Au menu : saumon aux pesticides, porc et poulet aux antibiotiques, fruits et légumes toxiques. Pour trouver ces produits il suffit d’aller au supermarché le plus proche. 60 % des fruits et légumes consommés en France sont importés d’Espagne, de Turquie ou du Maghreb. 30% de ce que mangent les Français et leurs animaux d’élevage est importé de Chine. Notre assiette est désormais mondialisée et son contenu ne respecte pas toujours les normes sanitaires.
"70 % des poissons consommés par les Français viennent de Norvège, de Corée ou du Vietnam", précisent les 3 journalistes à l’origine de cette enquête. Or le saumon norvégien, particulièrement prisé des consommateurs français, est victime des attaques du dévastateur pou de mer. Pour contrer ce parasite, les éleveurs utilisent du diflubenzuron, un pesticide, qui, selon son mode d’emploi, serait dangereux pour l’environnement et toxique pour les poissons. On voit ainsi dans le documentaire diffusé lundi prochain sur France 3, Kurt Oddekalv, président de Green Warriors of Norway, une organisation écologique, brandir des "poissons monstres" victimes de déformation. Il affirme que "30% des cabillauds achetés sous forme de filets proviennent de ces poissons". L’AFP rapporte qu’après avoir vu l’émission, le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire s’est dit "choqué". Il a trouvé "révoltant" d’apprendre que le saumon d’élevage était nourri avec des pesticides "dont personne ne sait quels dégâts ils peuvent provoquer sur la santé humaine". Il a l’intention d’en parler avec son homologue norvégien.
Mais le « made in France » est aussi victime des dérives de l’industrialisation et de l’élevage intensif. Vous pourrez notamment découvrir dans cette enquête qu’il y a aussi du PCB, dans les sols et l’herbe des prés, qui contamine les volailles ou le lait des vaches... Quant aux cochons et canards élevés à la chaîne... Hélène Rochette de Télérama (N°3143 du 23 juin 2010) revient sur deux extraits de ce doc : "Filmée en caméra cachée, une éleveuse de canards parvient, atterrée, à se procurer des antibiotiques interdits en période de gavage ! Un producteur porcin breton pointe, dubitatif, l’insistance de sa coopérative à lui fournir des ordonnances "préventives" de médicaments pour ses cochons en parfaite santé - pour engraisser les animaux plus vite". Le plus grave, c’est que l’abus d’antibiotiques provoque des résistances qui se transmettent à l’être humain. Antoine Andremont, de l’hôpital Bichat, confirme : "c’est une menace extrêmement sérieuse pour l’avenir", avec le risque de se retrouver avec des bactéries "contre lesquelles on n’a plus de traitement du tout". Restent les légumes et les fruits, me direz-vous. Mais la fraise, produite de façon intensive en Andalousie, est traitée au bromure de méthyle, un pesticide interdit dans l’Union européenne. L’Espagne, selon les enquêteurs de France 3, aurait bénéficié d’une dérogation temporaire.
Que faire alors ?
La réponse est peut-être dans les résultats des régimes alimentaires suivis par les journalistes de France 3 pendant 12 semaines. Chacun d’eux a suivi un régime alimentaire différent : industriel, bio ou normal. Verdict ? Jean-Pierre, qui n’a absorbé que de la nourriture industrielle bon marché, a grossi de 1,5 à deux kilos, avec dans les urines des rejets d’urée et d’acides gras insaturés et un taux de conservateurs et de colorants multiplié par sept. Romain, qui s’est mis à un régime totalement bio, a maigri de deux kilos et ses analyses d’urine sont parfaites...
Cette enquête est diffusée lundi 28 juin sur France 3 à 20h35 dans le cadre de l’émission "pièces à convictions". Élise Lucet recevra Bruno Lemaire. Télérama estime que le ministre de l’Agriculture devra notamment répondre à cette question : "l’industrie agroalimentaire a-t-elle sacrifié la santé des consommateurs sur l’autel de la rentabilité ?" Sera également sur le plateau, le Docteur Patrice Halimi
secrétaire général de l’ASEF (Association Santé Environnement France www.asef-asso.fr ) qui a élaboré le protocole auquel ont été soumis les 3 journalistes cobayes de Pièces à conviction pour les besoins de leur enquête et analysé les résultats.