Livre concis et crucial, Pour une pensée systémique offre un aperçu de la résolution de problèmes à des échelles allant du niveau personnel au niveau mondial. Écrit par Donella Meadows, autrice principale de Limites à la croissance dans un monde fini publié il y a 50 ans, cet ouvrage rend accessible, à l’aide d’exemples simples et non sans humour, les concepts et outils de la pensée systémique, dont les moyens de réparer les systèmes dysfonctionnels.
« Ce livre apprendra aux lecteurs assidus à réfléchir de manière systémique aux problèmes qui les préoccupent. Certes, cela ne garantira pas l’élimination desdits problèmes. Cependant, l’ignorance des causes et conséquences des nombreux dysfonctionnements de la société garantira à coup sûr que ceux-ci perdurent. » Dennis MeadowsLivre concis et crucial, Pour une pensée systémique offre un aperçu de la résolution de problèmes à des échelles allant du niveau personnel au niveau mondial. Écrit par Donella Meadows entre 1972 et 1993 et édité en 2008 par le Sustainability Institute (Vermont), cet ouvrage extrait la pensée systémique du domaine informatique et mathématique pour la rendre tangible et concrète. En effet, certains des plus grands problèmes auxquels le monde est confronté – la guerre, la faim, la pauvreté et la dégradation de l’environnement – sont essentiellement dus à des défaillances de systèmes. Ils ne peuvent être résolus en se préoccupant d’une pièce isolément des autres, car même des détails apparemment mineurs ont le pouvoir de saper les meilleurs efforts d’une pensée trop étroite, « en silo ». Il s’agit au contraire de prendre en compte la totalité des faits d’un système complexe, en tant que parties intégrantes d’un ensemble dont les différents composants sont dans une relation d’interdépendance. À l’aide d’exemples simples, et non sans humour, Donella Meadows rend accessible les concepts et outils de la pensée systémique, dont les moyens de réparer les systèmes dysfonctionnels. Elle rappelle également au lecteur de prêter attention à ce qui est important, et pas seulement à ce qui est quantifiable, de rester humble et de continuer à apprendre. Dans un monde de plus en plus compliqué et interdépendant, Pour une pensée systémique aide à éviter la confusion et l’impuissance, première étape vers la recherche de solutions proactives et efficaces.
Préface inédite de Dennis Meadows
En 1970, Donella Meadows a renoncé aux prémices d’une brillante carrière en biophysique pour se former à une méthodologie d’analyse systémique. Après avoir obtenu son doctorat avec mention à Harvard, elle avait bénéficié d’une prestigieuse bourse pour étudier à la microseconde près la complexité de la dynamique enzymatique à l’aide d’appareils à balayage électronique extrêmement coûteux et sophistiqués. Mais ce domaine de recherche ne l’intéressait plus. Nous rentrions tout juste d’un voyage sac au dos depuis le Royaume- Uni jusqu’au Sri Lanka. En douze mois nous avions parcouru 100 000 km, arpenté treize nations, côtoyé d’innombrables cultures, langues et religions et traversé environ cinq siècles (mon estimation de la différence culturelle entre l’Afghanistan rural et l’Angleterre urbaine d’il y a cinquante ans). Nous avions été témoin de nombreux dysfonctionnements sociaux, politiques, environnementaux, économiques et psychologiques, dont beaucoup perduraient depuis des siècles, voire des millénaires. Donella a voulu comprendre les causes des problématiques sociales qu’elle avait constatées, et en étudier les conséquences et les solutions. Or la biophysique n’offrait aucun outil pour cela. En revanche, les méthodologies de la pensée systémique semblaient prometteuses. Aussi m’a-t-elle rejoint au sein de l’équipe de dynamique des systèmes au Massachusetts Institute of Technology, où elle s’est formée à nos techniques durant trois mois intensifs. Puis elle a joué un rôle central dans l’étude que nous avons réalisée pour le Club de Rome sur la dynamique mondiale à long terme. Et elle a été la principale autrice du rapport qui en a résulté, The Limits to Growth. Grâce au cheminement inhabituel par lequel elle s’était introduite dans ce champ de la connaissance, elle détenait un avantage unique sur la plupart des auteurs abordant la pensée systémique. Après s’être procuré des outils systémiques, ces derniers partaient en quête d’applications pertinentes. Cette approche a généré de nombreux ouvrages utiles. Toutefois leur préoccupation envers les problèmes découlait de leurs méthodologies. Tandis que les méthodologies de Donella découlaient de sa préoccupation envers les problèmes. Après avoir terminé notre projet au MIT, Donella et moi sommes entrés au Dartmouth College où nous avons dirigé un programme d’enseignement consacré aux méthodologies de la dynamique des systèmes. Durant ce cursus de plusieurs années spécialement conçu, nos étudiants acquéraient la capacité de représenter mathématiquement des problèmes complexes et de développer des modélisations informatiques débouchant sur des recommandations quant aux politiques à mettre en œuvre. C’était tout à fait passionnant et stimulant. Mais Donella a rapidement compris que le temps et le coût nécessaires pour devenir un modélisateur professionnel réduiraient l’impact du projet. Comme si l’on formait des pilotes de chasse pour maintenir la paix. L’impact serait bien plus important si l’on employait les ressources consacrées à l’instruction d’un pilote pour former des milliers de gens aux techniques de la négociation et du compromis. De même, un millier d’agents de santé de formation limitée œuvrant dans les villages contribueront toujours davantage au bien-être de la population qu’un seul neurochirurgien expérimenté. L’un des adages préférés de Donella était le suivant :« Donnez du poisson à une population affamée, vous la nourrirez pendant une journée. Apprenez-lui à pêcher, vous la nourrirez pour toujours. »Partant de ce constat, Donella s’est efforcée pendant plus d’une décennie de trouver la meilleure façon d’aider ses élèves à maîtriser la pensée systémique sans recourir à tout l’attirail des modélisations informatiques. Durant cette période, elle fut à la fois enseignante, autrice et agricultrice. Ces différents rôles lui permirent de tester ses idées sur les gens et le monde naturel. Elle rejetait les approches qui ne fonctionnaient pas, et elle améliorait celles qui s’avéraient probantes. Ce faisant, elle a rédigé de nombreux documents témoignant de ses recherches. Donella est décédée soudainement en 2001, avant d’avoir pu rassembler ses écrits sous la forme d’un livre. Nous avons toutefois l’immense chance que son amie et collègue de longue date, Diana Wright, ait eu l’envie, le temps et la capacité de terminer le travail de mon épouse. Il en résulte un texte à nul autre pareil. Si vous recherchez sur Google l’expression « liste des meilleurs ouvrages sur la pensée systémique », vous obtiendrez environ 350 millions de résultats. Sur la plupart des sites proposant de telles listes, le livre de Donella figurera en première position – dans de nombreuses traductions. Ce qui me facilite la tâche pour rédiger cette préface : nul besoin d’insister sur les mérites de cet ouvrage, qui ont déjà largement été reconnus et commentés. Ce livre apprendra aux lecteurs assidus à réfléchir de manière systémique aux problèmes qui les préoccupent. Certes, cela ne garantira pas l’élimination desdits problèmes. Cependant, l’ignorance des causes et conséquences des nombreux dysfonctionnements de la société garantira à coup sûr que ceux-ci perdurent. Donella adorait également ce proverbe :
« Mieux vaut allumer une bougie que maudire l’obscurité.»Cet ouvrage vous apportera un nouvel éclairage sur la manière d’affronter les systèmes contre lesquels vous n’avez sans doute pas d’autre solution que de pester. DENNIS MEADOWS, Durham, New Hampshire, États-Unis Octobre 2022
Points forts
- L’ouvrage de référence sur la pensée systémique, outil indispensable pour affronter les nombreux défis environnementaux, politiques, économiques et sociaux actuels.
- Une réflexion qui s’inscrit dans le prolongement du rapport Meadows : principale plume des Limites à la croissance (dans un monde fini), Donella Meadows revient ici sur l’outil méthodologique mis au point pour mener à bien la recherche ayant donné lieu à la rédaction du rapport.
- Un essai accessible et stimulant sur les systèmes et leurs défaillances, qui explique avec beaucoup de pédagogie les différents points de levier pour les transformer de manière durable.
- La mise en lumière du parcours et des travaux de Donella Meadows, une scientifique et écologiste pionnière qui a défendu toute sa vie la transdisciplinarité, l’application pratique, l’accessibilité et la diffusion des connaissances.
- Une préface inédite de Dennis Meadows, rédigée à l’automne 2022 pour l’édition française.
Préface de Diana Wright du Sustainability Institute, éditrice états-unienne du livre
En 1993, Donella (Dana) a terminé une première ébauche de l’ouvrage que vous avez entre les mains. Quoique non publié à l’époque, il a circulé pendant des années de manière informelle. Mais Dana est décédée subitement en 2001 avant de l’avoir finalisé. Au cours des années qui ont suivi, ses écrits ont manifestement continué de bénéficier à un large éventail de lecteurs. Dana était une scientifique, une autrice et l’une des meilleures communicantes dans le domaine de la modélisation systémique. En 1972, Dana fut la principale autrice de The Limits to Growth qui remporta un grand succès et fut traduit dans de nombreuses langues. Les précautions qu’elle recommandait avec ses coauteurs sont aujourd’hui reconnues comme étant les avertissements les plus pertinents quant à la manière dont les modèles non durables pourraient, faute d’être réfrénés, occasionner des ravages à travers le globe. Cet ouvrage a fait la une des journaux du monde entier pour avoir affirmé qu’une croissance continue de la population et de la consommation pourrait nuire gravement aux écosystèmes et aux systèmes sociaux qui maintiennent la vie sur terre, et qu’une croissance économique illimitée finirait par perturber de nombreux systèmes locaux, régionaux et mondiaux. Les révélations contenues dans ce livre et ses mises à jour1 font à nouveau les gros titres alors que nous atteignons le pic pétrolier, que nous nous heurtons aux réalités du changement climatique et que nous voyons une population mondiale de 6,6 milliards d’individus aux prises avec les conséquences implacables de la croissance physique. En somme, Dana a introduit l’idée selon laquelle nous devons changer radicalement notre manière d’envisager le monde et ses systèmes afin de rectifier le cap. Aujourd’hui, il est largement admis que la pensée systémique constitue un outil crucial pour répondre aux nombreux défis environnementaux, politiques, économiques et sociaux auxquels nous devons faire face à travers le monde. Qu’ils soient gros ou petits, les systèmes peuvent avoir des comportements similaires. Et la compréhension de ces derniers est sans doute notre meilleur espoir pour amorcer un changement durable à de multiples niveaux. Dana a rédigé ce livre afin de porter ce concept à la connaissance d’un plus large public.Voilà pourquoi nous avons décidé, avec mes collègues du Sustainability Institute, qu’il était temps de le publier à titre posthume. Un ouvrage supplémentaire viendra-t-il en aide au monde ainsi qu’à vous, lecteur ? Je le pense. Peut-être que vous travaillez dans une entreprise (ou possédez une entreprise) et peinez à voir comment votre organisation pourrait contribuer à rendre le monde meilleur. Peut-être occupez-vous un poste de décideur qui voit les autres se rebiffer contre vos bonnes idées et vos bonnes intentions. Ou peut-être qu’en tant que responsable, vous vous êtes échiné à résoudre des problèmes importants dans votre entreprise ou votre communauté, avec pour seul résultat de voir d’autres défis émerger dans leur sillage. En tant que partisan du changement dans le fonctionnement d’une société (ou d’une famille), dans ses valeurs et ce qu’elle protège, vous avez peut-être vu des années de progrès balayées par quelques réactions intempestives. Ou bien peut-être qu’en tant que citoyen d’une société de plus en plus mondialisée, vous êtes tout simplement contrarié d’observer à quel point il est difficile d’introduire un changement positif et durable. Si vous êtes dans l’un de ces cas, je pense que ce livre vous sera utile. Bien qu’il existe des dizaines de titres consacrés à la «modélisation des systèmes» et à la «pensée systémique», il manque clairement un ouvrage accessible et stimulant sur les systèmes et nous-mêmes – pourquoi les trouvons-nous parfois si déroutants et comment pouvons-nous apprendre à mieux les gérer et les remanier. Quand Dana écrivait le présent ouvrage, elle venait de terminer la mise à jour de The Limits to Growth vingt ans après sa première parution, sous le titre Beyond the Limits [Au-delà des limites]. Elle était titulaire d’une bourse Pew de recherche sur la conservation et l’environnement, faisait partie du Comité pour la recherche et l’exploration de la National Geographic Society, et elle enseignait les systèmes, l’environnement et l’éthique au Dartmouth College dans le New Hampshire. À travers tous les aspects de son activité, elle était immergée dans les évènements de l’époque. Elle avait conscience du fait que ces derniers constituaient le comportement apparent de systèmes souvent complexes. Bien que le manuscrit original de Dana ait été revu et restructuré, une grande partie des exemples que vous trouverez dans ce livre sont issus de sa version initiale de 1993. Ils vous sembleront peut-être désuets, mais j’ai choisi de les garder car leurs enseignements sont toujours aussi pertinents à l’heure actuelle. Le début des années 1990 est marqué par la dislocation de l’Union soviétique ainsi que par des changements majeurs dans d’autres pays socialistes. L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est signé. L’armée irakienne envahit le Koweït puis se retire en incendiant des puits de pétrole. En Afrique du Sud, Nelson Mandela est libéré et les lois sur l’apartheid sont abolies. Le leader syndical Lech Walesa est élu président de Pologne, et le poète Václav Havel président de la Tchécoslovaquie. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publie son premier rapport d’évaluation, concluant que « les émissions résultant des activités humaines augmentent considérablement les concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre, renforçant l’effet de serre et entraînant un réchauffement supplémentaire de la surface de la Terre ». Et les Nations unies tiennent à Rio de Janeiro une conférence sur l’environnement et le développement. À la même époque, Dana lit l’International Herald Tribune lors de ses déplacements professionnels. En une seule semaine, elle y repère de nombreux exemples de systèmes nécessitant une meilleure gestion ou une reconfiguration complète. Elle les trouve dans le journal parce qu’ils sont omniprésents dans notre entourage. Lorsque vous commencerez à voir que les évènements quotidiens relèvent de certaines tendances, et que ces tendances sont symptomatiques d’une structure systémique sous-jacente, vous serez capable d’envisager de nouveaux modes de gestion et de nouvelles manières de vivre dans un monde de systèmes complexes. En publiant le manuscrit de Dana, j’espère accroître l’aptitude des lecteurs à comprendre les systèmes qui les entourent, à en parler et à amorcer des changements positifs. J’espère que cette introduction accessible aux systèmes ainsi que notre manière de les appréhender constitueront un outil précieux dans un monde qui doit rapidement changer ses comportements résultant de systèmes très complexes. C’est un ouvrage simple à propos d’un monde complexe. Il est destiné à ceux qui souhaitent façonner un avenir meilleur. DIANA WRIGHT, 2008L’autrice
Née en 1941 et décédée en 2001, Donella H. Meadows était une scientifique, une autrice, une enseignante et une agricultrice. Diplômée de Harvard, elle a été professeure d’études environnementales à l’Université de Darmouth (New Hampshire). Spécialiste de la dynamique des systèmes, elle est l’autrice principale du rapport Meadows au Club de Rome, The Limits to Growth. Traduit en 28 langues et devenu un best-seller, le livre a suscité un débat international sur la capacité de la Terre à supporter un développement et une expansion humaine constants. La version mise à jour avec ses coauteurs Dennis Meadows et Jorgen Randers en 2004 a été publiée en français par les éditions Rue de l’échiquier sous le titre Les Limites à la croissance (dans un monde fini) et s’est depuis vendue à plus de 50 000 exemplaires.Vidéo : « Des systèmes soutenables », une conférence de Donella Meadows à l’Université du Michigan, en 1999