L’irradiation est un procédé de conservation des aliments méconnu par les consommateurs et pourtant son usage ne cesse de se répandre à travers le monde de façon insidieuse. En France, la commercialisation de nombreux produits irradiés est autorisée : oignon, ail, échalote, légumes et fruits secs, flocons et germes de céréales pour produits laitiers, farine de riz, gomme arabique, volaille, cuisses de grenouilles congelées, sang séché et plasma, crevettes, ovalbumine, caséine et caséinates (additifs alimentaires) [[Avec plus de 3100 tonnes en 2005, la France est le 3ème pays de l’UE à traiter des aliments par irradiation derrière la Belgique (7 279, 2 tonnes) et les Pays Bas (3 299, 2 tonnes).]]. Les produits irradiés doivent porter la mention « traité par ionisation » ou « traité par rayonnement ionisant ». Malgré des risques sanitaires et des conséquences écologiques et socio-économiques liées à l’usage de cette technologie, les contrôles sont quasi-inexistants et des produits sont vendus en France sans être autorisés ou sans l’étiquetage prévu. En réalité, nul ne connaît la quantité exacte de denrées alimentaires irradiées en France dans l’Union européenne, ni le volume des aliments irradiés effectivement commercialisés. Si les quantités globales sont probablement encore relativement faibles, on peut craindre une forte croissance des quantités de produits irradiés non autorisés ou non étiquetés avec la multiplication des installations d’irradiation dans des pays exportateurs comme la Chine, l’Inde, le Mexique, etc. L’irradiation des aliments est un outil au service de la mondialisation des échanges sous couvert de sécurité sanitaire, tel est le discours de toutes les institutions nationales et internationales… Le livre du Collectif français contre l’irradiation des aliments a pour objectif d’informer les consommateurs des enjeux économiques, sanitaires et sociaux qui se cachent derrière le développement de cette technologie.
L’irradiation des aliments est officiellement une technologie idéale au service de la sécurité sanitaire mondiale permettant d’éliminer des pathogènes responsables de millions d’infections d’origine alimentaire. Elle est souvent présentée comme une alternative bienvenue à l’usage d’autres dispositifs comme les produits chimiques (devenus interdits ou impopulaires parce que toxiques). C’est cependant – et surtout – une technologie multi usages (conservation, décontamination, ralentissement du mûrissement, inhibition de la germination) servant à merveille les intérêts de multinationales, répondant à des normes de gestion du risque calibrées pour la production et la commercialisation industrielle de masse à l’échelle mondiale. C’est ainsi un outil de domination économique stratégique. Après la vache folle, à côté des pesticides et des OGM, l’irradiation des aliments… Dans cet ouvrage collectif, des scientifiques, écologistes, économistes, syndicalistes et consommateurs apportent leur regard sur l’irradiation des aliments et le contexte dans lequel son usage se répand. C’est en réalité un instrument méconnu – mais emblématique – de la mondialisation des échanges agro-alimentaires, sous influence pro nucléaire. C’est une technologie en plein développement au niveau mondial, encouragée par les institutions internationales et certains Etats malgré des conséquences sanitaires, environnementales et socio-économiques non négligeables. Les risques pour la santé qu’elle induit et les conséquences socio-économiques et environnementales de sa prolifération ne sont pas anodins : perte de vitamines, risques de perturbations génétiques et d’apparition de tumeurs cancéreuses ; conséquences pour l’emploi et l’économie locale par la délocalisation des productions ; risques liés au fonctionnement d’installations et au transport de matières nucléaires, aux modes de production et de distribution industriels de masse (pollutions, changement climatique, atteinte aux milieux naturels et à la biodiversité). Si nos institutions – mondiales, européennes et nationales – taisent ces enjeux sous couvert de « sécurité sanitaire » et de satisfaction de la demande des consommateurs, il revient aux citoyens de s’informer et d’agir… Ouvrage coordonné par le Collectif français contre l’irradiation des aliments[[ Les membres du Collectif français contre l’irradiation des aliments : Action Consommation – Adéquations – Agir Pour l’Environnement – Les Amis de la Terre – Association Léo Lagrange pour la Défense des Consommateurs – Association pour l’Information sur la Dénaturation des Aliments et de la Santé (AIDAS) – ATTAC – Biocoop – Collectifs Bure-Stop – Confédération Paysanne – CRiiRAD – Ecoforum – Ekwo – Fédération Nature et Progrès – Food and Water Watch Europe – Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures (MDRGF) – RECit (Réseau des écoles de citoyens) – Réseau « Sortir du nucléaire »]]. Avec les contributions de Geneviève Azam, Jean-Pierre Berlan, Roland Desbordes, François Dufour, Yann Fiévet, Thierry Folliard, Véronique Gallais, Wenonah Hauter, Christian Jacquiau, Guy Kastler, Paul Lannoye, Lylian Le Goff, Catherine Le Rohellec, Olivier Louchard, Gilles Maréchal, Yveline Nicolas, Christian Rémésy, Aurélie Trouvé, François Veillerette.