"A l’image du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), cette plateforme, particulièrement défendue par la France, sera une véritable interface mondiale entre la science et les décideurs. On ne pouvait imaginer plus belle conclusion à l’année de la biodiversité que la création de l’IPBES par l’ONU. Cette résolution constitue le point de départ pour favoriser une meilleure prise en compte de la protection de la biodiversité dans toutes nos politiques publiques" s’est réjouie Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement.
"C’est une excellente nouvelle, les réticences politiques sont terminées, maintenant il faut retourner à la construction du système", confirme Lucien Chabason, conseiller auprès de la direction de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).
Dès 2005, lors de la conférence internationale "Biodiversité, science et
gouvernance" qui s’est tenue à Paris à l’UNESCO, la France a proposé la mise en place d’un mécanisme scientifique international capable de répondre, dans le domaine de la biodiversité, aux besoins des gouvernements, sur le modèle du GIEC dans le domaine du climat.
La biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes sont complexes et difficiles à appréhender. L’érosion des espèces animales comme végétales est souvent silencieuse, peu perceptible et ses effets à long terme, comme la diminution des stocks de poissons ou la disparition des insectes pollinisateurs, sont parfois irréversibles. Les nombreux services rendus par la biodiversité pour le bien être de l’humanité ne sont pas substituables.
La complexité des phénomènes en jeu rend cruciale l’existence d’un mécanisme international permettant à la communauté scientifique d’éclairer les décideurs politiques et le grand public sur les enjeux environnementaux, sociaux mais aussi économiques liés à la préservation de la nature.
L’IPBES a reposé sur l’implication et le dynamisme de la communauté scientifique française et internationale, et une mobilisation interministérielle sans faille. Tout d’abord portée par l’Union Européenne, cette initiative a ensuite été longuement débattue au niveau des Nations-Unies. La résolution d’aujourd’hui de l’Assemblée
générale des Nations-Unies, qui a fait l’objet de difficiles négociations à New-York (les pays du sud, Brésil en tête, craignaient un processus contrôlé par le nord et une entrave potentielle à leur développement), est une avancée notable en faveur de la protection de la biodiversité. C’est l’adoption à Nagoya, en octobre, d’un accord organisant le partage des bénéfices tirés par certaines industries des ressources génétiques des pays du sud qui a permis de lever les dernières réticences, selon Salvatore Arico, expert en biodiversité au sein de l’UNESCO, associée à cette plate-forme.
La prochaine étape aura lieu en février 2011, à Nairobi (Kenya), quand les différents ministres de l’Environnement réunis à l’occasion du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement donneront leur aval à l’organisation de la première réunion plénière de l’IPBES, qui devrait avoir lieu d’ici juin 2011. C’est pendant cette réunion que seront définies ses modalités de fonctionnement et le lieu où sera hébergé son secrétariat.