Les Amis de la Terre critiquent sévèrement l’accord annoncé le 14 juillet par des responsables de l’Union européenne et du Brésil. Cet accord prévoit en effet de développer les agrocarburants au Mozambique pour fournir les carburants des véhicules européens. Pour les Amis de la Terre, c’est tout simplement « immoral et abject ».
Ce 14 juillet, lors du 4ème sommet Union européenne-Brésil qui se tient à Brasilia, les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, José Manuel Barroso et Herman van Rompuy et leur collègue Lula da Silva doivent lancer un accord de partenariat avec le Mozambique pour développer des projets d’agroéthanol et d’agrodiesel. Le jeudi 15 juillet, van Rompuy visitera aussi les installations de COSAN, l’un des plus grands producteurs et exportateurs d’éthanol. L’expansion des agrocarburants au Mozambique a déjà largement été critiquée car elle s’accapare des terres fertiles, offre des conditions de travail déplorables aux travailleurs locaux et provoque des conflits fonciers avec les populations locales. Ce sont principalement les Européens qui investissent dans les agrocarburants et les demandes de droit d’utilisation des terres concernent plus de 4,8 millions d’hectares au Mozambique, soit près d’un hectare sur sept de terre arable disponible dans le pays. Pour Christian Berdot, référent de la campagne Agrocarburants des Amis de la Terre France : « L’expansion continue des agrocarburants a des conséquences dramatiques non seulement sur l’environnement, mais aussi sur les populations pauvres qui voient leurs subsistances menacées et même leur capacité de se nourrir. Le Mozambique est un pays qui souffre en permanence de la faim. Confisquer des millions d’hectares pour développer des plantations de canne à sucre et de jatropha est immoral et abject. Les agrocarburants ne résoudront ni les problèmes liés aux changements climatiques, ni la sécurité énergétique et la pauvreté au Mozambique. » Pour Anabela Lemos de JA / Amis de la Terre Mozambique : « L’expansion des agrocarburants dans notre pays transforme des zones forestières et naturelles en monocultures énergétiques, confisque des terres agricoles fertiles qui permettaient aux populations locales de produire leur nourriture. Les conditions de travail sont déplorables et les conflits autour des droits de propriété avec les populations locales se multiplient. Ce que nous voulons, ce sont de vrais investissements pour améliorer notre agriculture et pouvoir remplir, non pas les réservoirs des voitures étrangères avec du carburant, mais les estomacs de nos concitoyens avec de la nourriture ». Un nouveau rapport de la Fédération Internationale des Amis de la Terre intitulé « Le piège jatropha » analyse la production de jatropha en Afrique et illustre clairement le gouffre qu’il y a entre les beaux discours et la réalité. Pour télécharger ce rapport, cliquez ici. Adrian Bebb de la campagne Alimentation et Agriculture des Amis de la Terre Europe conclut : « Le moteur de cette expansion mondiale des agrocarburants, ce sont les objectifs agrocarburants fixés par l’Union européenne. Les politiques de l’UE provoquent déjà la confiscation de terres et la déforestation dans les pays du Sud. Au lieu de passer des accords pour continuer à piller les terres du Sud, l’UE devrait abandonner sa politique des agrocarburants, investir dans une agriculture qui respecte l’environnement et diminuer la consommation d’énergie dans les transports. »