Les agriculteurs auraient une plus grande espérance de vie que la population générale, avec 27% de moins de risques de décéder de maladie chez les hommes et 25% de moins chez les femmes, selon les premiers résultats de l’étude AGRICAN (AGRiculture et CANcer) sur la santé en milieu agricole. Ce risque serait divisé par deux pour le cancer du poumon ou des bronches. Et même un risque 15% inférieur pour le cancer de la prostate. Les étonnants résultats de cette enquête rendue publique lors d’un colloque vendredi à Tours, a été proposée à partir de 2005 à 180 000 affiliés de la MSA (Mutualité Sociale Agricole), retraités ou actifs, des 12 départements disposant d’un registre de cancers (Calvados, Côte-d’Or, Doubs, Gironde, Isère, Loire-Atlantique, Manche, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Somme, Tarn et Vendée). Mais… pas sur les départements qui utilisent le plus les pesticides… Pour cette raison, les associations écologistes apportent un bémol et dénoncent des résultats en trompe-l’œil. Explications.
Nutrition + Activité physique = Bonne santé ? A première lecture, cette étude, cofinancée par l’UIPP l’ANSES [[Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail]], la Fondation de France, révèle une belle surprise (vous pouvez télécharger l’étude en cliquant ici). Les agriculteurs ont un mode de vie différent, qui, semble-t-il, contrebalance le risque représenté par les pesticides. Tiens donc… Parmi les raisons évoquées par l’étude : « Les agriculteurs fument nettement moins que la population générale « , relève Yves Cosset, médecin national du travail à la MSA. La deuxième raison tient à l’alimentation. « Les agriculteurs ont un potager et des arbres fruitiers : ils mangent mieux », ajoute ce spécialiste. Troisième raison : l’activité physique. « La sédentarité favorise la survenue de cancer. Là aussi, on un facteur de risque qui diminue », estime Yves Cosset. Un discours simpliste basé sur le bon sens populaire qui ferait presque oublié la précision de Pierre Le Bailly, épidémiologiste qui a supervisé l’étude : « A ce stade de l’enquête on est sur la mortalité par cancer parce qu’on n’a pas encore les données sur l’incidence de la maladie, qui seront disponibles normalement dans un an ». Car selon cette étude si « seulement » 8,7% des hommes ont déclaré une intoxication à un pesticide, et 5,1% des femmes ces résultats sont très préliminaires : ce n’est que l’an prochain que seront publiées les analyses définitives sur les incidences de cancer, en fonction des facteurs professionnels et de l’utilisation de pesticides. Mais voilà l’objectif est atteint, les médias ont relayé massivement le message : « Cancer : les agriculteurs moins touchés » pour Europe 1, « Les agriculteurs meurent moins de maladie que la population générale » pour l’AFP…De la com’ mais pas d’infos sur l’essentiel
Générations Futures réagit et s’agace du peu d’éléments de l’étude Agrican suite au symposium de Tours sur Cancer et Travail : L’étude Agrican qui doit nous donner une image des cancers en milieu agricole, lancée en 2005 a grand renfort de communication, et cofinancée par plusieurs organismes dont la MSA et … l’UIPP (Union des Industries de la Protection des Plantes qui regroupe 20 entreprises qui mettent sur le marché et commercialisent des produits phytopharmaceutiques ou autrement dit des pesticides) devait nous apporter des premiers résultats en 2008…. Il a fallu attendre décembre 2009 pour avoir des pré-résultats qui nous « révélaient » que les agriculteurs, si il étaient en meilleur santé que la population générale et étaient globalement moins touchés par les cancers que la population générale, ils avaient une mortalité accrue que la population générale pour certains cancers prostate ou lymphomes. La semaine passée la MSA communiquait, en amont d’un symposium qui se tienait à Tours vendredi dernier sur Cancer et travail en agriculture, auprès des journalistes pour dire que les agriculteurs étaient en meilleure santé et vivaient plus longtemps que la population générale. Soit ! Mais nos attentes de l’étude Agrican sont qu’elle réponde à la commande : quid du cancer en population agricole ? Des résultats sans intérêts selon Générations Futures Ce vendredi, lors du symposium, Pierre Lebailly, chercheur en charge de l’étude Agrican, devait faire une intervention sur « l’étude de l’Incidence des cancers et de la mortalité en milieu agricole en France ». Les représentants de Générations Futures sont déçus : « Nous étions enthousiastes à l’idée de cette présentation. Nous nous attendions à avoir de réelles données sur l’incidence des cancers (par facteur de risque et en fonction de la zone géographique et du type de culture) dans le milieu agricole ! Au lieu de cela nous avons eu droit : – A un aperçu des études épidémiologiques faites aux Etats Unis (pas de nouveautés ici) – Des éléments sur le tabagisme…histoire d’éloigner encore la question des pesticides ? – Des infos sur la prévalence… de la bronchite chronique (rien sur l’incidence du cancer!) – Et puis quelques données sur la mortalité par cancer mais rien de transcendant (au vu des informations que nous avions déjà) ». Conclusion de Générations Futures « Agrican prend grand soin de ne surtout donner aucune information sur l’incidence des cancers chez les agriculteurs. Une telle présentation aurait sans doute permis de voir que cette population est davantage touchée par certains types de cancers et moins par d’autres. Mais sans doute une telle information aurait été gênante car elle aurait pu pointer une possible responsabilité des pesticides (ce que l’étude américaine équivalente sur la santé des agriculteurs fait). Ce qu’on apprend aussi (et ce point est intéressant) c’est que dans cette cohorte (très sujette à caution : elle ne couvre pas les travailleurs saisonniers, ne couvre pas certaines cultures, ni les départements dans lesquels le taux de mortalité par cancer est le plus fort etc.), comme nous le notions dans notre communiqué du 14/09, seuls 48% des hommes ont eu une exposition directe aux pesticides ! Ce qui signifie que les données sur la mortalité par cancer présentées pourraient être largement sous estimées puisque moins d’1 agriculteur sur 2 est concerné par l’exposition aux pesticides, dont on sait par ailleurs qu’ils sont un facteur de risque possible du cancer (cf INVS 2008). En fin d’exposé, M. Lebailly nous explique que dans les années à venir les chercheurs vont travailler sur le cancer du poumon (qui va encore sans doute écarter le problème des pesticides ?) et Parkinson (pourquoi pas mais quel rapport avec le cancer auquel Agrican est dédiée ?) et surtout qu’il faudra encore attente 2012-2014 pour espérer quelque chose sous le terme énigmatique de « réalisation enquête de suivi » !!! » « Que les agriculteurs soient en meilleure santé que le reste de la population française n’est pas une nouveauté et nous nous en félicitons. Mais, décidément, Agrican n’arrive pas à accoucher de chiffres clairs sur l’incidence du cancer chez les agriculteurs », déclare François Veillerette, Porte parole de Générations Futures. « Cette étude financée par la MSA et l’UIPP manque visiblement d’indépendance et cela explique que les chiffres qui pourraient montrer que les agriculteurs sont plus touchés par certains types de cancer ( possiblement liés aux pesticides)que la population générale ne sortent pas ! Au lieu de cela Agrican se contente de marteler une com’ lénifiante qui vise à faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des monde…nous trouvons cela indécent ! » ajoute-t-il.
Cancer chez les agriculteurs : l’étude Agrican sur la santé en milieu agricole fait débat
dans le pdf, j’ai été effarée par le différentiel du taux de suicide des agricultrices…
Cancer chez les agriculteurs : l’étude Agrican sur la santé en milieu agricole fait débat
Moi je comprends pas pourquoi on s’embete à faire des études puisque M. Veillerette a déjà les réponses de façon fiable en suivant un méthodologie indépendante! Que d’économies pourrions nous faire pour éviter ces conflits d’intérêts? En 2012, il se présente pour sauver le pays?