Cette semaine, ne ratez pas l’exceptionnel documentaire de Pascal Catuogno diffusé sur Canal + sur les travailleurs pauvres, entre portraits et analyses. Avec ce doc qui donne la parole à de nombreux chercheurs, une réalité s’impose : le destin d’un travailleur pauvre aujourd’hui, c’est de devenir très pauvre. Le destin d’un travailleur très pauvre, c’est d’être un SDF. Interrogé par Politis (n°991), le réalisateur constate que face aux milieux populaires, « désormais, non seulement l’Etat ne joue plus son rôle protecteur, mais il institutionnalise ce glissement (le travail à temps partiel en est un exemple). La promesse républicaine est trahie et l’effectivité même de l’Etat est en cause ». A voir absolument.
Lundi 3 mars à 20h50 sur Canal + : Je travaille mais je suis pauvre
Documentaire inédit (2008) de Pascal Catuogno – Durée : 1h20 Il y a encore quelques années, ils appartenaient à la classe dite «moyenne». Mais une société de consommation plus agressive que jamais a fait chuter les plus fragiles. Comment et pourquoi la précarité a-t-elle gagné les personnes qui ont un travail ? Fondé sur l’enquête de Barbara Conforti, ce documentaire réalisé par Pascal Catuogno, grand reporter et journaliste d’investigation, se présente comme une radiographie d’un phénomène social alarmant. Plusieurs personnes, qui n’auraient jamais imaginé appartenir à la France d’en bas, racontent leur parcours et parlent de leur détresse. Le sociologue Philippe Guibert, qui parle de «descenseur social», dresse avec d’autres spécialistes et responsables associatifs, le profil de ces travailleurs pauvres. Pour Samuel Gontier (Télérama n°3033 – Semaine du 1er au 7 mars 2008), Je travaille mais je suis pauvre dresse le magistral et inquiétant portrait d’une société en voie de fragmentation. Avec l’aide d’économistes, de sociologues ou de politologues, il stigmatise les ravages de l’idéologie consumériste, les limites du « travailler plus pour gagner plus » ou du projet de Revenu de solidarité active, la responsabilité des gouvernements de droite comme de gauche dans l’organisation de la précarité, l’impunité des profiteurs du système.Mardi 4 mars à 20h50 : Au nom de la liberté
Un film de Phillip Noyce (Grande-Bretagne / Afrique du Sud / Etats-unis – 2006) – Avec Tim ROBBINS, Derek Luke, Bonnie Henna… Première diffusion – Durée : 102 mn Au début des années 80, alors que de très nombreux pays s’élèvent contre le régime d’apartheid qui règne encore en Afrique du Sud, Patrick Chamusso est contremaître à la raffinerie de pétrole de Secunda. Il occupe son temps libre en entraînant une équipe de football locale. Se conformant scrupuleusement aux limites imposées aux Noirs par le régime, Patrick ne fait pas de politique. De son côté, Nic Vos, un charismatique colonel dans la police chargée de la sécurité, s’évertue à maintenir un ordre de plus en plus menacé par les agissements de l’ANC. Quand la raffinerie est sabotée, Patrick devient le premier suspect de Vos… Philip Noyce est un orfèvre en matière de suspense. Des films comme CALME BLANC ou JEUX DE GUERRE ont fait sa célébrité. C’est donc assez logiquement, sous la forme d’un thriller politique, que le réalisateur australien a choisi de porter à l’écran l’histoire vraie de Patrick Chamusso, combattant de la branche armée de l’ANC, le MK, emprisonné dix ans à Roben Island, la prison où Mandela passa vingt-sept années. Après sa libération en 1991, Patrick Chamusso a eu de nombreux contacts avec la scénariste du film, la Sud-Africaine Shawn Slovo, qui a également écrit UN MONDE A PART, sur le même thème. Cette dernière est la fille de Joe Slovo, ancien chef du MK et membre du cabinet du premier gouvernement de Nelson Mandela après l’apartheid. Porté par l’opposition Derek Luke/Tim Robbins, le film montre comment Chamusso, père de famille tranquille et non politisé, finit par se rebeller et se tourner vers le terrorisme à force d’être soupçonné, harcelé, maltraité par la police. En racontant ainsi la révolte d’un homme ordinaire, le réalisateur dénonce indirectement les risques de l’attitude paranoïaque des Américains à l’égard du terrorisme.Mardi 4 mars à 21h00 sur Arte : Du côté des « anges »
Documentaire de Jean Robert Viallet et Mathieu Verboud (France, 2007, 53mn) D’Enron à Airbus en passant par Veolia, ces justiciers modernes ont choisi de révéler secrets frauduleux ou négligences graves, en interne ou au public, à leurs risques et périls. Dire la vérité a toujours un prix. Un prix pour qui l’entend, pour qui la dit et… pour qui la cache. Plus on gravit l’échelle du pouvoir, plus le prix du silence augmente. Un jour, quelqu’un décide qu’il ne peut plus se taire et sa vie bascule. Aux États-Unis, ce quelqu’un s’appelle un whistleblower, celui qui donne l’alerte. Mathieu Verboud est allé à la rencontre de justiciers modernes qui ont tout tenté pour prévenir leur hiérarchie des dysfonctionnements dont ils étaient témoins, avant de décider de passer à l’attaque. Avec plus ou moins de succès. Sherron Watkins est la plus célèbre des whistleblowers. Ancienne vice-présidente d’Enron, c’est elle qui, en 2001, a dénoncé les colossales manipulations comptables dont s’était rendue coupable la direction du géant de l’énergie : « 50 % des revenus avant impôts étaient bidons ! Chez Enron et Arthur Andersen, son cabinet d’audit, des centaines de personnes savaient. Personne n’a donné l’alerte… » Ancien cadre chez Veolia (trente ans de maison dont quatorze au placard), Jean-Luc Touly dénonce les dérives du système de gestion de l’eau en France : « 80 % du marché est contrôlé par le privé ; c’est un monde opaque. Les compagnies des eaux dictent leur loi aux collectivités locales et imposent des prix totalement injustifiés. » Depuis son licenciement, il multiplie les réunions publiques et conseille les municipalités qui souhaitent réclamer aux compagnies des eaux le remboursement du « trop-perçu ». Christopher Steele et Glenn Walp étaient respectivement responsable de la sécurité nucléaire et shérif du site de Los Alamos, au Nouveau-Mexique. Le premier a dénoncé les dangers que la décharge de la base faisait courir à la population ; le second a révélé que trois millions de dollars de matériel avaient été volés sans que personne proteste. Une intégrité pas vraiment récompensée par leur hiérarchie : Glenn Walp a été remercié et Christopher Steele s’attend à être licencié à tout moment. Joseph Mangan, lui, a failli tout perdre. En 2002, cet Américain intègre une société autrichienne sous-traitante d’Airbus et devient responsable des tests de sécurité sur l’A380. Très vite, il se rend compte que le système de pressurisation de la cabine n’a jamais été testé. Il alerte sa hiérarchie, mais aussi EADS et l’Agence européenne de sécurité aérienne. En vain : « S’il y a une faute, si un tort est causé, l’instinct naturel de l’être humain est de cacher, de mentir… » Licencié, ruiné, réduit à la soupe populaire, Joseph Mangan a finalement vu ses efforts récompensés en 2006, EADS admettant enfin qu’il lui fallait tester son système de pressurisation.Mardi 4 mars à 22h00 sur Arte : Une entreprise comme il faut
Documentaire français (2004) de Thomas Balmes – Durée : 55 mn Nokia cherche à devenir une entreprise « éthiquement » correcte, même dans ses usines chinoises. Mais que se passe-t-il quand un cadre rend compte de dysfonctionnements ? Faire des bénéfices ou rester moral ? La question est d’autant plus critique pour une société comme Nokia lorsqu’elle déplace sa production en Chine, là où la main-d’oeuvre est bon marché, et le droit du travail réduit à sa plus simple expression. En 2004, face à la pression des fonds d’investissement éthique qui réclament la preuve que les sous-traitants de Nokia respectent un minimum de règles, la société finlandaise décide de se doter d’une « directrice de l’éthique ». À peine nommée, Hanna Kaskinen est chargée d’aller faire un contrôle chez deux fournisseurs en Chine. L’usine chinoise va surprendre : exploitation des ouvrières, hygiène déplorable, abus de pouvoir, logements insalubres, discipline carcérale… Mais ce qui fait l’intérêt du film n’est pas tant la liste de ces manquements que le jeu du chat et de la souris auquel se livrent les représentantes de Nokia et les cadres locaux (l’usine appartient à un groupe allemand). Si, en l’occurrence, les deux femmes sont les plus fortes, la société Nokia a-t-elle réellement les moyens (et la volonté) d’imposer au sous-traitant de nouvelles règles ?Jeudi 6 mars à 20h50 sur France 2 : Envoyé spécial
Magazine de reportages – Durée : 125 mn Au sommaire: «Enquête sur la route du coton». Pour se désolidariser du scandale des «sweatshops», ces ateliers de confection délocalisés dans le Sud-Est asiatique qui exploitent leurs ouvriers dans des conditions proches de l’esclavage, de grandes marques de l’habillement ont signé des chartes éthiques. – «L’école du paysage». Ils ont autour de 25 ans et ont choisi de devenir paysagistes, c’est-à-dire d’aménager des espaces extérieurs. En dernière année, ils travaillent à plein temps sur des projets concrets. – «Emilie, fille d’Amazonie». En Amazonie, Emilie Barrucand, une ethnologue française de 28 ans, lutte aux côtés des Indiens Kayapos pour préserver leur terre et leur culture.