Le 24 novembre 1859 paraissait en Angleterre l’ouvrage de Charles Darwin L’origine des espèces, ouvrage qui fut épuisé en deux jours. Même si l’entourage scientifique de Charles Darwin le poussa à publier son ouvrage, même si celui-ci ne résume pas à lui seul toute l’oeuvre scientifique de son auteur, ce livre reste un point de départ fort pour la biologie, la paléontologie et l’anthropologie d’aujourd’hui. Car la théorie de l’évolution moderne reste darwinienne en cela qu’elle admet toujours l’hypothèse centrale de sélection naturelle, même si son champ d’action a été révisé au vingtième siècle. Cette année 2009 est le 150e anniversaire de la parution de l’ouvrage, mais aussi le 200e anniversaire de la naissance de Charles Darwin. Les scientifiques célèbrent donc au Muséum National d’Histoire Naturelle l’année Darwin, expliquant ce qu’a apporté ce scientifique en son époque, ce qu’est la théorie de l’évolution aujourd’hui, mais aussi en éclairant la nature des contestations ou des utilisations des propos de Charles Darwin en dehors des sciences.
La pensée de Darwin en quelques mots…
Né en 1809, l’année même où Lamarck publiait sous le titre de Philosophie zoologique, une première vision audacieuse de l’histoire des formes vivantes, Charles Darwin a d’abord été connu en tant que naturaliste-voyageur. Au retour de son périple sur le Beagle, il a passé des années à décrire, nommer et classer de petits crustacés : les cirripèdes. Lorsqu’il publie l’Origine des espèces, en 1859, il propose, en s’appuyant sur une abondante documentation zoologique, et botanique, une théorie qu’il appelle “descendance avec modification” et que nous appelons aujourd’hui “évolution”.
L’année Darwin au Muséum National d’Histoire Naturelle
Depuis début février : – La Grande Galerie de l’Évolution, proposera des moments clés de l’observation et de la réflexion de Darwin à l’issue de sa fameuse expédition à bord du navire Beagle. À travers 10 stations choisies, le visiteur sera amené à se poser des questions face à certaines observations ou à certaines découvertes. – Y-a-t-il une parenté entre les différents êtres vivants ? – Existe-t-il un lien entre l’environnement et la diversité des espèces ? – Pourquoi tant de variétés au sein d’une même espèce ? – Quelle différence entre la sélection naturelle et la sélection domestique ? – Quel processus est à l’origine de l’apparition de nouvelles espèces ? – Quelle filiation du singe à l’Homme ? – Inaugurées en 1898, les Galeries d’Anatomie comparée et de Paléontologie sont un lieu idéal pour fêter ce double anniversaire. Un certain nombre de spécimens et de statues ont été sélectionnés afin de permettre aux visiteurs d’aller à la rencontre de Darwin et de ses contemporains. Cette visite est l’occasion de se plonger dans l’univers historique, scientifique et artistique du XIXe siècle pour mieux comprendre comment la théorie de l’évolution est devenue une science. – L’ARBRE DU VIVANT : Il est installé dans l’escalier monumental de la Galerie d’Anatomie comparée et de Paléontologie. Cet arbre phylogénétique aide le visiteur à se repérer dans la classification du vivant et dans la multitude des espèces animales et végétales. Il permet de comprendre comment les différents groupes sont liés entre eux, et figure l’idée darwinienne autour de la généalogie. A partir d’avril, promenade dans le jardin : – Charles Darwin : jardinier et botaniste. Empruntez un parcours qui s’appuie sur les nombreux travaux que Charles Darwin a publié sur les plantes et même le jardinage. Il était en effet un jardinier passionné et a fait de nombreuses observations dans son domaine du Kent. Exceptionnel observateur, il a consigné nombre de faits sur les plantes. Ceux-ci sont venus alimenter sa réflexion sur le vivant pour l’élaboration de la théorie de l’évolution et pour la conforter. Le parcours est constitué de 11 points remarquables disséminés dans tout le Jardin des Plantes : les plantes grimpantes, les plantes insectivores, les orchidées, les insectes pollinisateurs, le sexe des plantes, les becs des oiseaux des adaptations remarquables, Lamarck et Darwin… Chacune des ces étapes est un véritable observatoire en plein air, ouvert à tous. A partir de mai, des expositions : – Darwin en son temps : Cette exposition patrimoniale sera l’occasion de découvrir des publications originales de Charles Darwin, issues des collections de la Bibliothèque centrale du Muséum, et accompagnées de vélins et imprimés illustrant ses domaines de recherche. – Darwin aujourd’hui : Exposition de panneaux qui évoquent le phénomène évolutif aujourd’hui et les implications entre évolution et société contemporaine. – L’Évolution en questions. Tous les mystères de l’évolution : ceux que Charles Darwin a compris il y 150 ans, ceux que les chercheurs essaient de percer aujourd’hui et surtout ceux qui vous posent question… – Quelle est la vitesse de l’évolution ? – Comment apparaissent les espèces ? – L’homme évolue-t-il ? – La culture est-elle un facteur d’évolution ? – Et Dieu dans tout ça ? – Pouvons-nous agir sur l’évolution ? Et tant d’autres interrogations… Des réponses simples, des dessins clairs, des repères et des anecdotes marquantes. En trois espaces, une promenade éclairante pour mieux comprendre la vie. A partir de juin : – Tête à tête avec les insectes : En 350 millions d’années d’évolution, les insectes ont peu à peu constitué le groupe animal le plus diversifié. En 60 photos, l’exposition présente des portraits sur lesquels on découvre les spectaculaires adaptations de leur tête : se nourrir, voir, sentir, faire peur, se défendre… tant de détails morphologiques parfois effrayants, parfois éclatants de beauté. Parmi toutes ces capacités, une est essentielle aux végétaux : la pollinisation, “produit dérivé” des techniques d’aspiration des abeilles, papillons et bourdons. Ce sont ces insectes et les fleurs qu’ils butinent que Darwin a particulièrement étudiés. Mais il a laissé une énigme : il avait observé une orchidée dont la corolle très profonde était inaccessible pour tous les papillons qu’il connaissait. Si sa théorie était juste, il devait forcément exister un papillon ayant une trompe très longue, lui permettant d’aspirer le nectar de cette orchidée… 41 ans plus tard, la prédiction de Darwin s’est avérée : le papillon existe, il vit à Madagascar comme sa fleur préférée et sa trompe mesure 25 cm de long ! Cette exposition vous fera découvrir les surprenants talents des insectes et leur rôle fondamental dans les équilibres vivants de la Terre. De nombreuses conférences sont programmées pendant toute l’année 2009 au Muséum, notamment pour les enseignants de SVT. Pour découvrir tous les rendez-vous, télécharger le programme (format PDF). Renseignements : – Accueil des publics : 01 40 79 56 01 – Réservation groupe : 01 40 79 36 00 – Serveur vocal : 01 40 79 30 00 – www.mnhn.fr Adresse : Muséum national d’Histoire naturelle au 57 rue Cuvier, 75005 Paris. Accès : Gare : RER C – Métro : Gare d’Austerlitz / Jussieu / Censier-Daubenton – Bus : 24 – 57 – 61 – 63 – 67 – 89 – 91En 2009, la Théorie de l’évolution fait toujours débat
La théorie de l’évolution, vieille de 150 ans, n’en finit pas de choquer, et pas seulement les créationnistes, qui veulent imposer la Bible comme vérité sur l’histoire du vivant. Parce qu’elle ose attribuer l’origine de l’homme au hasard ? s’interroge Catherine Portevin dans Télérama.
Pour aller plus loin
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