En l’espace de 6 ans, le nombre de personne affectées par les crises climatiques s’est élevé à 375 millions, soit une augmentation de 54%, menaçant de submerger le système d’aide humanitaire. Derrière les gros titres se cachent également les histoires vraies provoquées par le changement climatique. L’ONG Oxfam International explique dans un rapport de quelle manière le monde aurait besoin de reconcevoir la manière par laquelle il répond à ces catastrophes, s’y prépare, et s’en prévient.
Selon Oxfam, l’actuel système d’aide humanitaire est désuet et injuste : il doit être réformé d’urgence. Explications. Oxfam international déclare que le nombre de personnes touchées par les crises climatiques pourrait atteindre les 375 millions de personnes d’ici les six prochaines années, soit une augmentation de 54 pour cent, menaçant d’accabler lourdement le système d’aide humanitaire. Ce calcul prend en compte les effets d’une pauvreté persistante et de la migration de personnes vers les bidonvilles surpeuplés menacés par un nombre croissant d’événements climatiques. L’incapacité des leaders mondiaux à gérer ces risques ainsi qu’un système d’aide humanitaire inadapté à la situation actuelle, aggravent encore plus cette situation. Dans son rapport intitulé Le droit de survivre, Oxfam affirme que le monde doit repenser la manière avec laquelle il prévient les catastrophes, s’y prépare et y réagit. Utilisant les meilleures données disponibles portant sur 6 500 catastrophes climatiques depuis 1980, Oxfam prévoit que le nombre de personnes touchées par une catastrophe climatique passera en moyenne de 133 millions à 375 millions de personnes par an d’ici 2015. Ces prévisions ne prennent pas en compte les personnes touchées par d’autres catastrophes comme les guerres, les tremblements de terre ou les éruptions volcaniques. Le monde doit accroître ses dépenses d’aide humanitaire, qui s’élevaient à 14,2 milliards de dollars en 2006, à au moins 25 milliards pour pouvoir prendre en charge le nombre croissant de victimes. Mais même une augmentation de cet ordre, équivalant à 50 $ par personne, reste inadéquate pour répondre aux besoins les plus élémentaires. « L’aide humanitaire fonctionne comme un grand jeu de cartes dont la donne est aléatoire et non basée sur les besoins des individus. La réponse est souvent irrégulière – insuffisante, en retard et inadéquate. Le monde arrive à peine à répondre au niveau actuel des désastres. Un accroissement important du nombre de personnes touchées par les catastrophes climatiques surchargera fatalement le système d’aide. Une réforme fondamentale centrée sur les personnes dans le besoin doit être mise en place», a déclaré Jeremy Hobbs, directeur général d’Oxfam International. Oxfam affirme que l’aide humanitaire doit être rapidement déployée et de manière impartiale après une catastrophe, en investissant des fonds et des efforts qui correspondent aux niveaux d’aide nécessaire. L’aide est souvent organisée sur la base de décisions politiques et d’autres critères, ce qui la rend fondamentalement injuste. En 2004, 1 241 $ étaient en moyenne dépensés pour chaque victime du tsunami contre 23 $ en moyenne pour chaque personne touchée par la crise humanitaire au Tchad. Le monde doit modifier sa façon de fournir de l’aide de sorte que celle-ci complète la capacité d’un pays à se préparer et à survivre aux catastrophes futures. Les gouvernements nationaux, soutenus par la communauté internationale, doivent investir davantage dans la réduction des risques de catastrophe. Le changement climatique continuant de s’accélérer, il est probable que cette tendance se poursuivra au-delà de 2015. Afin de limiter le réchauffement planétaire à 2°C, les pays riches doivent s’engager dès à présent à réduire les émissions de gaz à effet de serre Ils doivent également fournir une aide d’au moins 50 milliards de dollars par an afin d’aider les pays pauvres à s’adapter à un changement climatique inévitable. « Bien qu’on observe un accroissement constant des catastrophes liées au climat, ce sont toutefois la pauvreté et l’indifférence politique qui transforment une tempête en catastrophe » a déclaré Jeremy Hobbs. De plus en plus de personnes vivent désormais dans des bidonvilles construits sur des terres menacées par des catastrophes climatiques. Par exemple, plus de 50 pour cent des habitants de Mumbai vivent dans des bidonvilles construits sur des terrains gagnés sur les marécages. En 2005, une inondation importante dans la ville avait fait environ 900 victimes, la plupart ayant été tuées par des glissements de terrain ou l’effondrement d’immeubles. La faim augmente, à cause de la sécheresse, la densité de la population et la demande croissante en viande et en produits laitiers dans les économies émergentes. Les habitants sont chassés de leurs foyers – on estime en effet que près d’un milliard de personnes seront forcées de quitter leurs maisons d’ici 2050 en raison du changement climatique, de la dégradation environnementale et des conflits. Enfin, de plus en plus d’individus perdent leur emploi en raison de la crise économique mondiale. Cependant, en dépit de la pauvreté qui sévit dans leur pays, certains gouvernements, comme ceux de Cuba, du Mozambique et du Bangladesh ont massivement investi dans la protection de leurs populations contre les tempêtes. A la suite du méga cyclone qui a fait 250 000 victimes au Bangladesh en 1972, ce pays a investi d’importantes sommes dans des mesures de prévention et de protection. Les méga cyclones au Bangladesh font désormais quelques milliers de victimes, un bilan encore trop élevé, mais toutefois beaucoup moins dévastateur. L’expérience de Cuba, du Mozambique et du Bangladesh montre qu’avec une aide suffisante, même les pays les plus pauvres peuvent mieux protéger leurs citoyens. Oxfam note également qu’en dépit de la réduction du nombre total de conflits depuis quelques années, un certain nombre d’entre eux n’ont toujours pas été résolus. « Des générations entières d’individus ont déjà été déplacées trois, quatre ou cinq fois et ne connaissent rien d’autre que la violence armée et la migration forcée », a déclaré M. Hobbs. Selon les chiffres publiés par les Nations Unies, plus de 18 millions de personnes n’ont pas pu recevoir suffisamment d’aide humanitaire en raison des conflits en 2007. Face à l’accroissement de l’investissement nécessaire pour parer aux catastrophes climatiques, Oxfam modifie sa réponse aux situations d’urgence en aidant à réduire la vulnérabilité des populations pauvres face aux catastrophes. Elle demeure toutefois une agence de premier plan lorsqu’il s’agit de réagir aux crises humanitaires. « Le changement climatique menace déjà notre travail d’éradication de la pauvreté, secourir des millions de personnes devenant de plus en plus difficile. Nous devons aborder dès à présent la question du changement climatique. Les gouvernements doivent s’impliquer plus activement. Les nations doivent conclure un accord international afin d’éviter un changement climatique catastrophique, cesser d’accorder de l’aide de manière aléatoire et améliorer radicalement leur réponse aux catastrophes. »