L’or est un beau gage d’amour qui hélas, pour l’instant encore, n’est pas sans impact sur la planète. En effet, la production d’or reste très impactante pour l’environnement : on estime en moyenne que la production d’un gramme d’or entraîne le relargage d’une à deux tonnes de déchets (roches, boues) dans l’écosystème, sans compter les rejets de mercure issus des activités d’orpaillage illégal en Guyane.

Pour le WWF, la France a une rôle particulier à jouer dans cette évolution pour une plus grande traçabilité de la filière or. Car la France n’est pas qu’un importateur d’or venu des pays du Sud, elle représente, grâce au département de la Guyane, un producteur à part entière. En fonction des années, ce sont entre 3 et 5 tonnes d’or qui sont officiellement exportées depuis la Guyane vers la métropole. Cette filière française offre une occasion exceptionnelle aux acheteurs, notamment les amoureux de la Saint Valentin, de faire le choix d’un or traçable, c’est-à-dire permettant de retrouver la trace de toutes les étapes du caillou au bijou.
Le WWF France s’est ainsi fixé un objectif : obtenir la traçabilité de l’or guyanais dans un intervalle de deux ans, autrement dit pour la Saint Valentin 2011. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le WWF France mènera plusieurs actions :
- Réalisation de l’état des lieux de la traçabilité de la filière guyanaise et partage avec les principaux acteurs privés et publics engagés sur la question
- Encouragement des acteurs privés s’engageant par des actes concrets vers une plus grande traçabilité de la filière
- Publication pour les Saint Valentin 2010 et 2011 du bilan de la traçabilité de l’or produit en Guyane
- Campagne de communication à destination de l’acheteur sur l’importance d’une traçabilité efficace « de la mine à la vitrine »

Guyane & orpaillage clandestin : le WWF-France dresse un bilan en demi-teinte des engagements du Président de la République.

Il y a un an, le Président de la République Nicolas Sarkozy atterrissait en Guyane, pour son premier voyage en outre-mer en tant que chef de l’État. Afin de sensibiliser le chef de l’Etat à ce problème écologique et social, le WWF-France avait procédé à un état des lieux de l’orpaillage illégal en Guyane. Le constat était très inquiétant laissant apparaître une forte présence de sites d’orpaillage illégaux ceinturant le village amérindien de Camopi, et situés en zone de cœur du Parc amazonien. Le Président de la République avait justement choisi cette commune de l’intérieur guyanais pour annoncer le lancement des « opérations Harpie » destinées à répondre à une pression d’orpaillage clandestin jugée « inacceptable » par le Chef de l’Etat lui-même.
Un an après quel est le bilan de cette opération ?
Le dispositif « Harpie », qui visait à démanteler les réseaux logistiques soutenant l’orpaillage clandestin et à poursuivre leurs auteurs devant la justice, s’est effectivement soldé par la saisie de 19 kilos d’or et de 193 kilos de mercure. Mais l’opération a fait long feu. Moins de quatre mois après son lancement, et malgré les engagements fermes du Président de la République annoncés dans son discours de Camopi, les effectifs ont été considérablement allégés dès le mois de juillet 2008.
Mise en veille trop tôt, l’Opération Harpie n’a causé qu’une baisse très temporaire de l’activité d’orpaillage clandestin, sans aucun effet significatif sur le long terme. Ainsi dès le 09 septembre 2008, plusieurs représentants des populations du Haut Maroni avaient adressé à la Préfecture de Guyane une « demande urgente d’intervention des forces de l’ordre contre l’orpaillage clandestin ».
Lors d’un nouveau survol aérien réalisé par le WWF en septembre 2008, Serge Orru, Directeur Général du WWF-France, estimait que « nous sommes devant une catastrophe écologique et humaine majeure qui nécessite une action de long terme », à la vue des nombreux sites d’orpaillage clandestins actifs autour de Camopi. En parallèle, une étude réalisée par l’ONF confirmait une « augmentation exponentielle de surface déforestée cumulée » en lien avec l’orpaillage.
Un an jour pour jour après les engagements pris par le Président de la République française pour la protection des communautés de l’intérieur, le WWF France sollicite de manière urgente, auprès du Gouvernement français :
- la reprise des opérations Harpie jusqu’en saison sèche 2009
- le développement de la traçabilité de l’or produit en Guyane
- la mise en place d’une politique de coopération active avec le Brésil