Le développement durable, déjà largement traité sur un plan idéologique ou politique peut aujourd’hui être abordé de façon pragmatique et opérationnelle dans le secteur du bâtiment ; en effet, les initiatives et réalisations commencent à être significatives en Europe, mais également en France. Les animations et communications de BATIMAT sur ce thème viseront à mettre en avant les opportunités que représente le développement durable pour la filière construction aussi bien au niveau économique (développement de nouveaux marchés) qu’au niveau de l’image de la filière.
Les animations de l’édition 2005 Outre les temps forts que représentent le Concours de l’Innovation, les Trophées du Design, les Trophées Carrelage et les Mini-conférences du Forum Qualité Construction, l’édition 2005 s’enrichit de nouvelles initiatives concernant le développement durable : >>>Partenariat avec l’ADEME : création de points infos thématiques sur le confort, la gestion et traitement des déchets, les normes et réglementations, etc. >>>Programme de promotion à l’export des savoir faire « environnement » des entreprises françaises de construction. >>>Edition d’un guide des exposants ayant initié une démarche de développement durable. >>>Organisation de rencontres spécifiques avec des pays émergents. >>>Partenariat avec la CAPEB et la FFB : il s’agira de traiter pendant le salon des préoccupations liées au recrutement et à la formation ainsi que le thème des déchets de chantier. >>>Action auprès des architectes à travers des parcours thématiques dédiés par exemple aux produits verriers ou à la réglementation thermique et un partenariat avec l’UIA (Union Internationale des Architectes). Pourquoi cette évolution rapide et profonde ? En 2002, les architectes pionniers de la construction bioclimatique se comptaient encore en petit nombre, une quarantaine selon eux. En juin 2004, un sondage de l’ADEME montrait que 98% des Français sont enclins à utiliser de l’énergie renouvelable. En deux ans à peine, la notion de développement durable est donc soudain passée du domaine de la micro à celle de la macro économie : là où il y avait une maison en bois orientée avec le soleil dans les Alpes, il est aujourd’hui par exemple question d’une nouvelle politique du bois dans les Vosges et de la construction d’immeubles publics HQE. Citons encore, dans le cadre du budget de la Nation, l’impact de tel ou tel article qui va, ou non, favoriser tel ou tel aspect environnemental (crédit d’impôt ou subvention pour l’énergie solaire thermique par exemple). Quelles qu’en soient les causes, il s’agit donc d’une évolution aussi profonde que massive de la société française. Une évolution anticipée parfois par l’Etat – plan soleil, RT2000, aides et subventions de l’ANAH et de l’ADEME par exemple – mais pas toujours assumée. La quasi-inexistence d’un marché domestique du solaire photovoltaïque, qui existe dans tous les autres pays développés, n’est ainsi pas due au hasard. De plus, cet intérêt de l’Etat pour l’environnement intervient bien tard comparé à nombre de partenaires européens de la France, compris dans un arc qui va de l’Autriche à la Scandinavie, qui maîtrisent aujourd’hui parfaitement nombre de techniques ‘environnementalement correctes’ apparaissant encore en France comme innovantes. Originale également est la démarche française qualifiée de Haute Qualité Environnementale (HQE). Tandis que les pays anglo-saxons ont opté pour un système qui tourne autour de la cotation, c’est-à-dire que chaque chapitre – acoustique, énergie, environnement, qualité de l’air, etc. – est noté dans le but d’obtenir une moyenne, la France a privilégié une démarche Haute Qualité Environnementale “HQE”, à charge pour les maîtres d’ouvrage de la mettre en oeuvre… Ainsi un hôtel parisien qui s’équipe en photovoltaïque n’est-il pas forcément qualifié d’‘HQE’ quand l’est aussi bien un gros collège réalisé par une grande agence d’architecture qui a rempli les 14 cibles de la démarche. Des enjeux politiques, réglementaires et économiques A telle évolution de la société, le premier enjeu est politique et réglementaire. Les maîtres d’ouvrage publics – les premiers à pouvoir enclencher la spirale vertueuse pour leur valeur d’exemple – ont connu trois codes des marchés publics en quatre ans. Par ailleurs l’intégration européenne est en marche et une vaste mise à jour des normes est à l’œuvre. Enfin, entre ‘plan climat’, ‘loi d’orientation sur l’énergie’, ‘plan soleil’, ‘accord cadre bois’, ‘démarche HQE’, ‘loi de rénovation urbaine’, s’impose une clarification. Les enjeux économiques sont également importants, ne serait-ce que par le poids du bâtiment dans l’économie française et par le fait que tous ses domaines sont concernés. Pour les fabricants ces enjeux économiques sont clairs. Ils doivent non seulement désormais se préocuper du caractère environnemental de leurs produits mais aussi anticiper les nouveaux ‘process’ induits, et donc les matériaux permettant de les mettre en œuvre. Pour les entrepreneurs et artisans, l’enjeu n’est pas moindre. Pour répondre aux demandes des maîtres d’ouvrage, ils devront connaître ces nouveaux matériaux. L’enjeu pour les collectivités locales, entre les demandes citoyennes et les impératifs budgétaires, est désormais leur capacité à insuffler une véritable politique de développement durable, à l’instar de la mairie de Barcelone qui, dès le 30 juillet 1999, a imposé le chauffage de l’eau chaude sanitaire avec des capteurs solaires dans toute construction neuve ou à réhabiliter. En France, le maire actuel d’Angers, qui fut l’un des participants du premier sommet de la terre à Rio en 1990, mène dans la 16ème ville de France, une politique volontariste notable. Encore faut-il qu’aux yeux des élus, ces politiques environnementales aient un impact concret auprès de leurs administrés. Par ailleurs, en France, la maison a encore un fort caractère patrimonial. Les Français, de plus en plus nombreux propriétaires, veulent pouvoir revendre ou transmettre leur bien. L’enjeu pour les maîtres d’ouvrage, qui sont aussi citoyens, est de maintenir l’exigence de qualité. De fait, la volonté d’économiser l’énergie, voire d’en devenir son propre producteur, semble s’ancrer dans la durée. Mutation(s) Chaque entreprise, chaque artisan va devoir réfléchir à l’usage et la mise en œuvre de produits qui transforment la façon même de penser un chantier. Sans compter que les chefs d’entreprise devront également trouver des solutions techniques à des conceptions de plus en plus élaborées, ne serait-ce justement que pour pouvoir répondre aux 14 cibles de la démarche HQE. Le tout dans un contexte marqué par une pénurie de main d’œuvre. Une mutation déjà à l’œuvre chez quelques architectes, y compris parfois de grandes agences. Ainsi l’agence Architecture Studio, après avoir réalisé le Collège de Mirecourt (Vosges) a depuis créé au sein de l’agence une cellule dédiée à la HQE. De même l’agence R2K Rodia Klimine Kopff à Grenoble ne travaille plus que dans un cadre HQE. Enfin, si les collectivités locales sont au cœur de cette mutation au travers de quelques ouvrages emblématiques – nombre de collèges et lycées notamment – elles imposent encore trop souvent des PLU (plan local d’urbanisme) qui rendent obligatoire une mauvaise orientation de maison, rendant alors le travail des architectes et entreprises du bâtiment concernés très difficile dans un cadre HQE. A noter à ce sujet que les régions et départements en pointe ont su lier l’idée de développement durable avec un objectif industriel, autour du bois notamment. C’est le cas dans la région Rhône-Alpes ou le département des Vosges. Quand c’est le cas, les compétences locales se développent à grande vitesse. A noter enfin que les fabricants furent souvent des pionniers en ce domaine. Citons par exemple les fabricants de peintures qui ont, pour la plupart, d’ores et déjà anticipé les directives européennes qui imposeront un abaissement de 60% des émissions de composés organiques volatiles (COV)… en 2007.