakistan après une vague de chaleur printanière exceptionnelle, canicules et méga-feux de forêt en Europe de l’Ouest, canicules estivales aussi dans le centre et l’est de la Chine, inondations dévastatrices dans plusieurs pays africains, sécheresse dans la Corne de l’Afrique, etc. « En 2022, nous avons été confrontés à plusieurs catastrophes météorologiques dramatiques qui ont coûté beaucoup trop de vies et de moyens de subsistance et qui ont mis à mal la santé, l’alimentation, la sécurité énergétique et hydrique et les infrastructures », a ajouté M. Taalas, rappelant aussi les inondations dévastatrices au Pakistan.Le rapport final sur l’état du climat sera publié en avril 2023
De plus, la fin de l’année 2022 a été marquée par de violentes tempêtes ont touché de vastes régions d’Amérique du Nord. « Il est nécessaire d’améliorer la préparation à de tels événements extrêmes et de veiller à ce que nous atteignions l’objectif des Nations unies en matière d’alertes précoces pour tous dans les cinq prochaines années », a souligné le chef de l’OMM, relevant que seule la moitié des 193 membres disposent d’un système d’alerte précoce approprié. L’Accord de Paris, conclu en 2015 sous l’égide de l’ONU, vise à limiter le réchauffement bien en dessous de 2 degrés Celsius, si possible 1,5 degré. Pour y parvenir, les pays du globe doivent toutefois tenir leurs objectifs de réduction des gaz à effets de serre. Or selon l’agence onusienne basée à Genève, chaque décennie a été plus chaude que la précédente, depuis les années 1980. « Cette tendance devrait se poursuivre ». A noter que les chiffres des températures seront intégrés dans le rapport final de l’OMM sur l’état du climat en 2022, qui sera publié en avril 2023, à l’occasion de la Journée de la Terre.