Dans son numéro 100, Valeurs Vertes, le magazine du développement durable, fondé en 1992, retrace l’histoire du ministère de l’Environnement, devenu le MEEDDM, à travers les ministres qui s’y sont succédés. Valeurs Vertes a retrouvé le premier d’entre eux, Robert Poujade, qui nous a accordé un entretien très actuel. Nous avons recueilli les témoignages de nombre de ses successeurs : Nelly Olin, sa loi sur l’eau et son attachement à appliquer le droit européen, Yves Cochet, l’explosion AZF et son constat sans concession sur le Grenelle, Corinne Lepage, sa loi sur l’air et son optimisme en berne, Dominique Voynet et son combat contre Allègre au sein du gouvernement Jospin, etc. Retrouvez-les dans la saga du ministère de l’Environnement.
Nous avons aussi la joie de vous faire part de la naissance du « Grand Prix du Développement durable de Lapin », avec notre nouvelle rubrique qui récompense les impostures du développement durable. Participez à ce prix : donnez votre avis sur les candidats du numéro 100 et proposez d’autres imposteurs sur www.valeursvertes.com ! Le numéro 100 consacre un grand dossier à la biodiversité, les dangers qui pèsent sur elle et les moyens étudiés pour la stopper. Les plus grands experts nous ont livré leurs réflexions et l’état de leur recherche : Jacques Weber, ancien président de l’Institut Français de Biodiversité, Gilles Bœuf, président du Muséum National d’Histoire Naturel, Hubert Reeves, astrophysicien, etc. Bientôt la mort de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (AFSSET) ? André Aschieri, vice-président, fondateur de l’AFSSET, Josée Cambou, administratrice de l’AFSSET, représentante de France Nature Environnement, François Desriaux, administrateur de l’AFSSET, ancien président de l’Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante, et Simone Sitbon, administratrice de l’AFSSET, chargée de mission environnement à l’Union nationale des Associations familiales signent une tribune libre dans laquelle ils dénoncent l’absorption programmée de l’AFSSET par l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), par le biais d’un simple amendement à la loi Hôpital-Patients-Santé-Territoires.ENTRE ESPOIRS ET IMPOSTURES !
Dans le désert des idées politiques où chaque pays navigue à vue entre obligations du terrain, crise économique, idéologie défaillante, accentuation des inégalités, prolifération des déclarations d’intention restant lettres mortes, crispation identitaire des choix religieux – vécus comme le refus de l’ouverture au monde – on peut dire que le 21ème siècle n’est pas bien conciliant. Le concept du développement durable, que nous avons, depuis dix sept ans, mis au cœur d’un projet de société future, n’est pas en meilleur état. Ce ne sont pas les conférences internationales, les tonnes de rapports rabâchant les mêmes litanies, les convertis de la dernière heure qui vont sauver la situation. Il faut revenir aux fondamentaux et bien mesurer dans quels domaines les avancées se sont produites. Si le développement durable n’a servi qu’à accentuer les différences entre les pays pauvres – dont on pille impunément les ressources en se bardant de labels équitables et d’auto proclamations – et les pays riches qui voient leurs classes populaires et moyennes se paupériser lentement ; nous n’en voulons pas ! Idem pour l’investissement socialement responsable ou la RSE qui n’ont ni empêché, ni même fait reculer les scandales financiers ! Les modélisations mathématiques de la finance internationale ont évacué le réel et la condition humaine. Le 21ème siècle est en danger. La science, à laquelle personne ne peut accéder s’il n’est un spécialiste, peut changer le monde dans le bon sens ou le mauvais. Pourtant, nous avons connu des réussites : l’Europe de l’Est a retrouvé la voie d’un bon état écologique, la diminution des pollutions sauvages… Les pays du monde commencent à comprendre les enjeux et certains à se mettre en ordre de marche. Exit Bush ! La réglementation européenne tend à s’appliquer réellement en matière de droit maritime et la directive REACH démarre un grand chantier pour la santé et l’environnement. Le monde entier comprend l’intérêt pour l’avenir de se mettre d’accord sur des idées fondamentales : la fin des ressources fossiles, une définition de la richesse économique qui passe aussi par des valeurs inattendues, celles des paysages, de la biodiversité, des ressources en eau, de la qualité de l’air, d’un urbanisme à visage humain. Le plaisir de vivre, quoi. Mais cette comptabilité-là, personne ne sait encore comment la mesurer. Le mot croissance « doit comporter des valeurs humaines qui transcendent l’économie et la technologie », écrivait Dubos. Nous sommes à leur recherche et, si l’on en juge dans l’actualité, nous sommes encore loin de les avoir trouvés. Danielle Nocher