Particulièrement touchée par la crise climatique, la montagne est au cœur des changements de pratiques. Les divers acteurs de son économie y répondent par l’anticipation et la résilience.
L’évolution progressive du business model
Le changement climatique pousse en premier lieu les professionnels de l’industrie outdoor à revoir leurs pratiques. En mars 2022, L’Usine Nouvelle rapportait que plusieurs d’entre eux se sont tournés vers l’écoconception, le recyclage ou encore le Made in France. Rossignol, la célèbre marque de skis, a pris les devants pour répondre au changement climatique tout en pérennisant son activité économique. L’équipementier a présenté son nouveau modèle de ski, Essential. Là où ses autres modèles ne sont recyclables qu’à 7%, celui-ci le sera à 75% grâce au faible nombre (sept) de matériaux utilisés pour sa conception et la priorisation de ceux qui sont facilement recyclables. L’objectif est de préserver la planète au moyen d’une pression allégée sur l’exploitation de ses ressources. Comme le précise David Bouvier, directeur marketing du ski de l’entreprise, « nous avons l’ambition qu’un tiers de nos skis s’intègrent dans une démarche d’économie circulaire d’ici à 2028 ». Fabriqué à Sallanches, Essential a d’ailleurs remporté fin juin 2022 le prix de l’économie circulaire au cours des EcoSport Awards. En raison du changement climatique, le groupe Rossignol a par ailleurs lancé un projet pilote, la première station multi-activités Outdoor Experiences, à Drouzin-le-Mont. Plutôt que de dépendre des seuls sports d’hiver, l’offre proposée est multi-saisons et sans remontées mécaniques. Cette approche entend répondre aux attentes des usagers pour une modification des pratiques en faveur de l’environnement. Les activités comprennent entre autres le VTT électrique, la marche nordique ou le ski de randonnée. Fort d’une trentaine de stations de trail, le réseau développé par Rossignol totalise plus de 500 parcours. Si toutefois le retour sur investissement de cette activité reste actuellement faible dans le chiffre d’affaires global du groupe, il s’agit pour lui de démocratiser les pratiques « douces » ou naturelles de la montagne. Avec son rôle d’ingénierie touristique, Rossignol apporte son nom, sa publicité, du matériel et une aide pour numériser la station en l’échange d’un abonnement payé par cette dernière. Ce souci de l’environnement se retrouve également au sein de structures hôtelières, à l’instar d’Almaé Collection.Le développement d’une pratique globale
De loin, une image d’Épinal colle au monde du luxe : la dépense. Dans tous les domaines, le haut de gamme serait une affaire de prestige dont la mesure serait exclue. Étoile montante de l’hôtellerie, le groupe Almaé Collection de Vincent Gombault, ancien gourou de la finance ayant fait fortune, démontre le contraire. Inscrit dans les préoccupations environnementales, Vincent Gombault s’est appuyé tant sur son expertise que sur sa passion hôtelière pour adapter sa chaîne au défi climatique. Porte-étendard d’Almaé, l’hôtel cinq étoiles l’Armancette, établi à Saint-Gervais-les-Bains, a déjà intégré malgré son jeune âge le club exigeant des Leading Hotels of the World (LHW). Sise à New York, cette filiale d’Hotel Representative Inc. représente près de 400 hôtels de luxe dans plus de 80 pays. Or cette organisation a fait sienne les questions de durabilité et de responsabilité environnementale. Vincent Gombault n’a toutefois pas attendu cette reconnaissance pour appliquer la philosophie du « prendre soin » et intégrer l’écologie dans l’ADN d’Almaé. Enfant, Vincent Gombault passait ses vacances à Saint-Nicolas-de-Véroce, un lien dépassant le simple attachement. Dans le numéro d’hiver 2018/2019 de Projections, journal de Saint-Gervais, il fut ainsi remercié nommément pour son soutien financier en faveur de la restauration de la chapelle des Chattrix ainsi que de la chapelle des Plans. Pour Chattrix, le journal évoquait l’« engagement sans faille » de Vincent Gombault à « préserver et valoriser le patrimoine local », vers lequel il est finalement revenu, après une carrière brillante dans les fonds d’investissement. Son groupe Almaé a intégré cette approche dans son activité. Le dossier de presse de l’Armancette insiste sur sa défense d’une « montagne préservée ». En plus d’intégrer le recyclage à ses pratiques à l’instar de Rossignol, l’hôtel travaille de manière poussée avec des associations variées. Chacune dans leur domaine respectif, elles accompagnent l’hôtel dans ses objectifs. Protect Our Winters par exemple, « sensibilise et conseille l’hôtel dans ses démarches quotidiennes pour lutter contre le changement climatique ». Dans le même ordre d’idées, L’Armancette a planté des fleurs mellifères et installé des ruches pour aider à la survie des abeilles et créer son propre miel. Le lieu dispose enfin de recharges pour véhicules électriques dans son garage, privilégiant ce mode de transport plus écologique. D’autres acteurs, comme les guides de montagne, doivent pour leur part envisager des changements plus radicaux dans leur activité.Une réponse réactive et multiple