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Etude franco allemande sur les investissements verts dans le plan de relance

Étude franco-allemande sur les investissements verts dans le cadre du plan de relance de la croissance européenne : une co-publication de l’Iddri, Paris (Institut du développement durable et des relations internationales) et du DIW, Berlin (Institut pour la recherche économique)

Contexte politique et économique

En dépit du plan de recapitalisation des banques espagnoles, la situation de la zone euro reste extrêmement préoccupante : les marchés financiers sont très nerveux, et les perspectives de croissance toujours aussi sombres. Dans ce contexte, il existe une reconnaissance, de plus en plus largement partagée, de la nécessité de soutenir la croissance européenne. Ce plan de soutien doit venir compléter, et non pas se substituer, aux efforts en cours pour rééquilibrer les économies en difficulté, et réduire les déficits publics.

Ce plan doit aider au rééquilibrage des économies en difficulté, grâce à des réformes structurelles ; mais aussi stimuler la croissance et l’emploi, grâce à des investissements productifs. Les différentes dimensions qui doivent être combinées dans ce plan sont donc claires, et un compromis politique est possible, comme le montre l’accord conclu entre Angela Merkel, François Hollande, Mario Monti et Mariano Rajoy en amont du Conseil européen des 28 et 29 Juin. Mais plusieurs éléments sont cruellement absents du débat : quel(s) secteur(s) ce plan devrait il cibler et pourquoi ? Et comment stimuler ces investissements dans le contexte budgétaire actuel ?

C’est pour répondre à ces questions que l’Iddri et le DIW ont coopéré autour d’une étude sur le rôle et les instruments des investissements verts dans le cadre du plan de relance de la croissance européenne.

Principaux résultats et messages clé de l’étude

Pourquoi des investissements verts ?

D’après Emmanuel Guérin, « les investissements verts amélioreraient la compétitivité européenne à long terme, tout en contribuant au soutien à la croissance et à l’emploi à court terme, notamment grâce à l’effet multiplicateur des investissements dans l’efficacité énergétique ».

Pour décarboner l’économie européenne et garantir sa sécurité énergétique, un investissement annuel additionnel moyen de 2 % du PIB par an est nécessaire d’ici à 2050. La majorité de ces investissements a pour objectif d’améliorer l’efficacité énergétique (des bâtiments, des transports, de l’industrie, etc.), entraînant des bénéfices importants en termes de croissance, d’emploi et de sécurité énergétique. D’ici à 2050, les économies d’énergies annuelles moyennes représenteraient 2,4 % du PIB, et feraient donc plus que compenser leur coût d’investissement initial.

D’après Thomas Spencer, « le volume des investissements verts (dans l’efficacité énergétique des bâtiments, dans la production d’énergies renouvelables, dans les infrastructures énergétiques et de transport, etc.) est suffisante pour en faire un élément central d’un plan d’investissement ciblé pour soutenir la croissance européenne ». À titre d’exemple, la seule rénovation des bâtiments en Europe nécessiterait un investissement de 0,4 à 0,5 % du PIB par an.

D’après Lucas Chancel, « les investissements verts amélioreraient la balance commerciale européenne, et contribueraient au rééquilibrage macro économique entre le centre et la périphérie de la zone euro ». En 2010, les importations de pétrole de l’Espagne, de la Grèce et du Portugal s’élevaient à 3,7, 3,8 et 3,9% de leurs PIB respectifs, contre 2,6 % en moyenne pour la zone euro. La même année, les importations d’énergies représentaient respectivement 27, 29 et 70 % du déficit commercial du Portugal, de la Grèce et de l’Espagne. Cette forte dépendance énergétique a pesé sur le budget des ménages, et contribué à la construction des déséquilibres macro économiques à l’intérieur de la zone.

Comment investir dans le contexte actuel ?

Efficacité énergétique

Les banques publiques, nationales (Caisse des dépôts et consignations, KfW, Green Investment Bank, etc.) ou européenne (Banque européenne d’investissement) devraient abriter des fonds (s’ils existent déjà, ils pourraient être recapitalisés) permettant d’octroyer des lignes de crédit aux banques privées. Elles devraient distribuer des prêts concessionnels pour des programmes de rénovation des bâtiments. Les municipalités devraient avoir un accès direct à ces lignes de crédit, ce qui faciliterait l’investissement dans les bâtiments publics, et accélèrerait la mise en œuvre du programme. L’exemple allemand montre que de tels montages financiers peuvent avoir un effet levier de 10 (10 euros d’investissements privés pour 1 euro de financement public), et peuvent avoir un impact budgétaire positif à relativement court terme.

Énergies renouvelables

Les banques publiques nationales ou européennes devraient là aussi attribuer aux banques privées des lignes de crédit pour des projets de petite taille, ou des prêts concessionnels pour certains projets de grande ampleur et pour des technologies moins matures. Elles devraient aussi attribuer des garanties aux obligations émises par les banques privées sur le marché secondaire. Ceci leur permettrait de vendre une partie de leur portefeuille en projet d’énergies renouvelables aux investisseurs institutionnels comme les fonds de pension, allègerait leur bilan comptable, et leur permettrait de faire davantage d’investissements.

Infrastructures énergétiques et de transport

La proposition de project bonds de la Commission européenne (CE) est un bon point de départ. Mais le montant initialement proposé par la CE, soit 230 millions d’euros, est trop faible, et devrait être augmenté. Les projets finançables par ces project bonds ne devraient pas être limités aux réseaux centralisés de transmission, mais aussi inclure les réseaux décentralisés, les transports publics urbains, les transports de personnes et de marchandises longue distance, et certains projets d’énergies renouvelables. Et les institutions éligibles devraient aussi inclure les municipalités.

Contact

Emmanuel Guérin de l’Iddri

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