Une chute de plus de moitié des populations mondiales d’espèces sauvages en l’espace d’à peine quatre décennies : tel est le constat auquel aboutissent les calculs du Rapport Planète Vivante 2014 du WWF. Ce déclin continu de la vie sauvage souligne plus que jamais la nécessité de solutions durables pour mettre fin à une véritable hémorragie planétaire. Le Rapport Planète Vivante 2014 montre parallèlement que l’Empreinte écologique (indicateur exprimant la demande de ressources naturelles de la part de l’humanité) poursuit sa tendance à la hausse. Si l’érosion de la biodiversité et le maintien d’une empreinte insoutenable menacent tous deux les systèmes naturels et le bien-être humain, ils nous invitent aussi à prendre des actions pour inverser les tendances à l’œuvre.
UNE BIODIVERSITÉ EN FORT DÉCLIN, UNE DEMANDE EN RESSOURCES NATURELLES CROISSANTE ET INSOUTENABLE. LES POPULATIONS D’ESPÈCES ONT DIMINUÉ DE 52 % DANS LE MONDE DEPUIS 1970. IL NOUS FAUT UNE TERRE ET DEMIE POUR SATISFAIRE NOTRE DEMANDE ACTUELLE EN RESSOURCES NATURELLES. CELA SIGNIFIE QUE NOUS ENTAMONS NOTRE CAPITAL NATUREL ET QU’IL SERA DONC PLUS DIFFICILE DE SUBVENIR AUX BESOINS DES GÉNÉRATIONS FUTURES. L’EFFET CONJUGUÉ DE LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET DE L’AMPLEUR DE L’EMPREINTE PAR TÊTE VA MULTIPLIER LES PRESSIONS EXERCÉES SUR NOS RESSOURCES. LES PAYS À HAUT NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ONT TENDANCE À AVOIR UNE FORTE EMPREINTE ÉCOLOGIQUE. LEUR DÉFI VA CONSISTER À FAIRE PROGRESSER LEUR DÉVELOPPEMENT HUMAIN TOUT EN RAMENANT LEUR EMPREINTE À UN NIVEAU VIABLE À L’ÉCHELLE PLANÉTAIRE. PLUSIEURS « LIMITES PLANÉTAIRES » ONT PEUT-ÊTRE DÉJÀ ÉTÉ FRANCHIES, AU-DELÀ DESQUELLES DES CHANGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX SOUDAINS OU IRRÉVERSIBLES PEUVENT SE PRODUIRE. LE BIEN-ÊTRE HUMAIN DÉPEND DE RESSOURCES NATURELLES TELLES QUE L’EAU, LES TERRES ARABLES, LE POISSON ET LE BOIS, MAIS AUSSI DE SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES COMME LA POLLINISATION, LE CYCLE DES NUTRIMENTS ET LA PRÉVENTION DE L’ÉROSION. BIEN QUE LES PLUS PAUVRES DEMEURENT LES PLUS VULNÉRABLES, LES ENJEUX INTERCONNECTÉS DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, HYDRIQUE ET ÉNERGÉTIQUE NOUS CONCERNENT TOUS. LA VISION POUR UNE SEULE PLANÈTE DU WWF PROPOSE DES SOLUTIONS POUR UNE PLANÈTE VIVANTE : PRÉSERVATION DU CAPITAL NATUREL, AMÉLIORATION DE LA PRODUCTION, CONSOMMATION PLUS RAISONNABLE, RÉORIENTATION DES FLUX FINANCIERS, ET INSTAURATION D’UNE GOUVERNANCE PLUS ÉQUITABLE DES RESSOURCES. IL NE SERA PAS FACILE DE CHANGER DE CAP ET DE TROUVER D’AUTRES TRAJECTOIRES, ET POURTANT, C’EST POSSIBLE.« La biodiversité est une composante cruciale des systèmes permettant la vie sur Terre, mais elle est aussi le baromètre de ce que nous faisons subir à notre planète, notre unique demeure. Ce qu’il nous faut de toute urgence, c’est une action planétaire dans tous les secteurs de la société pour bâtir un avenir plus durable », déclare le Directeur du WWF-International, Marco Lambertini. Le Rapport Planète Vivante 2014 est la dixième édition de la publication bisannuelle phare du WWF. Intitulé Des hommes, des espèces, des espaces, et des écosystèmes, il suit l’évolution de plus de 10 000 populations d’espèces vertébrées (regroupées dans une base de données tenue par la Zoological Society of London) entre 1970 et 2010 pour établir l’Indice Planète Vivante. Le calcul de l’Empreinte écologique de l’humanité est quant à lui effectué par le Global Footprint Network.
L’Indice Planète Vivante calculé cette année s’appuie sur une méthodologie révisée qui reflète plus fidèlement la biodiversité mondiale et brosse un tableau plus précis de l’état de santé de notre environnement naturel. Si elle révèle une nouvelle dégradation du sort des espèces du globe depuis la publication des rapports précédents, l’étude s’attache aussi à exposer plus en détail les solutions existantes.
« Les conclusions de ce Rapport Planète Vivante montrent plus que jamais que la complaisance n’a pas lieu d’être. Pour nous, il est essentiel de saisir l’occasion (tant que nous le pouvons) de nous développer durablement et de créer un avenir où les individus peuvent vivre et prospérer en harmonie avec la nature », avertit Marco Lambertini.
Recul critique des espèces sauvages


Une Empreinte écologique sans cesse plus large
Selon le rapport, la demande de ressources planétaires de l’humanité dépasse de plus de 50 % l’offre renouvelable de la nature : en d’autres termes, il nous faut 1,5 Terre pour produire les ressources correspondant à notre Empreinte écologique du moment. Cet état de « dépassement global » signifie, par exemple, que le rythme auquel nous exploitons les forêts, pompons l’eau douce et rejetons du CO2 dépasse celui auquel les arbres repoussent, les aquifères se reconstituent et la nature séquestre nos émissions.
« Le dépassement écologique, c’est LE défi du 21e siècle », prévient Mathis Wackernagel, Président et co-fondateur de Global Footprint Network. « Près des trois quarts de la population mondiale vit dans des pays présentant à la fois des déficits écologiques et de faibles revenus. Les contraintes de ressources font que nous devons avant tout chercher comment améliorer le bien-être humain autrement que par la simple croissance. »
C’est la raison pour laquelle le découplage entre empreinte et développement apparaît comme une priorité mondiale fondamentale. L’Empreinte écologique par habitant des pays à haut revenu a beau être cinq fois supérieure à celle des pays à bas revenu, les études prouvent cependant qu’il est possible d’accroître le niveau de vie tout en abaissant la consommation de ressources.
Les 10 pays présentant l’Empreinte écologique par habitant la plus forte sont, dans l’ordre, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Danemark, la Belgique, Trinité-et-Tobago, Singapour, les Etats-Unis, Bahreïn et la Suède.
La connexion climatique
Le rapport suit de quelques mois la publication d’une étude des Nations unies soulignant les impacts croissants du changement climatique et corrobore la conclusion selon laquelle le climat affecte déjà la santé de la planète.
Selon le Rapport Planète Vivante 2014, plus de 200 bassins fluviaux abritant quelque 2,5 milliards d’habitants connaissent une grave pénurie hydrique pendant au moins un mois par an. Sachant que près d’un milliard de personnes souffrent déjà de la faim, il montre comment l’évolution du climat, associée aux changements d’utilisation des sols, menace la biodiversité et pourrait conduire à l’aggravation des pénuries alimentaires.
La tenue de négociations constructives débouchant sur une convention climatique internationale fait justement partie des pistes portant la promesse d’une inflexion de ces tendances. La conclusion d’un accord mondial ouvrant la voie à une économie faiblement carbonée est en tout état de cause essentielle, la consommation de combustibles fossiles étant aujourd’hui le facteur dominant de l’Empreinte écologique.
Pour Philippe Germa, Directeur général du WWF France, « les impacts du dérèglement climatique se font déjà sentir sur les espèces, les écosystèmes, et nos sociétés qui en dépendent. Si nous n’agissons pas de manière ambitieuse pour réduire nos émissions, nous franchirons les limites dans lesquelles la nature et les hommes peuvent s’adapter au changement climatique. Le sommet du secrétaire général des Nations Unies sur le climat qui vient de s’achever à New York a permis de montrer que les entreprises, les collectivités, les gouvernements qui font les bons choix pour réduire leur empreinte sont déjà nombreux et qu’ils en tirent des avantages économiques et sociaux : le WWF va entretenir cette dynamique en vue d’atteindre un accord satisfaisant lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat qui se tiendra à Paris fin 2015 ».
Un autre cycle de négociations consacré à la définition d’une série d’objectifs de développement donne par ailleurs l’occasion aux Etats de se pencher sur les moyens de protéger les systèmes naturels d’une planète appelée à compter plus de 9,5 milliards d’habitants dans les décennies à venir.
Des solutions durables



