Un monde multipolaire ? Très bien. Très bien pour l’Europe qui le souhaite, même quand on sait ce qu’elle est devenue ? Pour l’Occident dans son ensemble qui s’essouffle aussi ? L’accord sur le combustible nucléaire signé le 17 mai 2010 par le Brésil, l’Iran et la Turquie est significatif d’un changement, d’un début en tout cas. Le balancier de l’occidentalisation mondialisée ne serait-il pas à bout de course ? Sur le retour bientôt ? Les signes qui se font jour vers un changement durable le laissent à penser. Des épicentres stratégiques, des « écocentres » se déplacent ; et si les déséquilibres se réduisaient ? Et si la planète se remettait à tourner rond ?
Difficile de savoir à quel point nous en sommes exactement, les puissances financières qui ont lancé et continuent de pousser le balancier viennent de montrer leur niveau de fiabilité ; que valent leurs informations ? Leurs impacts sur les économies nationales, leurs conséquences sociales et écologiques s’éclaircissent toutefois, malgré elles. Après avoir tranquillement dilapidé ce qui pouvait l’être, certes en voulant des « progrès », ressources naturelles, privatisations, délocalisations entre autres, arrivées presque au bout, les soutenir devient plus difficile aux autorités. Jusque-là, question de forme, protéger leurs pays et leurs positions, mais jusqu’où ? Et jusqu’à quand ? En tout cas, endettement, chômage, pauvreté continuent de progresser, l’enlisement occidental se poursuit et les responsables ne veulent (ou ne peuvent) en sortir, refusant d’en traiter les causes, les vraies, la TVA par exemple. La régression ne peut plus être masquée, les multiples instruments, la communication n’y suffisent plus, toujours plus puissants et habiles pourtant, « orweliens », de même que l’ambiance qui s’en suit. Conséquence logique, l’Asie en profite. Les instruments des libertalistes et de leur mondialisation se retournent contre eux, mais aussi et surtout contre leurs victimes, chez eux comme ailleurs, tous affaiblis. Principale bénéficiaire des transferts d’activité et de technologie, enrichie donc, la Chine se manifeste de plus en plus ouvertement, sans complexes, elle en a acquis les moyens et n’en a pas fini : ressources naturelles en Afrique, investissements partout, son développement, sa puissance. Une force non sans faiblesses qui, à leur tour, iront croissantes. En attendant, un nouvel équilibrage se confirme. Mais, là aussi, dans les excès d’un développement dont une caricature a pris forme récemment dans des émirats de la péninsule arabique. Le délire du seul argent incarné, l’artifice plein la vue, la provocation quand on sait la misère de peuples tout proches. Peut-on aller plus loin dans la démesure ? Jusqu’où le balancier ? Aux antipodes, un continent se débarrasse peu à peu de ce genre d’influence. Après un demi-millénaire de colonisation, l’Amérique du Sud va réussir en effet la conquête de son indépendance. La détermination dans la solidarité l’y conduit, soutenue par des peuples dont une motivation majeure se trouve dans la reconnaissance et le respect de leurs valeurs traditionnelles. Un exemple sans doute si cela continue. Mais pourquoi pas ? En tout cas un autre monde, sans complexe, le Brésil vient de le montrer, et où la nature tient sa place, en soutien des humains, de leur prise de conscience. Face à un Nord globalisateur et formaté, le retour à la diversité serait-il en marche ? Avec l’Afrique ce serait mieux encore ! Mais là, le handicap colonial n’a pas été effacé par un demi-siècle d’indépendances, en d’autres mains que celles des peuples. Une décolonisation ratée, à sa fin peut-être avec l’arrivée de la Chine et, surtout, des populations pauvres mais jeunes. Des jeunes nombreux et scolarisés nombreux, qui ont, et ne cesseront d’avoir, envie de faire face aux difficultés et d’avancer. Comme les Sud-Américains et d’autres en Asie qui commencent à se manifester. En marche donc une relève féconde puisque moins formatée, un changement inéluctable. Surtout si ces jeunesses réussissent à sortir de la résignation des peuples du Nord anesthésiés dans la précarisation, quand ce n’est dans un confort illusoire, dans le court-terme institutionnalisé. Autant de facteurs nouveaux, rééquilibreurs, à l’inverse de pratiques mondialistes actuelles à bout de souffle. Les crises, autant financières qu’économiques, l’ont montré, elles ne tendent pas au rééquilibrage, contrairement à ce qu’on essaie de faire croire. De même que ces pratiques, elles le gênent. Sans toutefois pouvoir l’empêcher. Et cela aussi est nouveau. Le balancier à bout de course sans doute. A quand le réveil ? Trevor Narg Quelques vidéos pour illustrer tout ça : – Régression ou espoir ? – Et si l’Afrique… Enfin ! – Espoir ! – Sino USAnne la Crise ? – Migrants