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Forum Vies Mobiles

Biorégions 2050, l’Ile-de-France après l’effondrement

Les solutions à mettre en place pour une Ile-de-France plus résiliente

L’an dernier, le Forum Vies Mobiles, un think tank de la mobilité soutenu par la SNCF) et l’Institut Momentum, cercle de réflexion sur l’effondrement, la transition et la décroissance dirigé par Yves Cochet ancien Ministre de l’Écologie, avaient publié une étude : « Biorégions 2050, l’Ile-de-France après l’effondrement ». Un an après, une crise sanitaire sans précédent nous fait prendre conscience que le monde actuel tel qu’il est organisé aujourd’hui peut mener à l’effondrement de toute la société. Aujourd’hui, est-on en train de vivre l’effondrement tel qu’il est décrit par la collapsologie ? Est-il déjà trop tard pour l’éviter ?

Dans son étude, le Forum Vies Mobiles tirait déjà la sonnette d’alarme mais proposaient plusieurs recommandations pour limiter les conséquences du collapse de notre société industrialisée pour une société plus résiliente car il n’est pas, encore, trop tard pour inverser la vapeur. Le Forum Vies Mobile avait choisi de faire un focus sur l’Ile-de-France, région caractérisée par sa très forte densité humaine, son extrême dépendance, son réseau de transport saturé, …. Voici l’étude, qui envisage des risques réels d’effondrement mais aussi les solutions à mettre en place pour une Ile-de-France plus résiliente. En effet, des mesures essentielles existent pour éviter la catastrophe, encore faut-il les mettre en place dès aujourd’hui …

Biorégion Ile-de-France 2050

– Recherches effectuées du 01 février 2017 au 01 mai 2019 Dans le projet Biorégion Île-de-France, Yves Cochet, Agnès Sinaï et Benoit Thévard de l’Institut Momentum appliquent l’hypothèse d’une sortie de l’Anthropocène en rupture avec nos modes de vie actuels à l’Île-de-France.

Auteurs

Yves  Cochet
Yves Cochet

Yves Cochet

Chercheur (Momentum)

Yves Cochet est président de l’Institut Momentum. Il a été ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il a été député écologiste européen après avoir été parlementaire à l’Assemblée nationale de 1997 à 2011. Docteur en mathématiques, il est enseignant-chercheur à l’Institut national des sciences appliquées de Rennes de 1969 à 1997 où il oriente ses recherches vers la théorie des réseaux de neurones. Il a notamment publié Stratégie et moyens de développement de l’efficacité énergétique et des sources d’énergie renouvelable en France (La Documentation française, 2000), Sauver la Terre, avec Agnès Sinaï (Fayard, 2003), Pétrole apocalypse (Fayard, 2005), Antimanuel d’écologie (Bréal, 2009), Où va le monde ?, avec Jean-Pierre Dupuy, Susan George et Serge Latouche (Mille et Une Nuits, 2012).

Agnès  Sinaï
Agnès Sinaï

Agnès Sinaï

Journaliste, chercheuse (Momentum)

Agnès Sinaï, fondatrice de l’institut Momentum, est journaliste environnementale au site actu-environnement.com et collabore au Monde diplomatique, auteure de divers ouvrages, dont Sauver la Terre, coécrit avec Yves Cochet (Fayard, 2003) et Labo-Planète, avec Catherine Bourgain et Jacques Testart (Mille et Une Nuits, 2011). Elle a dirigé les tomes I et II des Politiques de l’Anthropocène, parus aux Presses de Sciences Po (Penser la décroissance en 2013 et Economie de l’après croissance en 2015), et co-écrit le Petit traité de résilience locale (éditions Charles Léopold Mayer, 2015). Elle est également enseignante à Sciences Po depuis 2010 sur les politiques de décroissance.

Benoît  Thévard
Benoît Thévard

Benoît Thévard

Ingénieur, chercheur (Momentum)

Benoît Thévard est ingénieur de l’école des Mines en Génie énergétique. Après avoir travaillé plusieurs années dans l’industrie aéronautique, il a passé plusieurs mois au Québec, dans un écovillage qui prépare l’après-pétrole. Depuis son retour en France, il anime le blog www.avenir-sans-petrole.org, mène des activités de recherche sur la résilience des territoires et parcourt la France pour informer citoyens, élus et entreprises, par des conférences, de la nécessaire et urgente transition de la société. Il est également administrateur de l’Institut Momentum et de l’association Virage Energie Centre-Val de Loire, fondateur d’une initiative locale de transition citoyenne. Enfin, il est auteur de deux rapports présentés au Parlement européen : L’Europe face au pic pétrolier (2012), et Vers des territoires résilients en 2030 (2014).

L’ambition du projet :

L’automobile est au cœur d’un système désormais bien documenté qui pose des problèmes de santé publique (accidents, pollution, sédentarité), consomme et dégrade une part importante de l’espace, qu’il soit urbain ou rural et, qui plus est, participe au changement climatique. Caractérisée par une densité humaine et bâtie hors normes, l’Île-de-France souffre de plus en plus de pics de pollution et d’embouteillages à répétition, et de son extrême dépendance à un système de production et de distribution lui-même de plus en plus mondialisé. De ce fait, elle constitue un cas limite particulièrement intéressant pour penser une sortie du « tout voiture » et plus généralement, la fin de notre addiction au pétrole. Or, si nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’une transition[[- Transition : Les recherches sur la transition s’intéressent aux processus de modification radicale et structurelle, engagés sur le long terme, qui aboutissent à une plus grande durabilité de la production et de la consommation. Ces recherches impliquent différentes approches conceptuelles et de nombreux participants issus d’une grande variété de disciplines. En savoir plus]] vers des modes de vie plus désirés et plus soutenables est nécessaire, force est de constater que la prise de conscience tarde à se concrétiser dans les politiques publiques, au risque qu’il soit trop tard. Si un effondrement de notre système nous prenait de court ? Un futur désirable sera-t-il alors encore imaginable ? Le Forum Vies Mobiles a proposé à l’Institut Momentum d’explorer un scénario francilien à horizon 2050, en rupture avec nos modes de vies actuels, répondant à trois grandes hypothèses :
  • la prise de conscience a trop tardé et l’effondrement du système actuel a eu lieu ;
  • les territoires ont dû trouver une forme nouvelle d’autonomie en termes d’approvisionnement énergétique, de production alimentaire et de modes de déplacement[[- Déplacement : Le déplacement est un franchissement de l’espace par les personnes, les objets, les capitaux, les idées et autres informations. Soit il est orienté, et se déroule alors entre une origine et une ou plusieurs destinations, soit il s’apparente à une pérégrination sans véritable origine ou destination. En savoir plus]] ;
  • et une décroissance démographique d’envergure en a résulté.
Inspirés par l’exemple concret de collectivités post-pétrole telles que San Buenaventura en Californie, Bristol et Birmingham en Angleterre, Yves Cochet, Agnès Sinaï et Benoît Thévard adoptent une approche systémique et holistique pour leur travail de scénarisation : leur idée est de transformer et de réorganiser le territoire régional autour de milieux de vie locaux, les biorégions[[Une biorégion est un territoire dont les limites ne sont pas définies par des frontières politiques, mais par des limites géographiques qui prennent en compte tant les communautés humaines que les écosystèmes. Le terme est défini pour la première fois dans l’article « Reinhabiting California » publié en 1977 dans la revue The Ecologist par Peter Berg et Raymond Dasmann. La première biorégion à avoir été fondée est la biorégion de Cascadia, qui englobe les États de l’Ouest du Canada et des États-Unis, de l’Alaska au Nord de San Francisco. La biorégion invoque le processus de co-évolution sur la longue durée avec le milieu ambiant dans des terri-toires qui sont des êtres vivants : un équilibre de co-évolution entre établissement urbain et milieu ambiant, une équité territoriale entre ville et campagne. ]] . Pour cela, ils ne se contentent pas d’utiliser la méthode du backcasting. Ils intègrent plusieurs ruptures fondamentales au cours des prochaines années pour imaginer une Île-de-France où l’automobile aura disparu ou presque, qui sera plus résiliente de façon à tendre vers une organisation humaine viable, réellement durable, voire désirable.

Les grands résultats :

Le visage de l’Île-de-France en 2050 : une réorganisation en Biorégions A contrario de la centralisation actuelle, une nouvelle société francilienne, en rupture avec la précédente, se serait organisée progressivement en huit biorégions. Il s’agirait de territoires plus autonomes découpés de façon à permettre aux populations de vivre en indépendance alimentaire et énergétique, limitant ainsi les déplacements des individus et des marchandises. Plutôt qu’une organisation administrative et politique basée sur un découpage arbitraire (en fonction notamment des infrastructures ou des intérêts économiques et politiques), c’est l’écosystème naturel qui serait pris en compte, avec pour objectif de limiter la dépendance aux grandes industries agroalimentaires. Côté transports, le nombre de véhicules individuels serait divisé par 55, soit 90 000 voitures en Île-de-France en 2050, contre cinq millions en 2015. La traction animale serait à nouveau développée et les lignes ferroviaires secondaires réhabilitées. En 2050, la consommation énergétique de la région aura été divisée par trois et sa population par deux. L’emploi agricole deviendra la première source d’activité devant les services marchands et les services publics. Les recommandations de Momentum pour faire face à l’effondrement en Île-de-France Si la société actuelle ne change pas d’orientation (croissance économique, croissance des mobilités[[Mobilité : Dans une perspective large, la mobilité peut être définie comme l’intention, puis la réalisation d’un franchissement de l’espace géographique impliquant un changement social. En savoir plus]] carbonées, consommation des ressources, productivisme, …), le risque d’effondrement est réel. Pour limiter ces risques, ou au moins les impacts d’un effondrement en Île-de-France, des solutions existent :
  • Diviser par deux le nombre d’habitants dans la région. Plutôt que d’attendre une décroissance démographique forcée, il faut organiser une déconcentration des activités. C’est d’autant plus plausible que l’étude Aspirations et projets de mobilité résidentielle[[Mobilité résidentielle : La mobilité résidentielle désigne, de manière large, le changement de lieu de résidence d’un ménage à l’intérieur d’un bassin de vie. En savoir plus]] des Franciliens du Forum montre qu’une personne sur deux souhaite quitter l’Île-de-France.
  • Réduire progressivement la consommation énergétique par habitant à une tonne équivalent pétrole, soit une division par 2,6 par rapport à la moyenne nationale actuelle. Développer un réseau de production locale d’électricité afin de tendre à l’autosuffisance énergétique.
  • Réduire les déplacements et le nombre de voitures : passer d’environ cinq millions aujourd’hui à moins de 90 000 véhicules en Île-de-France en 2050. Ouvrir les champs aux circulations pédestres ; développer une culture du cheval et de la traction animale. Valoriser et réhabiliter les lignes ferroviaires secondaires en Île-de-France.
  • Promouvoir une nouvelle donne économique basée sur la proximité des échanges, les énergies renouvelables et la gestion des communs par un établissement foncier agricole biorégional et des manufactures coopératives.
  • Promouvoir les métiers manuels et le low-tech. Passer de dix mille emplois agricoles en 2017 en Île-de-France, à environ un million et demi en 2050.
  • Transformer en polycultures les 600 000 hectares de surface agricole utile de l’Île-de-France afin de garantir son autosuffisance alimentaire.
  • Assurer la continuité des trames vertes par l’insertion de parcs agricoles urbains résorbant les entrées de villes.
  • Valoriser le rationnement comme principe d’égalité des citoyens et de lutte contre le dépassement

Documents à télécharger

– 1. Rapport complet Biorégions 2050, l’Ile-de-France après l’effondrement – Rapport CompletLe Forum Vies Mobiles a proposé à l’Institut Momentum d’explorer un scénario francilien à horizon 2050, en rupture avec nos modes de vies actuels, répondant à trois grandes hypothèses : – la prise de conscience a trop tardé et l’effondrement du système actuel a eu lieu ; – les territoires ont dû trouver une nouvelle forme d’autonomie en termes d’approvisionnement énergétique, de production alimentaire et de modes de déplacement ; – et une décroissance démographique d’envergure en a résulté. Inspirés par l’exemple concret de collectivités post-pétrole telles que San Buenaventura en Californie, Bristol et Birmingham en Angleterre, Yves Cochet, Agnès Sinaï et Benoît Thévard adoptent une approche globale, systémique, holistique pour leur travail de scénarisation : leur idée est de transformer et de réorganiser le territoire – Téléchargez le rapport complet – 2. Le projet Biorégions 2050 a été l’objet d’une publication téléchargeable gratuitement : Publication Biorégions 2050Téléchargez la publication Biorégions 2050

 

Documents joints

Le Forum Vies Mobiles est un « transinstitut ». Créé en 2011 par SNCF, le Forum Vies Mobiles est un institut autonome de recherche et d’échanges sur les mobilités prêt à relever le défi de l’hybridation. Il aborde la mobilité à la fois comme franchissement de l’espace physique et comme changement social. Il étudie en particulier la dialectique entre les déplacements physiques, les télécommunications et la mobilité sociale comprise comme façon de développer des sociabilités plus ou moins ancrées dans la proximité ou le lointain, le lent ou le rapide, l’urbain ou le rural, les changements de rôle, d’identité ou de statut.

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