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Biodiversité : 1/3 des mammifères gravement menacés

La Liste Rouge de l’UICN révèle la crise d’extinction des mammifères

Le 4e congrès mondial de la nature, organisé à Barcelone par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) accueille depuis aujourd’hui et jusqu’au 14 octobre quelque 8000 scientifiques, hommes politiques et militants écologistes. Objectif : faire le point sur les espèces menacées et encourager les décideurs à prendre des mesures de conservation de la biodiversité. A cette occasion, l’Union mondiale pour la nature a publié ce lundi sa nouvelle liste rouge avec ce triste constat : la moitié des espèces de mammifères sont en déclin et probablement un tiers sont menacés d’extinction. Une espèce de mammifères sur quatre est en danger de disparition, soit 1.141 (200 espèces de plus en 2007) sur 5.487 espèces recensées, précise l’UICN dans cette étude la plus complète jamais réalisée sur les mammifères. Mais la réalité pourrait s’avérer pire encore en raison d’un manque d’informations concernant 836 mammifères, a averti l’organisation.

La nouvelle évaluation mondiale des mammifères indique qu’au moins 1141 espèces sur les 5487 mammifères de la planète sont menacées d’extinction. Au moins 76 mammifères se sont éteints depuis l’an 1500. Cependant, les résultats montrent aussi que les efforts de conservation peuvent inverser la situation d’espèces proches de l’extinction : 5 % des mammifères actuellement menacés montrent des signes de rétablissement à l’état sauvage. « Au cours de notre vie, des centaines d’espèces pourraient disparaître en raison de nos propres actions, ce qui constitue un signe alarmant sur l’état des écosystèmes où elles vivent », indique Julia Marton-Lefèvre, Directrice générale de l’UICN. « Nous devons établir des objectifs précis pour l’avenir afin d’inverser la tendance et éviter de laisser comme héritage la disparition d’un grand nombre de nos parents les plus proches ». La situation réelle pourrait être bien pire, puisque 836 mammifères sont classés dans la catégorie « données insuffisantes ». Des informations plus approfondies pourraient faire état de menaces pour un nombre plus élevé d’espèces. « En réalité, le nombre de mammifères menacés pourrait atteindre 36 %”, indique Jan Schipper, de Conservation International, auteur principal d’un article à paraître dans Science. « Ceci indique que des actions de conservation étayées par la recherche devraient être clairement prioritaires à l’avenir, non seulement pour améliorer les données et évaluer les dangers relatifs à ces espèces mal connues, mais aussi pour explorer des moyens permettant de restaurer des espèces et des populations menacées. » Les résultats indiquent que 188 mammifères se trouvent dans la catégorie la plus menacée – en danger critique d’extinction – parmi lesquels le lynx ibérique (Lynx pardinus), dont la population ne comprend que 84 à 143 adultes et continue de décliner en raison de la raréfaction de sa proie principale, le lapin européen (Oryctolagus cuniculus). Le cerf du père David (Elaphurus davidianus) d’origine chinoise, est classé dans la catégorie « éteint à l’état sauvage ». Cependant, les populations vivant en captivité et en semi-captivité se sont accrues depuis quelques années et il se peut que l’on puisse procéder dans un proche avenir à une réintroduction dans la nature. Il est peut-être trop tard, en revanche, pour sauver les 29 espèces additionnelles classées « en danger critique d’extinction, peut-être éteintes », parmi lesquelles le petit hutia de Cuba (Mesocapromys sanfelipensis), qui n’a pas été observé depuis près de 40 ans. Près de 450 espèces de mammifères sont classées « en danger », dont le diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii), passé de la catégorie « préoccupation mineure » à « en danger » après un déclin de plus de 60% de sa population mondiale dans la dernière décennie en raison d’une tumeur cancéreuse faciale transmissible et fatale. Le chat viverrin ou chat pêcheur (Prionailurus viverrinus), qui vit en Asie du sud-est, est passé de « vulnérable » à « en danger » à cause de la destruction d’habitats dans les zones humides. Le phoque de la Caspienne (Pusa caspica) est également passé de « vulnérable » à « en danger ». Sa population a diminué de 90 % depuis un siècle et continue de décroître, en raison d’une chasse non durable et de la dégradation des habitats. La destruction et la dégradation des habitats touchent 40 % des mammifères de la planète. Le phénomène est plus grave en Amérique Centrale et du Sud, en Afrique Orientale et Centrale, à Madagascar et en Asie du Sud et du Sud-est. Les prélèvements excessifs contibuent à la disparition des grands mammifères, en Asie du Sud-est, mais aussi dans certaines régions d’Afrique et d’Amérique du Sud. Le sengi à face grise ou musaraigne-éléphant (Rhynchocyon udzungwensis) n’a été observé que dans deux forêts des monts Udzungwa en Tanzanie. Toutes deux sont intégralement protégées mais elles sont vulnérables aux incendies. L’espèce, décrite pour la première fois cette année, a été classée dans la catégorie « vulnérable ». Malgré tout, il y a également des bonnes nouvelles. L’évaluation mondiale des mammifères montre que des espèces peuvent se rétablir grâce à des efforts concertés de conservation. Le putois à pieds noirs (Mustela nigripes) est passé d’ « éteint à l’état sauvage » à « en danger », après une réintroduction réussie par le Fish and Wildlife Service des Etats-Unis dans huit Etats de l’ouest américain et au Mexique entre 1991 et 2008. De même, le cheval sauvage (Equus ferus) est passé d’ « éteint à l’état sauvage » à « en danger critique d’extinction » cette année, après des réintroductions réussies en Mongolie depuis le début des années 1990. L’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) est passé de « vulnérable » à « quasi menacé », quoique son statut varie considérablement à l’intérieur de son aire de répartition. Cette évolution reflète l’accroissement actuel de populations importantes d’Afrique australe et orientale, qui se poursuit. Cet accroissement compense les éventuels déclins pouvant se produire ailleurs. « Plus nous attendons, plus cela coûtera cher de prévenir des extinctions futures », indique Jane Smart, Directrice du Programme des espèces de l’UICN. « A l’heure actuelle nous savons quelles espèces sont menacées, quelles sont les menaces et où elles se trouvent ; nous n’avons plus d’excuses pour regarder en spectateurs sans rien faire ». Le projet d’évaluation des mammifères de la planète a été réalisé avec l’aide de plus de 1800 scientifiques de plus de 130 pays. Il a été rendu possible par le travail bénévole des groupes de spécialistes de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN et par des collaborations entre des institutions et des universités de premier plan, notamment Conservation International, la Sapienza Università di Roma, l’Université de l’Etat de l’Arizona, l’Université du Texas A&M, l’Université de Viriginie et la Société zoologique de Londres.

Les mammifères ne sont pas les seuls

Au total, la Liste Rouge de l’UICN comprend maintenant 44 838 espèces, dont 16 928 sont menacées d’extinction (38 %). Parmi ces dernières, 3 246 se trouvent dans la catégorie la plus menacée, « en danger critique d’extinction », 4 770 sont « en danger » et 8 912 « vulnérables » à l’extinction. De nouveaux groupes d’espèces sont apparus sur la Liste Rouge de l’UICN pour la première fois, accroissant ainsi la diversité et la richesse des informations. Les mygales indiennes, très prisées par les collectionneurs et menacées par le commerce international d’animaux de compagnie, font leur première apparition sur la Liste Rouge de l’UICN. Elles sont confrontées à la perte d’habitats en raison de l’urbanisation et de la construction de routes. Ainsi, la mygale ornementale de Rameshwaram (Poecilotheria hanumavilasumica), est classée en danger critique d’extinction, car son habitat naturel est presque totalement détruit. Pour la première fois, la totalité des 161 espèces de mérou ont été évaluées, parmi lesquelles 20 sont menacées d’extinction. Le mérou corallien ou mérou à queue carrée (Plectropomus areolatus) vivant dans les récifs coralliens de la région indo-pacifique, se trouve maintenant dans la catégorie « vulnérable ». Très prisé pour sa chair, ce mérou est surpêché sur ses sites de frai, une menace importante pour de nombreuses espèces de mérou. Les amphibiens sont aussi confrontés à une crise d’extinction : 366 espèces ont été ajoutées à la Liste Rouge de l’UICN cette année. 1 983 espèces, soit 32 %, sont maintenant en danger ou éteintes. Au Costa Rica, le crapaud de Holdridge (Incilius holdridgei), une espèce endémique, est passé de « en danger critique d’extinction » à « éteint ». Malgré des études très poussées, il n’a pas été observé depuis 1986. Les nouveaux reptiles évalués cette année incluent le lézard géant de La Palma (Gallotia auaritae). Trouvé sur l’île de La Palma aux Canaries et considéré comme éteint depuis 500 ans, il a été redécouvert l’année dernière et se trouve maintenant « en danger critique d’extinction ». Le crocodile de Cuba (Crocodylus rhombifer), autrefois « en danger », est aussi maintenant « en danger critique d’extinction ». Sa population décline du fait de la chasse illicite pour sa viande et sa peau, utilisée pour la fabrication de vêtements.

Le Dow Jones de la biodiversité

Tout savoir sur la Liste Rouge de l'UICN
Tout savoir sur la Liste Rouge de l’UICN
L’indice Liste Rouge échantillonné (SRLI) est une nouvelle initiative de la Liste Rouge de l’UICN, mise au point en collaboration avec la Société zoologique de Londres. Elle va permettre une véritable révolution dans notre compréhension de l’état de conservation des espèces de la planète. Cet outil tire un échantillon aléatoire d’espèces d’un groupe taxonomique donné pour calculer les tendances des risques d’extinction à l’intérieur de ce groupe, un peu comme un sondage des électeurs à la sortie des urnes permet de calculer les tendances du vote. Il est ainsi possible de suivre le destin de ces espèces, comme le Dow Jones suit l’évolution des marchés financiers. Même si le nombre d’espèces couvertes par la Liste Rouge de l’UICN s’accroît chaque année, les évaluations étaient jusque-là généralement restreintes aux groupes les plus connus, notamment les oiseaux et les mammifères. De ce fait, jusqu’à présent, on connaissait le statut de conservation de moins de 4% de la biodiversité décrite de la planète . Il n’est plus possible de continuer à fonder des décisions de conservation sur un sous-ensemble aussi restreint d’espèces. L’indice echantillonné SRLI, plus représentatif de la biodiversité mondiale, permet d’obtenir un aperçu plus complet de la situation. « En matière de conservation, nous sommes en train de sortir des ténèbres de l’ignorance : nous n’avions de données que pour un sous-ensemble limité d’espèces », indique Jonathan Baillie, Directeur des programmes de conservation de la Société zoologique de Londres (ZSL). « A l’avenir, nous allons élargir nos connaissances à une plus grande variété de groupes d’espèces, ce qui permettra de conseiller et d’aider les décideurs d’une façon plus objective et plus représentative ». Mis au point pour élargir les types d’espèces traités par la Liste Rouge de l’UICN, le SRLI utilise un échantillon d’au moins 1500 espèces de plusieurs groupes afin de déterminer les tendances en matière de risque d’extinction. Tous les oiseaux, les amphibiens et les mammifères ont déjà été évalués pour la Liste Rouge de l’UICN. Les premiers résultats du SRLI sont publiés cette année et incluent des espèces de reptiles, permettant d’obtenir un aperçu plus précis de la situation des vertébrés terrestres, ainsi que d’autres groupes moins connus, comme les crabes d’eau douce. L’un des crabes d’eau douce récemment évalués, Afrithelphusa monodosa, vivant en Afrique de l’Ouest, était totalement inconnu des scientifiques jusqu’à une date très récente. Le premier spécimen vivant a été trouvé en 2005 ; il est classé « en danger » en raison des perturbations subies par les habitats et de la déforestation liée à l’agriculture dans les écosystèmes forestiers de la Haute-Guinée. A l’avenir, le SRLI échantillonnera d’autres groupes moins connus : coléoptères, mollusques, champignons, lichens et un certain nombre d’espèces végétales (bryophytes, monocotylédones, dicotylédones). Dans les années à venir, ce nouvel outil, qui peut être considéré comme l’indice Dow Jones de la biodiversité, nous permettra d’obtenir un aperçu plus précis du statut de l’ensemble des espèces de la planète, au-delà des espèces à fourrure et à plumes. « Avec le temps, grâce à la rigueur de ses méthodes, la Liste Rouge de l’UICN est devenue la « norme d’or internationale » pour le suivi du statut de conservation et des tendances des espèces, ainsi que des risques qui pèsent sur elles dans le monde entier », rappelle Holly Dublin, Présidente de la Commission de la sauvegarde des espèces (CSE) de l’UICN. « La CSE est la Commission la plus grande et la plus ancienne de l’UICN ; ses membres sont fiers d’avoir mis à la disposition du monde entier, grâce à leurs connaissances et à leurs compétences, un outil de conservation aussi extraordinaire ». – Pour aider l’UICN à lutter contre la crise de l’extinction, faites un don maintenant. Pour en savoir plus sur d’autres espèces recensées sur la Liste Rouge de l’UICN de cette année, veuillez aller à www.iucn.org/redlist et www.iucnredlist.org

 

Au sujet de l’UICN

L’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature, aide le monde à trouver des solutions à nos défis les plus urgents en matière d’environnement et de développement, en soutenant la recherche scientifique, en gérant des projets partout dans le monde, et en réunissant des gouvernements, des ONG, les Nations unies, les conventions et les sociétés internationales afin de développer ensemble des politiques, des lois et de bonnes pratiques.

L’UICN, le plus ancien et le plus vaste réseau environnemental du monde, est une union démocratique de plus de 1 000 membres, gouvernements et ONG, et de près de 11.000 scientifiques bénévoles répartis dans plus de 150 pays. Le travail de l’UICN est soutenu par plus de 1 000 professionnels dans 60 pays et par des centaines de partenaires des secteurs publics et privés et des ONG dans le monde entier. Le siège de l’UICN est situé à Gland, près de Genève, en Suisse.

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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