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Rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques)

Alimentation, biodiversité, climat, eau et santé : tout est lié !

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) rappelle la chaîne de causalité qui relie ces différents domaines

LIPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), appelée le GIEC de la biodiversité, a publié son rapport sur les “nexus1“, ou interconnexions entre l’alimentation, la biodiversité, l’eau, le changement climatique et la santé. Il met en lumière des solutions pour atténuer les effets de ces crises croisées et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) présente la chaîne de causalité qui relie ces différents domaines à travers des infographies.

Du 10 au 16 décembre 2024, à Windhoek en Namibie, a eu lieu la onzième session de la Plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes)

Déclaration d’Agnès Pannier-Runacher
suite à la publication du dernier rapport de l’IPBES

« Les experts de l’IPBES nous alertent depuis plusieurs années sur le déclin sans précédent de la biodiversité à l’échelle planétaire : près de 75% de la surface terrestre est dégradée et un quart des espèces sont menacées d’extinction.

Chacun doit entendre l’alerte des scientifiques : nous vivons la sixième extinction de masse, la première depuis l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d’années.

Ce rapport confirme que le climat et la biodiversité sont les deux faces d’une même pièce. La lutte contre le dérèglement climatique ne peut être dissociée de la lutte contre l’effondrement du vivant, et inversement. Les sujets de l’eau, de la biodiversité, de l’alimentation, de la santé et du climat sont fortement dépendants les uns des autres.
« 

L’ « évaluation des liens d’interdépendance entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique » : des crises mondiales interdépendantes

Les experts de l’IPBES proposent des options de réponse positives pour « Décloisonner les problématiques grâce à une prise de décision intégrée et adaptative »

« Les crises mondiales liées à la biodiversité, à l’eau, à l’alimentation, à la santé et au changement climatique s’intensifient souvent mutuellement lorsqu’elles sont traitées séparément, d’où la nécessité d’une approche commune. L’évaluation Nexus est l’un des projets les plus ambitieux jamais entrepris par la communauté de l’IPBES, offrant un éventail sans précédent d’options de réponse pour décloisonner les décisions et les actions. Les crises peuvent s’enchaîner et s’aggraver mutuellement, mais l’approche ‘nexus’ tient compte des interdépendances entre ces crises et propose des solutions globales susceptibles
d’améliorer les résultats dans de multiples secteurs et systèmes
».
Professeure Paula Harrison
Centre britannique d’écologie et d’hydrologie, coprésidente de l’évaluation Nexus de l’IPBES

Rapport « Nexus » 2024 de l’ipbes

Résumé du rapport Nexus en 8 points

Ce dernier rapport de l’IPBES :

  • Aborde les liens complexes entre les éléments du nexus que sont la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique
  • Établit des projections sur les interactions futures entre ces crises jusqu’à l’an 2100 à travers différents scénarios
  • Offre un large éventail d’options de réponses concrètes, en visant à maximiser les bénéfices pour la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et les systèmes climatiques
  • Évalue le coût de l’inaction et de l’absence d’approche commune des différentes crises
  • Contribuera à la réalisation des objectifs de développement durable, du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et de l’Accord de Paris
  • A été préparé par 165 experts internationaux de premier plan, originaires de 57 pays et de toutes les régions du monde
  • S’appuie sur 6 500 références, développé sur 3 ans, pour un coût total de plus de 1,5 million de dollars américains
  • A pour but d’éclairer les décisions des acteurs et institutions (gouvernements, société civile, peuples autochtones et communautés locales, secteur privé, etc.) qui gèrent, interagissent, influencent et sont affectés par les éléments du nexus et leurs interactions

Ce 17 décembre 2024, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services
écosystémiques (IPBES) a présenté son Rapport d’évaluation sur les liens d’interdépendance entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé, dans le contexte du changement climatique (connu sous le nom de « Rapport Nexus »).

Le rapport souligne les possibilités d’action au sein et entre les éléments du nexus que sont la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique, en révélant des complémentarités et des arbitrages entre les options de réponse relatives à chacun de ces éléments. Il montre comment agir sur un élément peut impacter les autres – à la fois positivement et négativement – et identifie un large éventail d’options de réponse présentant des avantages pour plusieurs éléments, qui peuvent être appliquées dès maintenant pour améliorer les résultats.

Le rapport a été élaboré pendant plus de trois ans, par 165 experts internationaux de premier plan issus de 57 pays et de toutes les régions du monde, sous la direction de deux coprésidents : la professeure Paula Harrison (Centre britannique d’écologie et d’hydrologie, Royaume-Uni) et la professeure Pamela McElwee (Rutgers, The State University of New Jersey, États-Unis). Il s’appuie sur 6 500 références reflétant la diversité des données et des connaissances sur la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé dans le contexte du changement climatique, notamment des articles scientifiques, des rapports gouvernementaux et des savoirs autochtones et locaux.

La plénière de l’IPBES représente près de 150 gouvernements qui cherchent à renforcer l’interface science-politique pour la biodiversité et les services écosystémiques. Un « résumé à l’intention des décideurs » met en évidence les messages clés, les conclusions et les options. Souvent décrit comme le « GIEC pour la biodiversité », l’IPBES est l’organe scientifique et politique mondial chargé de fournir les meilleures données disponibles aux décideurs, pour les personnes et la nature.

Aspects importants du Rapport Nexus

Les crises environnementales mondiales liées à la biodiversité, à l’eau, à l’alimentation, à la santé et au changement climatique ont généralement été traitées séparément, par des processus séparés (par exemple, des conventions internationales distinctes ou des agences/autorités nationales cloisonnées). Les mesures prises pour faire face à une crise, par exemple le changement climatique, ont souvent exacerbé les conséquences négatives des autres crises, en particulier en matière de biodiversité.

Il existe un vaste corpus de connaissances scientifiques sur chacune de ces crises, mais il n’y a encore jamais eu de synthèse mondiale approfondie sur les interconnexions entre ces crises. S’appuyant sur les travaux publiés par l’IPBES au cours de la dernière décennie, le Rapport Nexus :

  • Présente les liens et interactions actuels entre les cinq éléments du nexus, en examinant qui est le plus touché, le plus menacé et qui bénéficie le plus de ces interactions. Il fournit également des estimations concrètes du coût économique de l’inaction et de la prise en compte individuelle plutôt que collective des éléments du nexus.
  • Explore les interactions futures possibles du nexus, en projetant des scénarios jusqu’en 2050, mais aussi en envisageant des horizons jusqu’en 2100 pour mieux comprendre les défis à long terme et les
    possibilités d’action au sein des cinq éléments du nexus et entre eux.
  • Présente un large éventail d’options de réponse pour une politique et une action intégrées qui
    bénéficieront simultanément à plusieurs éléments du nexus.
  • Se concentre sur la gouvernance qui serait adaptée à la réalisation d’un avenir juste et durable, en proposant une feuille de route pour la « gouvernance du nexus ».

En chiffres : Principales statistiques et conclusions du rapport

  • 2-6% : Déclin de la biodiversité par décennie pour tous les indicateurs évalués au cours des 30 à 50 dernières années.
  • >50% : Population mondiale vivant dans des zones subissant les impacts les plus importants du déclin de la biodiversité, de la disponibilité et de la qualité de l’eau et de la sécurité alimentaire, et de l’augmentation des risques sanitaires et des effets négatifs du changement climatique.
  • ~58 000 milliards de dollars : Valeur en 2023 de l’activité économique annuelle mondiale générée dans les secteurs dépendants de la nature (soit plus de 50 % du PIB mondial).
  • Jusqu’à 25 000 milliards de dollars : Coûts « externes » annuels (non pris en compte dans le cadre de la prise de décision) dans l’ensemble des secteurs des combustibles fossiles, de l’agriculture et de la pêche, reflétant les impacts négatifs de la production et de la consommation dans ces secteurs sur la biodiversité, le changement climatique, l’eau et la santé.
  • 5 300 milliards de dollars : Flux financiers annuels du secteur privé directement préjudiciables à la biodiversité.
  • 1 700 milliards de dollars : Subventions publiques annuelles incitant à endommager la biodiversité, faussant le commerce et augmentant la pression sur les ressources naturelles.
  • 100 à 300 milliards de dollars : Valeur annuelle des activités illégales d’extraction de ressources, y compris dans le commerce de la faune, du bois et du poisson.
  • Jusqu’à 200 milliards de dollars : Dépenses annuelles visant à améliorer l’état de la biodiversité.
  • Jusqu’à 1 000 milliards de dollars : Estimation du déficit de financement annuel pour répondre aux besoins mondiaux en ressources pour la biodiversité.
  • Au moins 4 000 milliards de dollars : Estimation du déficit de financement annuel pour atteindre les ODD, en plus du déficit de financement de la biodiversité.
  • Les impacts économiques de la perte de biodiversité devraient affecter les pays en développement, où les obstacles à la mobilisation de flux financiers durables sont également plus importants (exacerbés dans certains cas par le fardeau d’une dette élevée).
  • 43% : Proportion des flux totaux de financement de la biodiversité qui incluent aussi directement des bénéfices pour un autre élément du nexus.
  • 81% : Proportion du financement de la biodiversité provenant d’institutions publiques.
  • 42 milliards de dollars : Financement actuel des paiements pour les services écosystémiques, qui financent souvent des activités en faveur de la biodiversité et d’un autre élément du nexus comme l’eau.
  • 47 millions d’euros : Investissement de la ville de Paris pour aider les agriculteurs à faire la
    transition vers l’intensification écologique
    , ce qui permet de réduire la pollution et d’assainir l’eau.
  • 30% : Proportion des terres, des eaux et des mers du monde à protéger d’ici 2030 au titre de l’objectif 3 du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal – soutenu par l’analyse des scénarios de l’évaluation et peut fournir des avantages à l’échelle du nexus s’il est géré efficacement pour la nature et les personnes.
  • La réduction des plastiques a permis d’améliorer la qualité de l’eau et la protection de la faune, de diminuer les inondations et de réduire l’incidence des maladies transmises par l’eau qui y sont associées.
  • Les solutions basées sur la nature en milieu urbain qui augmentent les espaces verts et bleus urbains aident à gérer les effets de l’îlot de chaleur, à améliorer la qualité et la disponibilité de l’eau et à réduire la pollution de l’air, ainsi qu’à réduire les allergènes et le risque de zoonose.
  • Les options de réponse qui sont mises en œuvre de manière plus équitable offrent également des avantages potentiels plus importants pour l’ensemble des éléments du nexus, ce qui indique que l’efficacité et l’équité ne sont souvent pas des compromis mais vont de pair.
  • Les connaissances et les pratiques des peuples autochtones et des communautés locales peuvent contribuer à la conservation de la biodiversité et à la gestion durable d’autres éléments du nexus. Par exemple, de fortes réductions de la déforestation en Amazonie brésilienne ont été obtenues après la formalisation et l’application des droits d’occupation des territoires des peuples autochtones et des communautés locales.

L’eau

  • La biodiversité d’eau douce se perd plus rapidement que la biodiversité terrestre. Le prélèvement non durable d’eau douce, la dégradation des zones humides et la disparition des forêts ont diminué la qualité de l’eau et la résistance au changement climatique dans de nombreuses régions du monde, ce qui a un impact sur la biodiversité, la disponibilité de l’eau et de la nourriture, avec des conséquences pour les humains, les plantes et les animaux.
  • De nombreux systèmes marins à l’échelle mondiale ont été surexploités et dégradés par les activités humaines.
  • Le cycle de l’eau est régulé par les écosystèmes et les processus géophysiques – il soutient la biodiversité et apporte de nombreuses contributions essentielles à la santé et au bien-être de l’Homme.
  • La perte du couvert forestier diminue la régulation, la qualité et la disponibilité de l’eau, ce qui entraîne une augmentation des coûts de traitement de l’eau et des effets négatifs sur la santé.
  • ~80% : Proportion de la demande en eau douce de l’humanité utilisée pour répondre aux besoins de la production alimentaire.
  • 75% : Proportion de la population mondiale en 2005 dépendant des forêts pour l’accès à l’eau douce.
  • Au moins 50 : Maladies imputables à un approvisionnement en eau, à une qualité de l’eau et à un assainissement insuffisant.
  • ~33% : Espèces de coraux bâtisseurs de récifs en grand danger d’extinction.
  • Près d’un milliard : personnes vivant à moins de 100 km d’un récif corallien et qui en bénéficient en termes de nourriture, de médicaments, de protection contre les tempêtes côtières et l’érosion, de tourisme et de loisirs, et de moyens de subsistance.
  • La coopération transfrontalière dans le domaine de l’eau facilite la gestion durable des ressources à l’échelle du bassin, ainsi qu’une meilleure collaboration entre les secteurs et les parties prenantes. L’amélioration de la gouvernance des eaux souterraines par le biais de la coopération entre les échelles, y compris le soutien à la gestion communautaire de l’eau, augmente les bénéfices à travers les éléments du nexus, tandis que l’infrastructure intégrée de l’eau et l’infrastructure urbaine sensible à l’eau tirent profit des systèmes naturels pour réduire les risques d’inondations et autres dangers, offrent des avantages pour la production alimentaire et contribuent à l’atténuation du changement climatique.

Alimentation

  • L’augmentation de la production alimentaire a amélioré la santé grâce à un apport calorique plus important, mais les pratiques agricoles non durables ont également entraîné une perte de biodiversité, une utilisation non durable de l’eau, une réduction de la diversité et de la qualité des aliments, ainsi qu’une augmentation de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre.
  • Les impacts négatifs sur les éléments du nexus provenant des systèmes alimentaires ont diminué la biodiversité et par conséquent de nombreuses contributions de la nature aux populations, notamment par la diminution des contributions régulatrices (par exemple, la régulation de la qualité de l’eau et du climat) ; l’augmentation des risques de maladies non transmissibles ; les maladies infectieuses émergentes ; et les températures globales et autres changements climatiques.
  • L’agrobiodiversité mondiale est en déclin, y compris les ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture, ce qui a des répercussions sur le fonctionnement des écosystèmes, la résilience des systèmes alimentaires, la sécurité alimentaire et la nutrition, ainsi que sur les systèmes sociaux (emploi et santé) et économiques (revenus et productivité).
  • La malnutrition mondiale et les inégalités en matière de sécurité alimentaire persistent malgré une diminution du nombre total de personnes sous-alimentées – le coût des régimes alimentaires sains peut être élevé, en particulier dans les pays en développement, et par conséquent inaccessible pour de nombreuses personnes.
  • L’exploitation non durable et la pollution des écosystèmes d’eau douce et marins ont un impact sur des millions de personnes, y compris celles qui dépendent fortement des aliments riches en protéines obtenus à partir de ces écosystèmes, comme les peuples autochtones et les communautés locales.
  • 42% : Proportion de la population mondiale en 2021 incapable de s’offrir une alimentation saine, 86 % pour les pays à faible revenu et 70 % pour les pays à revenu moyen inférieur.
  • 80% : Proportion du total des personnes sous-alimentées qui vivent dans les pays en développement, principalement dans les zones rurales.
  • >800 millions : Personnes touchées par l’insécurité alimentaire en Asie et en Afrique.
  • Près de 3 millions : Décès en 2017 associés à une alimentation pauvre en céréales complètes.
  • L’adoption de pratiques agricoles durables (telles que l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’azote, la lutte intégrée contre les ravageurs, l’agroécologie, l’agroforesterie et l’intensification durable), la réduction des pertes et des déchets alimentaires, l’adoption de nouvelles sources d’alimentation humaine et animale et de régimes alimentaires sains et durables permettraient à la surface agricole actuelle de répondre aux besoins calorifiques et nutritionnels des générations futures à moyen et à long terme.
  • 30% : Augmentation des rendements céréaliers et amélioration de la santé des sols et de
    la biodiversité
    dans certaines parties du centre-sud du Niger grâce à la régénération naturelle gérée par les agriculteurs de 5 millions d’hectares avec des arbres indigènes et des systèmes agroforestiers.
  • Les systèmes alimentaires indigènes, fondés sur des visions du monde et des valeurs réciproques concernant l’équilibre entre l’Homme et la nature et l’utilisation durable de la biodiversité, fournissent des aliments durables et sains tout en contribuant à la conservation de la biodiversité et à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique.

Santé

  • L’augmentation de l’espérance de vie et de la survie des enfants est en partie le résultat de l’augmentation de la production et de l’accès à la nourriture. L’aggravation des résultats de plusieurs maladies transmissibles et non transmissibles est liée à la perte de biodiversité, à une alimentation malsaine, au manque d’eau propre, à la pollution et au changement climatique, entre autres causes.
  • Les systèmes agricoles non durables contribuent à la perte de biodiversité, à l’utilisation excessive de l’eau, à la pollution et au changement climatique.
  • 20 : Années de différence d’espérance de vie moyenne entre les régions.
  • 10x : Mesure dans laquelle les taux de mortalité infantile sont plus élevés dans les pays les moins avancés que dans les pays à revenu élevé.
  • 11 millions : décès d’adultes en 2017 (et 255 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité chez les adultes) imputables à une alimentation malsaine.
  • 9 millions : décès prématurés en 2019 (16 % de l’ensemble des décès) estimés avoir été causés par l’augmentation de la pollution de l’air et de l’eau.
  • 50% : Proportion de maladies infectieuses émergentes et réémergentes provoquées par des changements dans l’utilisation des terres, les pratiques agricoles et les activités qui empiètent sur les habitats naturels et entraînent une augmentation des contacts entre les animaux sauvages, les animaux domestiques et les humains – mettant en évidence les interconnexions entre l’écosystème, la santé animale et la santé humaine.
  • L’approche One Health soutient l’intégration de la gestion du système alimentaire et de la biodiversité aux services de santé locaux afin de réduire les risques liés à l’émergence et à la propagation à la source d’agents pathogènes zoonotiques, à la malnutrition et à d’autres risques tels que la santé de la faune, la production alimentaire et les écosystèmes. Par exemple, le système de santé unifié du Brésil, qui a fait ses preuves, réunit des professionnels de la santé humaine, des vétérinaires et des praticiens de la santé environnementale qui travaillent ensemble avec des agriculteurs et des décideurs politiques pour concevoir conjointement des pratiques holistiques visant à aborder les déterminants sociaux et environnementaux de la santé et à contribuer à la prévention de l’émergence de pathogènes et des épidémies, tant pour les personnes que pour les animaux.

Changement climatique

  • Le changement climatique affecte la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé en modifiant les conditions climatiques moyennes ainsi que la fréquence et l’ampleur des phénomènes météorologiques extrêmes.
  • Le changement climatique a un impact sur la production alimentaire terrestre avec des conséquences sur la santé humaine et le bien-être, y compris l’exacerbation de l’insécurité alimentaire pour les populations vulnérables.
  • L’intensification du changement climatique va stresser les ressources en eau, compromettre la productivité agricole et la productivité des systèmes de production alimentaire, provoquer une augmentation de la mortalité due aux vagues de chaleur et étendre la ceinture épidémique des maladies à transmission vectorielle vers des latitudes et des altitudes plus élevées.
  • Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses et les incendies de forêt, entraînent des impacts directs sur la santé et une dispersion accrue des agents pathogènes et des polluants (eaux usées non traitées, engrais, pesticides, sédiments et polluants atmosphériques).
  • Selon les tendances actuelles, le changement climatique entraîne une perte irréversible de la biodiversité marine, comme les récifs coralliens, et des effets négatifs sur les pêcheries côtières ; les deux fournissent des régimes alimentaires qui préviennent la malnutrition, les retards de croissance des enfants et d’autres conditions.
  • L’exposition aux risques liés au changement climatique devrait doubler entre les niveaux de réchauffement global de 1,5°C et 2°C et doubler à nouveau entre un monde à 2°C et 3°C, dans de multiples secteurs.
  • 21-37% : Proportion des émissions totales de gaz à effet de serre attribuables au système alimentaire mondial.
  • 58% : Proportion des maladies infectieuses humaines connues susceptibles de s’aggraver en raison du changement climatique.
  • 12 000-19 000 : décès d’enfants liés à la chaleur en Afrique entre 2011 et 2020 auxquels le changement climatique a directement contribué.
  • 62 000 : décès liés à la chaleur en Europe en 2022.
  • 1 500 : Décès liés à la chaleur aux États-Unis en 2023.
  • 12 000 : Catastrophes causées au cours des 50 dernières années par des phénomènes météorologiques, climatiques et hydriques extrêmes, ayant entraîné 2 millions de décès humains (90 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure) et 4 300 milliards de dollars de coûts totaux.
  • >50% : Proportion de la séquestration du carbone dans l’océan attribuable aux écosystèmes côtiers.
  • >500 milliards de dollars : Coûts annuels supplémentaires minimums pour la mise en place de mesures d’adaptation et d’atténuation afin d’atteindre les objectifs de lutte contre le changement climatique pour chaque année de retard supplémentaire.
  • La restauration contribue à l’adaptation au changement climatique et à la résilience socio-écologique et peut également contribuer à l’atténuation du changement climatique lorsqu’elle cible le stockage du carbone dans les forêts, les tourbières, les herbiers marins, les marais salants et les écosystèmes marins et côtiers qui contribuent à la séquestration du carbone.

Synthèse du Rapport Nexus en français

Le rapport complet en sept chapitres (avec toutes les données) sera publié au début de l’année prochaine

La biodiversité est le tissu vivant de notre planète. Elle est l’ensemble des êtres, micro-organismes, plantes, champignons et animaux qui vivent sur notre planète. Elle est aussi l’ensemble des interactions qui les relient entre eux, avec le milieu où ils vivent. Elle est de ce fait un sujet complexe et passionnant que Biodiv’mag vous fait découvrir à travers les lunettes des chercheurs.

Biodiversité et services écosystémiques

  • Comment la disparition des chauves-souris aux États-Unis a-t-elle entraîné une augmentation de la mortalité infantile ?
  • Pourquoi le gaspillage alimentaire, aujourd’hui troisième plus grand émetteur de gaz à effet de serre après la Chine et les États-Unis, a-t-il un impact environnemental majeur ?
  • Comment la gestion de l’eau à l’échelle mondiale menace-t-elle à la fois la biodiversité aquatique et les écosystèmes terrestres ?
  • Ou encore, pourquoi la menace que fait peser le changement climatique sur les coraux compromet-elle les services cruciaux qu’ils fournissent, notamment la sécurité alimentaire ? 

Ces exemples illustrent comment les crises liées à l’alimentation, à la biodiversité, au changement climatique, à l’eau et à la santé sont indissociables.

Chacune de ces dimensions est une pièce du puzzle qui façonne notre avenir. Il est devenu essentiel de comprendre que les perturbations dans l’une d’entre elles entraînent des répercussions immédiates sur les autres. 

Les chauves-souris en déclin : une cascade de conséquences économiques, agricoles et sanitaires 

La disparition des chauves-souris au nord des États-Unis provoque des effets en chaîne sur l’agriculture, l’économie et la santé publique. Leur rôle crucial dans la régulation des insectes est irremplaçable : sans elles, les agriculteurs ont intensifié l’utilisation d’insecticides, bien moins efficaces. Résultat : une baisse de la qualité des récoltes, une perte de 28,9 % des revenus agricoles (26,9 milliards de dollars) et des conséquences délétères sur la santé infantile. Les dommages combinés pour l’agriculture et la santé s’élèvent à 39,4 milliards de dollars. Ce lien de causalité illustre l’interdépendance entre biodiversité et bien-être humain. 

Article source :  Eyal G. Franck et al. (2024) The economic impacts of ecosystem disruptions: Costs from substituting biological pest control. Science 

Gaspillage alimentaire et dégradation des ressources : l’impact caché de nos habitudes de consommation 

Le gaspillage alimentaire, qui comprend les pertes à différents stades de la chaîne d’approvisionnement — production, manutention post-récolte, transformation, et distribution — a des conséquences écologiques et sociales importantes. Réduire ce gaspillage de moitié permettrait de préserver 12 % des ressources mondiales en eau, diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 4 %, et nourrir jusqu’à 1,9 milliard de personnes supplémentaires. Ces chiffres illustrent le lien de causalité entre nos habitudes de consommation, les pertes alimentaires et l’épuisement des ressources planétaires. 

Article source : Kummu et al. (2012) Lost food, wasted resources : Global food supply chain losses and their impacts on freshwater, cropland, and fertiliser use. Science of the Total Environment 

Les interconnexions vitales : l’eau douce, le climat, l’agriculture et la biodiversité et le bien être humain 

L’eau douce, la biodiversité, la santé humaine, le changement climatique et la sécurité alimentaire forment un réseau de relations interdépendantes. La surexploitation de l’eau pour l’agriculture entraîne une dégradation des écosystèmes aquatiques, accentuée par la pollution chimique et l’introduction d’espèces invasives. Ces pratiques contribuent au changement climatique, qui, à son tour, exacerbe la perte de biodiversité et fragilise la sécurité alimentaire. En retour, cette fragilité accroît les risques pour la santé humaine, soulignant un cercle vicieux où chaque perturbation alimente les déséquilibres globaux. 

Article source : Carpenter et al. (2011) State of the World’s Freshwater Ecosystems : Physical, Chemical, and Biological Changes. Annual Review of Environment and Resources

Du corail à la fourchette : les effets de la dégradation des récifs coralliens par le changement climatique sur la biodiversité et la sécurité alimentaire 

Les récifs coralliens, sous la pression croissante du changement climatique, subissent une dégradation alarmante. Ces écosystèmes abritent une biodiversité exceptionnelle et jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire, fournissant des ressources à des millions de personnes. Leur déclin entraîne une diminution des services écosystémiques, compromettant les stocks de poissons et les moyens de subsistance des communautés côtières, tout en fragilisant les équilibres environnementaux globaux. 

Article source : Hughes et al. (2017) Coral reefs in the Anthropocene. Nature 

Agir avec la recherche pour accroître les connaissances sur la biodiversité

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) est une plateforme entre les différents acteurs scientifiques et les acteurs de la société sur la biodiversité.

La FRB accueille le secrétariat scientifique du comité français pour l’Ipbes, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques.

  1. Un nexus est une connexion, généralement là où de multiples éléments se rencontrent. ↩︎

À propos de l’IPBES :

Souvent décrite comme le « GIEC de la biodiversité », l’IPBES est un organisme intergouvernemental indépendant composé de près de 150 gouvernements membres. Créé par les gouvernements en 2012, il fournit aux décideurs politiques des évaluations scientifiques objectives sur l’état des connaissances concernant la biodiversité de la planète, les écosystèmes et les contributions qu’ils apportent aux populations, ainsi que les outils et les méthodes permettant de protéger et d’utiliser durablement ces atouts naturels vitaux.

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